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Les chiffres record de l'abstention et le mouvement des gilets jaunes témoignent d'un fossé toujours plus profond entre l'élite et le peuple, les gouvernants et les gouvernés. Qu'elle soit ou non légitime, cette crise de confiance peut ruiner la démocratie. Comment rétablir le lien entre les électeurs et les élus étant entendu que la démocratie directe, sans délégation de pouvoir, serait vouée à un échec dramatique.
Avocat, familier des procès d'Assises, Paul Le Fèvre s'inspire de son expérience des jurys populaires. Instauré en 1791, le jury est choisi par tirage au sort suivant des procédures très strictes. Il a rempli très honorablement son office depuis plus de deux siècles : pacifier les rapports sociaux ou, au moins, canaliser leurs débordements. Ses décisions peuvent être imparfaites mais aucune décision judiciaire ne l'est, y compris celles rendues exclusivement par des magistrats.
Pourquoi ne pas étendre le tirage au sort à la vie politique ?
Selon Paul Le Fèvre, l'expérience des jurys populaires réfute les objections selon lesquelles les « gens » ne sauraient appréhender un domaine complexe qu'ils ne maîtrisent pas. Le fonctionnement des jurys montre aussi qu'il n'y nulle propension de ces mêmes « gens » à céder aux excès ou aux illusions de l'émotion populaire.
L'introduction du tirage au sort comme mode de désignation des représentants du peuple aux côtés (et non à la place) du mode classique de l'élection contribuera à réconcilier deux mondes qui se servent depuis trop longtemps de boucs émissaires réciproques. Elus et gens ordinaires seront désormais tous à bord du même bateau et responsables ensemble de son cap.
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