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Ce titre aimable provient du rêve d'une patiente de l'auteur et a pour objet la psychanalyse :
C'est elle, la psychanalyse, qui sera peu à peu désossée, avec soin et amitié, et ses disjecta membra, la chair de ses mots, inspectés sous un jour inédit. Inédit car le tout prend la forme d'un carnet de bord, ou d'un journal de voyage. On voyage entre des conceptions psychanalytiques rigoureuses et la forme, affairée ou rêveuse, de voyages, les uns tout à fait concrets, d'autres sur place.
Tout voyage actualise une quête intérieure, un désir d'excursion en soi-même qu'aucune découverte ne peut véritablement combler ni arrêter. Le grand voyageur que fut Nicolas Bouvier (1929-1998) parle, dans son livre intitulé L'Usage du monde, de l'espèce d'« insuffisance centrale de l'âme » qu'il faut bien apprendre à côtoyer et à combattre, et qui est paradoxalement le moteur le plus sûr des deux sortes de voyages, celui que l'on fait au dehors et ceux de l'aventure intérieure.
« Sur la notation de Bouvier, écrit Patrick Merot, il serait juste de porter un regard d'analyste.
Sans doute est-ce un sentiment qu'un voyageur ressent plus que tout autre, engagé qu'il est dans la recherche de l'objet. Mais n'est-ce pas le fait de tous les voyageurs que sont les êtres humains, et «cette espèce d'insuffisance centrale de l'âme», n'est-ce pas elle qui nourrit le désir et l'attente ? ».
C'est assez naturellement que le paradigme d'un voyage concret - géographique, ethnographique parfois, avec récits, carnets réellement tenus, lectures variées - devient exploration du psychisme, par fragments, en intégrant les éléments d'une recherche clinique particulièrement attentive. « La Viande et le Verbe auraient dû vivre dans deux mondes séparés, écrit Valère Novarina. Mais quelque chose est survenu qui a divisé la chair en deux, et qui nous a plongé dans l'état sexué, qui est un état de séparation. » - deux mondes que le psychanalyste rapproche dans un livre étonné et délicat, extraordinairement civilisé et où, par moments, un personnage lunaire, appelé Blaise sans doute en hommage à Cendrars et à la Prose du transsibérien, prend comme un passager clandestin le relais de l'auteur.
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