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La costumière

Couverture du livre « La costumière » de Patrick Mcgrath aux éditions Actes Sud
  • Date de parution :
  • Editeur : Actes Sud
  • EAN : 9782330148768
  • Série : (-)
  • Support : Papier
Résumé:

Janvier 1947. Londres est en ruines, il n'y a rien à manger, et c'est l'hiver le plus froid qu'on ait connu de mémoire d'homme. Pour ne rien arranger, Charlie Grice, immense acteur de théâtre, vient de mourir brutalement, en pleines représentations de «La Nuit des rois». Accablée de chagrin, sa... Voir plus

Janvier 1947. Londres est en ruines, il n'y a rien à manger, et c'est l'hiver le plus froid qu'on ait connu de mémoire d'homme. Pour ne rien arranger, Charlie Grice, immense acteur de théâtre, vient de mourir brutalement, en pleines représentations de «La Nuit des rois». Accablée de chagrin, sa veuve, Joan, costumière-en-chef, tombe passionnément amoureuse de sa doublure dans la pièce, persuadée que ce nouveau Malvolio abrite l'âme de son époux. Jusqu'au soir où elle découvre le terrifiant secret de Gricey. Projetée dans un nouvel univers de ténèbres, Joan comprend que le fascisme peut bien se cacher, il ne meurt jamais. Un roman parfaitement envoûtant, d'une élégance d'écriture rare.

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Avis (1)

  • Qui dira le bonheur de compter parmi ses meilleures amies une libraire à la curiosité affutée, suffisamment bonne pour vous faire découvrir une pépite so british à l’occasion de votre anniversaire… ? Pépite ou boule de poil à gratter, d’ailleurs, car sous la couverture où le charme désuet le...
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    Qui dira le bonheur de compter parmi ses meilleures amies une libraire à la curiosité affutée, suffisamment bonne pour vous faire découvrir une pépite so british à l’occasion de votre anniversaire… ? Pépite ou boule de poil à gratter, d’ailleurs, car sous la couverture où le charme désuet le dispute à l’élégance, se cache un roman à la personnalité un peu abrupte qui ne saurait s’assimiler à une lecture d’été plan-plan…et l’on ne pouvait mieux la choisir pour illustrer cette histoire où tant d’apparences sont trompeuses !
    Car on pourrait croire, en effet, au ton faussement primesautier sur lequel l’auteur nous accueille par cette scène d’obsèques sur fond d’hiver glacial, à Londres, en janvier 1947, que l’on aura affaire à l’un de ces bons vieux romans anglais fleurant le brandy et le tabac à pipe, or il n’en est rien. Écrit à la manière d’une œuvre shakespearienne, chœur compris, comme on le découvrira au fil de la narration, La costumière va peu à peu mettre à jour les dessous peu reluisants d’un microcosme qui semble, à lui seul, refléter les travers d’un monde en ruine à la sortie de la guerre. Charles Grices, « ce bon vieux Gricey », est mort. Comédien roublard et enjoué, il laisse derrière lui Joan et Vera, veuve et fille éplorées, une troupe de théâtre médusée et une doublure plutôt gâtée de pouvoir, conséquemment, prouver l’ampleur de son talent…à la scène comme à la ville ! Cette troublante ressemblance, associée à la douleur de la perte d’un être qu’elle croyait connaître jusqu’au moindre défaut, aura bientôt raison du bel équilibre mental de Joan. De surprises en découvertes, elle glissera imperceptiblement de l’improbable à l’insoutenable, de l’invisible à l’invivable.
    Usant avec subtilité de toutes les ficelles que le monde du théâtre lui offre sur un plateau, McGrath décline à l’envi, sans jamais lasser cependant, la thématique de la doublure, de la duplicité, de la dissimulation, créant des échos entre ses personnages et ceux des grands textes du répertoire britannique, d’une période de l’Histoire à une autre. Se saisissant des codes du théâtre classique, il les distord à outrance pour mieux servir sa narration et le fil de sa pensée. Ainsi crée-t-il un vaudeville pathétique où la place du placard est farouchement tenue, non par l’amant, mais par le mari…ou, du moins, ce qu’il reste de son esprit frappeur ! Ainsi verra-ton sur le devant de la scène les personnages de seconde zone peu enclins à prendre la lumière, costumière ou doublure, cachant, sous un sourire énigmatique ou des costumes retaillés, des dents gâtées et la pauvreté d’une existence. Balayant avec lucidité et amertume devant la porte des héros, il ramène chacun aux ombres de sa nuit et pointe du doigt un roi laid et nu, déshabillé par sa costumière.

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