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Journal des africanistes, tome 91, n°2/2021

Couverture du livre « Journal des africanistes, tome 91, n°2/2021 » de Auteurs Divers aux éditions Societe Des Africanistes
Résumé:

Les ovales gravés dans l'Adrar des Iforas (Mali) et leurs homologues sahariens.

Sur la piste des génies de la protohistoire africaine (Christian Dupuy)Étude contextuelle de cinquante-neuf gravures rupestres de forme grossièrement ovalaire, relevées en situation au nord-ouest de l'Adrar des... Voir plus

Les ovales gravés dans l'Adrar des Iforas (Mali) et leurs homologues sahariens.

Sur la piste des génies de la protohistoire africaine (Christian Dupuy)Étude contextuelle de cinquante-neuf gravures rupestres de forme grossièrement ovalaire, relevées en situation au nord-ouest de l'Adrar des Iforas. Près de quatre cents motifs comparables sont connus dans la bande saharienne allant de la frontière nigéro-tchadienne à la façade atlantique. Une figurine en terre cuite du bas Tilemsi et douze statuettes en pierre du Sahara algérien méridional peuvent être rapprochées de ces gravures sur des critères morphologiques et stylistiques. Les contextes iconographiques et archéologiques de ces productions permettent de situer leur réalisation entre la fin du Ve millénaire et le milieu du IIe millénaire BCE. L'aridité alors s'accroissait. L'élevage était connu, et du mil cultivé dans le Sahara malien. L'économie agro-pastorale fit basculer l'Ouest africain dans la protohistoire. L'exposition quasi systématique des ovales face au ciel, leur caractère chimérique, leurs intrications avec des figures animalières et humaines, les parallèles qui s'établissent entre l'iconographie à laquelle ils participent et des données tirées de l'ethnographie ouest-africaine, tous ces éléments conduisent à y voir des représentations de génies, peut-être en relation avec la pluie.

Des pierres de pluie au Néolithique moyen en Haute-Nubie (Soudan)?

Un dépôt funéraire du Ve millénaire BCE à la lumière de l'ethnographie (Olivier Langlois)Un étrange dépôt lithique découvert dans une tombe du cimetière Kadruka 1 (KDK1), voisine de la célèbre tombe 131, dite «du chef», laisse envisager que certaines populations néolithiques nubiennes aient utilisé des pierres de pluie. Or, au regard, d'une part, de la place occupée par les «faiseurs de pluie» dans la théorie frazérienne, d'autre part, de la localisation de Kadruka au coeur de ce qui deviendra, près de deux millénaires plus tard, le royaume de Kerma, une présence de pierres de pluie dans ce contexte particulier serait riche d'enseignement sur le processus de construction du pouvoir politique dans cette partie de l'Afrique. Mais dans quelle mesure peut-on croire que cet assortiment de pierres a véritablement été utilisé dans le cadre d'un rituel de pluie? Pour tenter de répondre à cette question, nous convoquerons la littérature ethnographique, à partir de laquelle nous chercherons à établir des récurrences concernant tout à la fois les pierres de pluie et les rites et croyances qui s'y rapportent. Nous verrons que ces récurrences s'expliquent largement par les lois de la magie sympathique qui, étant universelles, nous permettront de traiter la question posée, sans toutefois y apporter une réponse claire. Au-delà de cette question particulière, l'étude montrera qu'en se fondant sur ces lois universelles, donc transculturelles, on peut utiliser les données ethnographiques pour tenter de pénétrer les systèmes de pensée de sociétés disparues depuis des millénaires.Le sacrifice du Christ. Révélation et rédemption au Cameroun (1843-1844) (Frank Beuvier)En 1841, le voyage dans la baie de Biafra entrepris par des missionnaires baptistes venus de la Jamaïque augure l'oeuvre d'évangélisation sur l'île de Fernando Po et sur les côtes du Cameroun. Pendant près de cinquante ans, la Baptist Missionary Society de Londres y dépêchera prédicateurs et enseignants. Bien que les détails de l'épopée soient aujourd'hui connus, des zones d'ombre entourent encore les débuts de l'apostolat: les idéaux portés par les prêcheurs, le regard posé sur les populations, de même que l'accueil sur place des thèses apologétiques. En s'appuyant sur la correspondance baptiste, la présente étude tente de décrire la posture missionnaire et de préciser l'impact de la doctrine chrétienne dans les premiers temps de la cohabitation. Condamnations et vérités assénées au quotidien amènent à considérer deux effets à long terme de la réception de l'Évangile: l'acte de pénitence attendu, dont la portée se répercutera sur la manière de concevoir les notions de mal et de malédiction; le champ sémantique associé à Jésus-Christ, qui élargit l'éventail des significations attribuées au sacrifice humain. Dans ce jeu de miroirs, les images associées à l'enfer et au corps du Christ hanteront bientôt le monde mouvant de la sorcellerie.

L'extension du domaine de la responsabilité. Crime et prix du sang au Soudan (Yazid Ben Houet)La pratique du prix du sang - compensation pour homicide et/ou atteinte à l'intégrité physique - a existé dans de nombreuses sociétés humaines, qu'elles soient musulmanes ou non, et persiste aujourd'hui. Dans cet article, je propose une lecture critique de la façon dont le sujet a été abordé par les anthropologues ainsi que par les administrateurs, à partir du cas soudanais. Pendant la période coloniale, ces derniers ont tenté de codifier et de réifier cette pratique qui s'inscrivait dans une économie générale et dynamique des relations entre groupes sociaux. Je décris les implications de cette codification, pendant la période coloniale et par la suite, s'agissant de la question de l'imputabilité. L'articulation entre responsabilité individuelle et collective ne va pas de soi et fait l'objet de complexification, en raison des hiatus entre les normes (en particulier juridiques) et les pratiques.

Notes et Documents

Deux récits historiques contradictoires d'une «rencontre coloniale» avortée: Nana Akua Amponsah (2011), Anne Hugon (2020) (Christiane Owusu-Sarpong)Deux historiennes de l'Afrique se penchent sur un même pan de l'histoire coloniale de la Gold Coast (1910/1920-1950) concernant particulièrement les mères de la colonie britannique, au centre d'un «projet» ou d'une «intervention» destinée à réformer la maternité (au sens privé, culturel et institutionnel), la Ghanéenne Nana Akua Amponsah, doctorante en Black Studies aux États-Unis, et l'universitaire parisienne, Anne Hugon. La lecture que font les deux historiennes des archives coloniales de l'époque les conduit à évaluer différemment la «situation coloniale» représentée et, en particulier, l'agentivité des femmes mises à l'épreuve. Amponsah dirige son regard essentiellement vers les femmes colonisées d'un monde en rupture avec son passé, Hugon évoque plutôt une «rencontre» dans une sorte de «continuité» historique.

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