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Ils sont trois. Elle enseigne l'allemand dans un lycée mais tente aussi d'inculquer des notions de français à des migrants accueillis par une association humanitaire. Lui a accepté le travail le plus étrange de sa vie : gardien d'une station de pompage même plus en service et si isolée au milieu d'interminables champs de maïs que son employeur a dû l'y faire déposer en hélicoptère. La troisième, encore aux études, gagne sous le manteau un peu d'argent en rendant visite à un garçon autiste que celle qui se présente comme sa mère cache aux services sociaux dans un immeuble de la périphérie voué à une démolition prochaine. Tous les trois vont faire, à des degrés divers, l'expérience de l'effacement, de la perte des repères et des habitudes qui tiennent lieu le plus souvent d'identité. Mais si c'était pour mieux découvrir ce que vivent d'autres gens, et notamment les plus faibles ?
Les acteurs du nouveau roman de Thierry Beinstingel sont appelés la prof, la jeune fille et l’homme. Ces trois personnages sans nom font partie de la société et joue parfaitement le rôle qui leur est attribué. Ils sont fondus dans la masse jusqu’au jour où leur chemin de vie déroute.
Suite à un geste malheureux, la professeur d’allemand modèle se retrouve à donner des cours à des migrants pour le compte d’une association. Après l’abandon de ses études, la jeune fille devient la baby-sitter d’un garçon autiste, vivant dans la clandestinité. L’homme, au chômage, va accepter pour de l’argent un job surréaliste d’agent d’entretien dans une contrée isolée.
Tous, à leur manière, font l’expérience de la disparition. Ils cessent d’exister aux yeux du monde. Dans leurs destins à priori indépendants, ils vont rencontrer les différentes formes que peut prendre la solitude. Cette solitude met l’être humain en marge de la société, du système. Ils perdent alors leur identité qui reposait finalement sur leur rapport aux autres. En voulant sortir de cet état, les protagonistes se redécouvrent eux-mêmes et ouvrent les yeux sur une catégorie de gens dont ils ignoraient l’existence.
En général, je n’aime pas trop les romans avec trois histoires distinctes. En trop grand nombre, elles sont souvent incomplètes et superficielles. Il n’en est rien ici. Les trois parties s’enlacent et se complètent à la fois, afin de créer une représentation de la solitude moderne. Les émotions sont bien retranscrites et l’évolution des évènements m’a captivé jusqu’ au final surprenant.« Il se pourrait qu’un jour je disparaisse sans trace » est un roman social sans concession. Thierry Beinstingel livre un texte lucide sur des situations dramatiques. Avec une certaine poésie et beaucoup de bienveillance, il entrebâille une porte d’accès lumineuse sur les gens auxquels personne ne pense, les oubliés…
Ils sont trois. Elle enseigne l’allemand dans un lycée mais tente aussi d’inculquer des notions de français à des migrants accueillis par une association humanitaire. Lui a accepté le travail le plus étrange de sa vie : gardien d’une station de pompage même plus en service et si isolée au milieu d’interminables champs de maïs que son employeur a dû l’y faire déposer en hélicoptère. La troisième, encore aux études, gagne sous le manteau un peu d’argent en rendant visite à un garçon autiste que celle qui se présente comme sa mère cache aux services sociaux dans un immeuble de la périphérie voué à une démolition prochaine.
Une écriture fine et juste qui nous emporte dans cette fresque sociale, où réflexion et émotions sont au rdv.
https://leslivresdejoelle.blogspot.com/2019/03/il-se-pourrait-quun-jour-je-disparaisse.html
Thierry Beinstingel nous raconte le parcours de trois êtres solitaires qui se trouvent à un moment de leur vie où ils ne vont pas très bien. Il y a "l'homme", "la prof" et "la jeune fille" qui seront dénommés de cette façon tout au long du récit. Bien qu'entouré d'une famille, chacun d'eux se sent seul.
"L'homme" est un chômeur de longue durée qui accepte une étrange mission contre vingt mille euros, il s'agit de garder une station de pompage désaffectée pendant cinq mois dans un endroit perdu au milieu de nulle part dans un pays étranger. Passer cinq mois dans une solitude absolue, dans une pièce de béton, une sorte de bunker à demi enterré au milieu de champs de mais, dans un lieu qu'il ressent comme cerné par "un enfer vert". Sans eau courante ni électricité, il va devoir comme un Robinson trouver les moyens de sa survie, s'organiser, s'imposer des tâches pour ne pas sombrer dans la folie alors qu'il perd très vite la notion du temps car tous les jours sont semblables. "Il doit affronter la nature, développer sa réflexion et la créativité qui sont la marque spécifique des humains."
Depuis son divorce "La prof" vit seule avec sa fille Rebecca, une ado avec qui la communication devient chaque jour plus difficile. En échec dans son rôle de mère, elle se sent également inutile en tant que prof car l'allemand qu'elle enseigne est une matière jugée ringarde par ses élèves et même par son proviseur. Un jour, insultée par un élève, elle craque. En arrêt maladie, l'occasion se présente à elle d’intégrer comme bénévole un centre d'accueil géré par une association humanitaire où elle tente d’inculquer des notions de français à des migrants qui y sont accueillis. Elle se sent enfin utile...
"La jeune fille" a quitté le lycée après le bac, elle n'a pas souhaité poursuivre de nouvelles études. Sa vie est faite d'ennui et de désœuvrement avec un père toujours absent et une mère toujours fatiguée. Pour gagner un peu d'argent, elle accepte la proposition d'une femme de s'occuper d'un jeune garçon handicapé qu'elle présente comme son fils. Elle doit rendre visite chaque jour à ce jeune autiste caché par sa mère dans un immeuble coincé contre l'autoroute et voué à une démolition prochaine. Bien loin de se limiter aux consignes de la femme qui lui demande simplement de le nourrir et de rester un peu avec lui, la jeune fille s'attache au garçon, l'apprivoise doucement et, peu à peu, une relation se crée entre eux...
Le titre "Il se pourrait qu'un jour je disparaisse sans trace", phrase extraite de "Vendredi ou les limbes du Pacifique" de Michel Tournier, concerne à priori l'homme. Thierry Beinstingel enchaîne de courts chapitres sur chacun des trois personnages sans lien apparent. Il met en scène des personnes ordinaires, confrontées à une perte de repères et murés dans une solitude liée au manque d'attention à l'autre. Des personnes qui rêvent d'un monde meilleur, qui tentent de donner un sens à leur vie et qui, en découvrant les autres, notamment les plus démunis, vont se découvrir eux-mêmes. Thierry Beinstingel aborde ici des sujets de société fondamentaux d'une façon très originale.
C'est un roman empreint d'une profonde humanité, un texte d'une impressionnante justesse et dépourvu de bons sentiments. La construction est très réussie et le dénouement est à la fois surprenant et très beau. Ce roman m'a fait découvrir un auteur dont j'aime beaucoup l'humanité, il m'a donné envie de découvrir ses précédents ouvrages.
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