"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Ludlow Washington est né différent, aveugle. Abandonné à cinq ans aux mauvais traitements d'une institution, il endure les brimades jusqu'à ce que ses prodigieux talents de musicien lui offrent un ticket d'entrée dans le monde. Un monde auquel il n'est pas préparé, et où il doit apprendre la vie à tâtons. Il devient dès lors la propriété de Bud Rodney, le chef d'un orchestre qui se produit au Café Boone, à New Marsails, une petite ville du Sud.
Bientôt lassé par le répertoire limité et suranné de Rodney, Luddy emboîte le pas aux pionniers du Jazz et part à la conquête de la scène new-yorkaise, où il invente un nouveau son et devient vite une icône de l'avant-garde de Harlem. Mais la musique ne suffit plus à adoucir ses démons intimes. Désorienté par la mémoire de son enfance volée, meurtri par les trahisons amoureuses, Ludlow est hanté au point de vaciller.
Ludlow Washington, abandonné enfant dans un institut pour aveugles, devient musicien dans un orchestre. Entre jazz et vie amoureuse, le jeune homme trace son chemin au coeur d’une Amérique en proie à la ségrégation raciale.
Ce livre est un classique de la littérature afro-américaine contemporaine, pourtant je n’en avais jamais entendu parler avant de le voir au catalogue de NetGalley… Quel dommage de l’avoir découvert seulement maintenant!
Ce qui m’a d’abord attirée dans ce roman, c’est qu’on allait parler musique, sujet que je trouve passionnant, mais qui est rarement traité de façon convaincante en littérature à mon avis. De ce point de vue, j’ai un un peu déçue, car j’ai trouvé que cet aspect restait assez en retrait, au profit de la vie amoureuse du personnage principal. Ce qui m’amène à un autre point négatif: Ludlow m’a perdue en route, lorsqu’il lui vient le fantasme d’éveiller le désir d’une femme en la frappant…
Heureusement il y avait également des points positifs dans cette lecture. Ce qui concerne la musique, même si le sujet n’était pas assez présent pour mon goût, est très intéressant. J’avoue être assez ignare concernant le jazz, ce que j’ai appris avec ce livre était passionnant. D’autre part, l’aspect historique, même s’il est abordé seulement à travers le quotidien du personnage, détermine l’ambiance. Ludlow étant aveugle, les questions qu’il se pose sur les problèmes raciaux et la ségrégation prennent une forme originale. Au fil du temps, il évolue dans son rapport aux autres et dans sa perception de ces questions.
Une lecture très intéressante malgré ses défauts, je regrette malgré tout qu’on ne s’attarde pas davantage sur ce qui tourne autour de la musique.
Très récemment le post de @lesopuscules à titillé mon attention avec ce roman. Aussitôt je me suis renseignée à la médiathèque proche de chez moi. Bingo ! Il était disponible. Je me suis donc précipitée pour l'avoir entre mes mains et me plonger dedans aussitôt.
Ludlow, un petit garçon aveugle de 5 ans, est vendu par son père à une institution spécialisée. C'est là qu'il a appris la musique. De toute façon il n'avait pas le choix, c'était ça ou faire la manche. Et puis il a été à nouveau vendu à un orchestre.
La musique, il est doué pour la musique et c'est ce qui le sauve. Mais la musique ne peut pas tout contre les blessures infligées par la société et par son enfance meurtrie.
C'est le portrait d'un homme blessé que dresse William Melvin Kelley. On regarde grandir ce petit garçon, se construire, évoluer. La vie est rude, la chance lui sourit en musique, mais l'oubli en amour. Ses démons le rattrapent.
Le roman est découpé en six parties. Chacune d'elle débute par un résumé sous forme d'extrait d'interview de quelques lignes de Ludlow. Je trouve ces résumés aussi important que le texte lui même. Ils permettent une certaine fluidité dans le texte.
D'ou mon bémol, ce récit est court, trop court peut-être et donc pas assez approndie, à mon goût, sur des sujets important comme la ségrégation, la musique, le jazz, l'orphelinat. J'ai eu l'impression de tout survoler. J'aurai aimé plus, beaucoup plus.
Il m'a manqué un petit quelque chose pour être totalement conquise par ce roman. J'avoue être restée sur ma faim même si j'en ai beaucoup apprécié la lecture.
"Lui qui avait cru jusque-là que la musique ne le mènerait nulle part, il découvrait qu'elle pouvait lui ouvrir toutes les portes du monde."
COUP DE COEUR
Ludlow Washington est abandonné à 5 ans par ses parents dans une institution pour aveugle. Il y apprend la musique et se révèle extrêmement doué pour cela. Cela lui permet de quitter plus tôt les brimades et le huis-clos du lieu pour intégrer un orchestre. Une nouvelle vie commence pour lui, une vie à laquelle il n'est pas préparé. L'amitié de Hardie, un autre membre, lui est d'une aide précieuse. Progressivement, il devient autonome et prend son envol sur les scènes de Jazz New-yorkaise. Il fait partie de l'avant-garde de Harlem. Malheureusement il est hanté par son enfance volée et ses déboires amoureux. Un homme blessé par son douloureux passé, qui s'accroche à sa musique comme une bouée de sauvetage, gardant l'espoir de rencontrer un jour une femme aimante, malgré ses nombreuses déceptions. Souvent touchant, parfois détestable, l'histoire de cet homme ne peut laisser indifférent face à cette vie tourmentée et cette double injustice à gérer due à son handicap et sa couleur de peau. Une histoire bouleversante portée par une plume élégante, sans pathos, sans longueur allant à l'essentiel tout en nous offrant un récit intense que l'on quitte les larmes aux yeux, le jazz à l’âme.
Un excellent moment de lecture, un récit poignant que je vous recommande bien évidemment.
Roman paru en 1965 et édité pour cette rentrée par Delcourt ]
À l'âge de cinq ans, un garçon afro-américain aveugle est abandonné par son père dans une institution pour non-voyants. Ludlow Washington y souffrira pendant onze ans, jusqu'à ce que ses dons musicaux lui offrent un billet de retour dans le monde. Il débute dans un orchestre d’une ville du Sud. Il découvre la vie, il découvre les femmes, il découvre que blancs et noirs ne sont pas égaux. Son avant-gardisme musical le mène à New York jusqu’au sommet de la scène jazz - où ses démons personnels menacent de le ramener vers le bas.
Ludlow Washington est un homme doué mais endommagé, un homme totalement mis à part de la société - par la cécité, par sa couleur de peau, par le talent - qui doit lutter contre l'adversité et l'ambition pour parvenir à l'acceptation et l'estime de soi qui lui ont toujours échappé. L’auteur explore le racisme et les turpitudes des hommes à travers les yeux d'un aveugle et c’est une idée totalement géniale. Il nous montre l’Amérique ségrégationniste non pas à travers les yeux de la société blanche ou de la société noire mais comme la perçoit celui qui ne voit pas de différence.
Dans le contexte de la scène jazz américaine, la syncope et l'improvisation de la musique servent de métaphore à la vie de ce musicien.
J'ai vraiment apprécié ce roman que je qualifierai de brut.
L’histoire est structurellement simple, racontée chronologiquement, sans fioritures, sans effet de manches, presque dans une économie de moyen et pourtant avec beaucoup de classe. William Melvin Kelley pose le bon mot ou bon moment. Aucun pathos non plus, pas d’émotion à outrance. On ne s’attache pas particulièrement au personnage (manipulateur, égoïste ) et pourtant c’est une histoire très humaine qui résonne à de nombreux niveaux. Trompeusement facile à lire.
Une lecture que je dois au Picabo River book club. Merci à Léa et aux éditions Delcourt.
Traduit par Éric Moreau
Jazz à l'âme n'est pas une nouveauté. Les Éditions Delcourt ont eu la très bonne idée de nous proposer, pour cette rentrée littéraire 2020, une traduction du roman de William Melvin Kelley paru en 1965 et dont l'action se déroule en majorité dans les années 1930/1940. C'est un récit sensible qui m'a passionné et qui colle malheureusemen, bien à l'actualité.
Le jazz et la musique sont toujours en arrière-fond de ce roman mais, pour moi, le sujet principal est la ségrégation raciale qui gangrène une société américaine peu éduquée. Le personnage de Ludlow, abandonné à 5 ans dans un institut pour aveugle puis vendu à un orchestre d'une petite ville du sud doit se construire seul. Il est doublement pénalisé, lui qui ne sait pas et ne saura jamais ce que c'est qu'être noir ou blanc. Il se heurte au racisme le plus primaire. Et il y a les femme... Celles qu'il côtoie au départ sont les prostituées qui travaillent dans le même bar que lui. Ensuite ses premières expériences ne sont que déboires. Il en sort traumatisé et ne peut avoir confiance en aucune d'elles.
L'écriture de William Melvin Kelley sonne juste. J'étais auprès de Ludlow dans ces bars à jazz plutôt louches d'avant-guerre. J'ai compris son désarroi et sa colère. Ce personnage est touchant même si, torturé par de multiples démons, il n'est pas toujours aimable. Il a des réactions violentes et son attitude envers les femmes est plus qu’ambiguë.
Le lecteur ne peut, lui aussi, qu'éprouver de la colère contre ce monde raciste dans lequel on juge sans se connaître et on ne veut pas sortir de sa bulle. Mais c'est une saine colère qui fait réfléchir sur nos propres réactions. Je frémis à l'idée que ça aurait pu être pire. Et si il n'avait pas été si doué pour la musique? Et si il avait été une femme?
https://ffloladilettante.wordpress.com/2020/09/01/jazz-a-lame-de-william-melvin-kelley/
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