Le Journal de ma vie de Jacques-Louis Ménétra est un rêve d´historien devenu réalité. Il correspond parfaitement à l´image que l´on se fait habituellement de la démographie sous l´Ancien Régime (Ménétra se marie à vingt-sept ans, devient père de quatre enfants dont deux meurent en bas âge) et coïncide également avec la représentation familière du sans-culotte (Ménétra travaille de ses mains mais, en tant qu´artisan indépendant, gagne suffisamment bien ça vie pour entretenir sa famille). Mieux encore, cette histoire nous est rapportée dans les propres termes de Ménétra. Le Journal décrit la manière dont celui-ci perçoit son enfance à Paris, où il naît en 1735;
Son périple de compagnon du tour de France dans les ateliers de province ; son installation, en tant que maître, à Paris, où il ouvre son propre atelier et fonde une famille; et sa vie de militant dans sa section locale pendant les événements de la Révolution française. [...]Parce que cet art de vivre se transmettait, sur la route et dans les tavernes, par des hommes qui n´étaient pas des écrivains, les historiens ont eu du mal à en retrouver la trace. En général, ils reconstruisent le passé à partir des documents dénichés dans les bibliothèques.
De professeur en professeur, et d´ouvrage en ouvrage, un schéma commun émerge. Ce processus est probablement sain, et de toute manière, il est inévitable. Parfois, cependant, il retire toute vie à l´histoire. Grâce à Daniel Roche, nous avons accès à une nouvelle vie, une vie authentique et pourtant tellement étrange qu´elle met en question notre compréhension de ce que signifiait être un homme, il y a deux siècles.
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