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La couleur est un trompe-l'oeil

Couverture du livre « La couleur est un trompe-l'oeil » de G Mace aux éditions Le Temps Qu'il Fait
Résumé:

J'ai réellement vu les images que je propose ici. Elles étaient toutes prêtes, il suffisait de les cueillir. Je veux dire par là qu'elles ne sont jamais le résultat de collages, de superpositions, encore moins d'un travail à l'ordinateur. On s'en passe d'ailleurs fort bien, car la réalité est... Voir plus

J'ai réellement vu les images que je propose ici. Elles étaient toutes prêtes, il suffisait de les cueillir. Je veux dire par là qu'elles ne sont jamais le résultat de collages, de superpositions, encore moins d'un travail à l'ordinateur. On s'en passe d'ailleurs fort bien, car la réalité est généreuse, et se prête souvent à la transformation d'une vue en image, pourvu que l'esprit soit préparé.

J'ai donc réellement vu dans l'entrée d'un hôtel, au lieu d'une fenêtre donnant sur la mer, une porte dérobée que soulevait une vague peinte. Ce n'est pas moi qui ai plongé Madame Récamier au fond d'un aquarium, dans un restaurant populaire au nord du Viet-Nam. J'ai vraiment vu un paysage impressionniste sur une tôle ondulée, en plein coeur d'Addis-Abeba, et un peu partout des peintures de rue, que des artistes anonymes acceptaient de livrer aux intempéries et aux déprédations. C'était aussi le sort de fresques à peu près ignorées, dans le palais royal de Pnom Penh, des peintures magiques faiblement protégées par un auvent, sous lequel on entassait des étendards aussi bien que des sacs de plâtre. Les fêtes et les travaux laissent des traces, la violence aussi, qui voulait faire le vide autour d'elle dans le camp S21 : une curieuse chasse à l'enfant témoigne encore de la folie criminelle des sbires de Pol Pot.

La fantaisie de la mode, la variété des parures m'ont souvent réjoui, même dans le métro dont il est convenu de déplorer la tristesse. Comme tout le monde j'ai vu la nature imiter l'art, au Japon ou ailleurs, et j'ai cru reconnaître des images de rêve à la surface de l'eau, qui trouble la vue en donnant le vertige.

Le réel étant inséparable de ses représentations, j'ai joué avec les changements d'échelle et la couleur, non pas parce qu'elle serait plus réaliste, mais parce que sa perception étant arbitraire, elle accentue à sa façon cette fausse ressemblance, ce décor en trompe-l'oeil dans lequel nous faisons de la figuration, intelligente les jours fastes.

Gérard Macé

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