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La décennie rouge

Couverture du livre « La décennie rouge » de Michel Deutsch aux éditions Christian Bourgois
Résumé:

Du milieu des années soixante à la fin des années soixante-dix il s'est développé dans la jeunesse des métropoles Occidentale un vaste mouvement de contestation de la société libérale. L'intelligence était critique et la jeunesse luttait pour une autre société, une société plus égalitaire, plus... Voir plus

Du milieu des années soixante à la fin des années soixante-dix il s'est développé dans la jeunesse des métropoles Occidentale un vaste mouvement de contestation de la société libérale. L'intelligence était critique et la jeunesse luttait pour une autre société, une société plus égalitaire, plus libre, plus autonome. Ses rêves passaient par le « désir » de révolution. On date la naissance de la RAF (Rote Arme Fraktion), plus connue sous le nom de Groupe Baader-Meinhof ou Bande à Baader, du 1 mai 1970. Après le reflux de la révolte étudiante. Andreas Baader et Gudrun Ensslin sont jeunes et beaux. Ils aiment les grosses cylindrées, les armes à feu et ils s'aiment. Ils ressemblent aux acteurs des films de la Nouvelle Vague. Mais le film qu'ils se jouent va virer à la Série Noire, au polar en noir et rouge sang. Hansel (Baader) et Gretel
(Ensslin) jouent à Bonnie & Clyde. Ulrike Meinhof, la journaliste star passée dans la clandestinité, est sainte Thérèse. L'Allemagne de l'Ouest, la République de Bonn, grâce au « miracle économique» était devenue la
première Puissance d'Europe. « Un nain politique, un géant économique ». Nombreux étaient ceux qui décrivaient la trop prospère République fédérale comme un protectorat américain. Le mouvement d'opposition extraparlementaire considère le terrorisme et la guérilla urbaine comme
un moyen de défense contre « la tyrannie de la consommation ». Baader, Ensslin, Meinhof et leurs camarades décident d'engager la lutte contre l'impérialisme américain et contre les structures autoritaires du capitalisme. Ils veulent instruire le procès des pères accusés d'être, sans exception,
d'anciens nazis. Ils se heurtent de front à l'Etat, ne reculant ni devant les attentats ni devant les assassinats ou les enlèvements, au nom d'une lutte sans merci contre le capitalisme, d'un combat que la gauche sociale-démocrate (SPD) a renoncer à mener. La RAF attaque l'impérialisme au coeur
même de ses métropoles. Elle affirme que ce n'est plus le prolétariat allemand embourgeoisé mais elle, désormais, qui est le sujet révolutionnaire.
Il serait faux de juger aujourd'hui les actions de la RAF à la lumière du 11 septembre 2001. Il serait absurde d'établir un parallèle entre les actions terroristes du Groupe Baader-Meinhof, qui se battait au nom de la « libération des opprimés » et, par exemple, le terrorisme islamiste. Une
violence se réclamant des Lumières ne doit pas être comparée simplement à l'entreprise obscurantiste des Contre- Lumières. Et si on a bien à faire à fanatisme idéologique, il serait toutefois erroné de le rabattre sur le fanatisme religieux des intégristes. L'image qu'on a aujourd'hui des années 1968, de la « décennie rouge », de la révolte de la jeunesse occidentale contre la société des pères et contre la guerre du Viêt-nam, provient pour une part de la police et des médias. La police a dépolitisé la RAF pour la criminaliser.
Il ne s'agit pas pour autant d'idéaliser à posteriori, ou de légitimer le groupe Baader-Meinhof. Celui-ci d'ailleurs est devenu objet d'exposition et de mode, au sens propre. Tel couturier italien n'hésitant pas à lancer une collection de mode RAF ! Pour la BBC, la RAF était la réponse allemande aux Rolling Stones. Ce qui est assez bien vu. Ironie de l'Histoire, la RAF est rapatriée dans le Musée de l'Histoire Allemande.
Reste qu'en racontant l'histoire du Groupe Baader-Meinhof on ne peut pas faire l'économie de ses victimes.

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