"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
«Bizarre, bizarre, vous avez dit bizarre», «T'as de beaux yeux, tu sais !», «Souviens-toi Barbara, il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là», «Les feuilles mortes se ramassent à la pelle, les souvenirs et les regrets aussi...» Ces répliques et ces vers flottent dans toutes les mémoires. Mais on ne sait pas toujours qu'ils sont de Prévert, ni quel homme fut l'auteur, avec Paroles, du plus grand succès de la poésie française. Né, il y a un siècle, aux franges un peu bohèmes de la bourgeoisie, ce Parisien typique «anar» mais élégant, gouailleur et lyrique, commença par exercer divers petits métiers tels qu'employé, fort peu modèle, aux magasins du Bon Marché. Un temps compagnon de route des surréalistes, rue du Château, puis des communistes, avec la troupe théâtrale du Groupe Octobre, la notoriété lui vint au cinéma, où, associé à Marcel Carné, il signa le scénario et les dialogues de plusieurs chefs-d'oeuvre : Drôle de drame, Le Jour se lève, Les Visiteurs du soir, Les Enfants du paradis... En 1945, Paroles, recueil de poèmes publiés au hasard des revues, lui vaut de devenir le poète de l'après-guerre. Rebelle aux appartenances et aux mots d'ordre, Prévert fut cependant l'homme des amitiés. Elles tissent son existence. Et autant que son histoire, c'est celle de la «bande» dont il était l'éblouissant animateur qu'Yves Courrière fait revivre dans une biographie foisonnante.
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