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« Des livres, des plaquettes, combien en-a-t-il publié, cent cinquante ? Deux cents ? Sur la quantité, certains pour gagner sa vie, la plupart pour ne pas la perdre, parce que la Poésie fait partie des Moyens d'existence, titre d'un livre résumant quarante années d'oeuvre poétique (1934-1974) publié en 1976. Il fit partie, certes, des « écoliers » de Rochefort, mais aussi de groupes autres, de revues qui appartiennent à l'histoire poétique contemporaine. S'il est proche à bien des égards de Cadou, Manoll ou Bérimont, son oeuvre a plus de diversité et plus d'ampleur que celles de ses amis ; il y manifeste plus de vigueur et de virilité, le sens d'un renouvellement en accord avec l'évolution de son art ; et cette oeuvre est, en même temps que d'un poète, d'un romancier, d'un historien et d'un critique, le plus lucide que nous connaissions ; enfin, il est capable de se remettre en cause, d'être son propre critique. Comment évoquer en quelques pages cette longue aventure ? » Le poète qu'évoque Robert Sabatier, n'est autre que Jean Rousselot, qui aurait eu cent ans le 27 octobre 2013. C'est à cette occasion que paraît l'essai de Christophe Dauphin.
L'oeuvre de Jean Rousselot s'étend sur près de soixante-dix ans, avec plus de cent volumes à son actif, soit, pour être précis, cent trente-sept. Elle est « imagée, rude, virile, parsemée de mots du jour et de formules familières comme pour ne pas trahir un vécu difficile et combatif », comme l'a écrit Jean Breton. Traversant l'Histoire, et pas seulement celle de la poésie contemporaine, à travers Jean Rousselot, cet essai nous dit ce qu'est et ce que doit être un poète, car, comme l'a écrit Eugène Guillevic, nous sommes de ceux qui croient qu'il y a des poètes, nés pour être poètes, et que ces derniers ont su le devenir. Nul doute que Jean Rousselot est de ceux-là, poursuit Guillevic, car : " Ce qu'il écrit coule de la source poésie. De sa source, car aucune autre ne ressemble à la sienne. Il est de ceux qui incantent le quotidien. Cela doit venir de ce qu'il n'est jamais seul, mais toujours en contact avec les autres, avec le meilleur des autres. La bonté ne se cache pas. Surtout dans le poème. Même et surtout pas dans le plus lucide, dans le plus aigu." Jean Rousselot, comme l'a écrit Georges Mounin : « on ne se demande même pas si c'est un grand poète. Mais c'est un poète, et c'est quelqu'un. »
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