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Pendant des décennies, seuls les mécanismes sociologiques, politiques et économiques ont fourni les clés de la compréhension du nazisme. Or, il faut bien constater l'incapacité de toute analyse à saisir en totalité l'ampleur et le tragique du phénomène nazi, cette « brèche dans la trame de l'histoire » (F. Lost). Face à l'insaisissable, certains se tournèrent vers l'« occultisme » nazi, réduisant le IIIe Reich à un inextricable réseau conspirationniste ou à un empire du mal.
Ce livre propose d'explorer un imaginaire qui finit par imprégner la culture populaire allemande, ouvrant un chapitre délirant de l'histoire dont les soubresauts furent pressentis par la fiction étrangère, en majorité anglo-saxonne. En s'inspirant du travail de Lotte Eisner, Georges Mosse et Eric Kurlander, qui abordèrent l'élément culturel du nazisme en le reliant à la montée de l'irrationnel, l'auteur vise à démontrer qu'un imaginaire fantastique était consubstantiel au nazisme, abolissant le sens commun d'un peuple aveuglé par les sirènes de la propagande. « Le XXe siècle, écrivait Gusdorf, le plus barbare de l'histoire universelle - le siècle de la faillite de la raison ».
La littérature de l'imaginaire permet d'explorer ce champ de vertige où se croisent mythe et Histoire. On y trouve maints exemples de conjectures « inspirées » qui annoncent le national-socialisme. Pour aborder ce « gigantesque continent de l'irrationalité » (L.-V. Thomas), il fallait un travail d'archéologie littéraire qui puisse reconstituer un puzzle culturel et anthropologique relevant de la science, des croyances et des mythes. Des prospecteurs de l'irréel, aussi divers que Jules Verne, Jack London, H. R. Haggard, Talbot Mundy, José Moselli, Hanns Heinz Ewers, Alfred Kubin, Gustav Meyrink, James Hilton, Robert E. Howard ou Clark Ashton Smith, ont arpenté les chemins de l'imaginaire avec une boule de cristal, parvenant à mieux percer le rideau de l'histoire que bien des historiens, distillant de terribles augures qui finirent par se matérialiser en une secrète alchimie. Écoutons « ces voix de l'arrière-fable, dont l'échange dessine la trame de la fiction » (Michel Foucault).
Au bout de ces imaginaires barbares, le cauchemar le plus effroyable...
Lauric Guillaud, professeur émérite de littérature et de civilisation américaines à l'Université d'Angers, ancien directeur du CERLI, a publié nombre d'articles sur l'imaginaire anglo-saxon : les mondes perdus, les mythes américains, le gothique, la fantastique, les détectives de l'étrange, etc. Son ouvrage « Le Sacre du noir » a reçu le prix de l'Institut maçonnique de France en 2019.
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