"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Inséparables, Filippo et Samuel Pontecorvo l'ont toujours été. Comme les petits perroquets qui ne savent vivre qu'ensemble. Les différences existent pourtant. L'aîné est libertin et paresseux ; le second, brillant financier, ne connaît en amour que des ratés. Et voilà que les destins s'inversent. Samuel subit un revers professionnel, tandis que Filippo conquiert une renommée inattendue. Alors que vingt-cinq années se sont écoulées, le passé refait surface et ramène au premier plan le spectre de Leo, leur père. Un passé qu'il est temps pour les Inséparables d'affronter, tout en slalomant dans leur propre vie...
C’est une addiction ! Je dois (me) l’avouer (le chemin de la guérison débutant à la prise de conscience de la maladie), après avoir été Pipernophile dès la première lecture, j’ai rejoint les rangs des Pipernodolâtres les plus virulents et aujourd’hui, les symptômes sont clairs, je suis Pipernomane dépendant. C’est stupéfiant l’effet que ses livres me font.
Prenez le dernier, celui-ci, sur lequel vous attendez peut-être un avis (qui ne vient pas, je sais). Je l’ai acheté il y a plus d’un mois. Aussitôt, je l’ai enfoui dans un tiroir pour ne plus le voir et je me suis mis à lire autre chose. Du lourd, du quatre étoiles et demi de chez Lecteurs.com, du Roth Joseph et Philip, du Rash, de l’Atkinson, du Pérez-Reverte, du Russo, du Fante, de l’Echenoz, du Munoz Molina, enfin vous voyez : de quoi réussir une cure de désintoxication. Et puis hier, le temps, l’humeur, le manque sans doute, j’ai ouvert le tiroir. Rechute immédiate !
Ne croyez pas que j’ai tout avalé en trois heures. Non, c’est tout le contraire parce je ne suis pas fou, je sais que c’est dangereux. Je n’ai pas envie de faire une overdose qui serait de très mauvais goût sur Lecteurs.com. Alors, je lis quelques pages, je note des citations à distiller au fil de ma lecture et c’est le déluge. Je n’ai pas lu les cent premières pages que j’ai déjà vingt-cinq citations à vous faire découvrir. C’est maintenant vous qui risquez l’overdose…
Trois jours plus tard, vous êtes toujours là ?
Si on parlait un peu du livre ? Revoici les frères Pontecorvo dont le père était l’objet central de Persécution (qu’on peut tout à fait lire après même si ce serait mieux de le faire avant). Vingt ans ont passé, Filippo est un dilettante, aujourd’hui on dirait un glandeur, qui ne fait pas grand-chose mais le fait avec élégance et sur lequel, sans qu’il l’ait vraiment cherché, s’abat soudain la réussite puis la célébrité et la reconnaissance médiatique.
Samuel, son frère, ex golden boy, futur ex-courtier en coton, est à peu près tout ce que son frère n’est pas (et réciproquement) mais les deux frères sont unis comme ces perroquets qu’on appelle inséparables parce qu’ils vont toujours par deux. L’un est marié à une actrice de sitcom dont il tombé amoureux devant sa télé, l’autre va se marier avec la femme qu’il fréquente depuis quinze ans sans avoir réellement consommé leur union. Au centre, il y a leur mère qui serait parfaite dans le rôle de la mère juive possessive mais qui sait limiter au minimum ses intrusions pour éviter la caricature.
On pense immédiatement au ton des comédies de Woody Allen, y compris les emballements amoureux, les hauts et les bas (surtout les bas, c’est plus amusant) de la vie conjugale ou familiale et les questions (d’aucun dirait obsessions) sexuelles. On traite ainsi de sujets sérieux voire graves avec une légèreté, une ironie et un humour enchanteurs. C’est distrayant, très bien écrit et toujours drôle. Les coups de griffe sont distribués avec élégance à un panel assez représentatif de personnages, d’institutions ou de situations qui ne l’ont pas vraiment volé. Actrices ou animateurs de télé, cuisiniers « nouvelle cuisine », architectes d’intérieur, dirigeants d’université à la recherche d’ intervenants « tendance », peu importe ce qu’ils ont à dire, businessmen vaniteux, fils à papa, réseaux sociaux « dopant l’amour comme la haine », foules hystériques, humanitaires progressistes aux convictions douteuses mais néanmoins attachants (« Il veut coopérer avec elle vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Le jour il veut l’admirer comme Mère Teresa de Calcutta, la nuit la baiser comme une star du porno »)… et puis, bien sûr, les fondamentalistes, car il semblerait qu’ils aient pris Filippo en grippe…« le plus grand don de Dieu au fondamentaliste est de l’avoir créé obtus. »
La marmite boue gentiment, l’orage va se déclencher et je ne vous dirai pas si les Inséparables y résisteront. J’adore cette histoire, la façon dont elle est racontée, la densité et les faiblesses de ses personnages et ce ton pétri d’humour qui alterne le sérieux, le burlesque et le tragique.
Vous êtes toujours là ? Toujours pas décroché(s) ?... (j’ai ajouté un « s » entre parenthèses parce que j’ai un tempérament optimiste). Mais il va falloir y penser quand même, nous allons devoir nous séparer parce que ce n’est pas moi qui vais vous livrer Inséparables. Il faut aller l’acheter, puis le lire dans la foulée (maintenant, pas demain, pas plus tard, pas dans la PAL), parce qu’à mon avis c’est le meilleur des quatre que je trouve tous formidables. Surprenez-vous, sortez de votre zone de confort habituelle et faites-moi confiance. L’été approche, il est temps de déguster sans modération un Piperno bien frais.
Ce livre a t-il contre lui le fait que je l’ai lu juste après Anima de Mouawad, ou est-ce parce que je n’ai pas lu le premier volet de cette saga italienne ? Toujours est-il que je n’ai pu entrer dans la vie de ces 2 frères. Longtemps je me suis demandée quel opprobre entachait leur vie.
Piperno grand glandeur devant l’éternel, Marié à une richissime allumée, se voit couvert de gloire depuis que son film d’animation a été plébiscité au festival de Cannes. Quant à son frère cadet Samuel il va passer de la richesse aux affres de la perte de son boulot. L’un est un dragueur invétéré, l’autre un impuissant, l’un est ainsi, l’autre est l’inverse. Tout comme les leviers, quand l’un monte, l’autre descend, quand l’un va, l’autre soigne ses névroses…..
Tout ceci est cruel, désabusé. Je n’ai pas été attirée du tout par ces deux bobos névrosés par une mère juive classique et un père mort dans son sous-sol après avoir accusé de viol par la petite copine de son fils Samuel. Leurs histoires de fesses (je suis polie) pas plus que leurs vies creuses et tournées uniquement vers eux-mêmes, ne m’ont pas intéressée. Non vraiment rien pour m’attacher à cette lecture.
Trop gênée par la superficialité des « héros », je regrette d’être passée à côté de ce livre qui a reçu le prix Strega, l’équivalent de notre Goncourt. En son temps, j’avais plus apprécié Moravia.
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