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Il ne suffit pas de lire

Couverture du livre « Il ne suffit pas de lire » de Karl Kraus aux éditions Klincksieck
Résumé:

Issu d'une famille juive aisée, Karl Kraus (1874-1936), écrivain autrichien, a été hanté sa vie durant par la décadence de son temps et de l'humanité. Auteur de plusieurs essais il crée avec succès la revue Le Flambeau, laissant un nombre important d'aphorismes. Il prévient qu'un aphorisme n'a... Voir plus

Issu d'une famille juive aisée, Karl Kraus (1874-1936), écrivain autrichien, a été hanté sa vie durant par la décadence de son temps et de l'humanité. Auteur de plusieurs essais il crée avec succès la revue Le Flambeau, laissant un nombre important d'aphorismes. Il prévient qu'un aphorisme n'a pas vocation à être vrai. Un aphorisme doit survoler la vérité et à la limite laisser planer le mystère. Rêvant d'être acteur, Karl Kraus fut apprécié pour ses célèbres lectures publiques.
Il avait l'art de donner un relief singulier à ses textes par ses inflexions typiquement viennoises afin de faire réagir le public. Parfois pour le faire rire. Aucune traduction n'étant parfaite, celle-ci n'a pas la prétention de l'être. Ayant plusieurs fois assisté, à des lectures relevant très exactement du contexte singulier où fut élaborée et transmise en premier lieu l'oeuvre de Kraus avant puis après la guerre, il me semble avoir conservé à l'oreille une manière de sous-entendu qu'un aphorisme doit porter en dépit de la banalité de son habillage.
Censeur impitoyable, caractère à la Paul Léautaud, aimant les jeux de mots et l'écriture dénuée de concessions, Karl Kraus avait horreur des journalistes, des hommes politiques, des intellectuels, des historiens et de l'art de son temps qu'il assimilait à un cosmétique. De son point de vue le libéralisme se confond avec l'hédonisme, les juges avec les bourreaux, la haute finance avec les maîtres de la boucherie, la psychanalyse représentant à ses yeux une vaste plaisanterie. Il détestait l'élite et ses plumitifs, se méfiant, en misanthrope, aussi bien des hommes que des femmes. Il prétendait que l'idée que l'on puisse améliorer le destin des peuples est une illusion. Il y a chez Karl Kraus une forme de jouissance à mettre en pièces tout ce que la société porte au pinacle. On s'en apercevra en dégustant ses aphorismes.

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