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Qui se souvient de Lamartine ? Qu'il a été candidat à la première élection présidentielle française ? Qu'on lui doit le suffrage universel, l'abolition de la peine de mort en politique, la seconde abolition de l'esclavage, la conservation du drapeau tricolore et tant d'autres choses encore ? À la parution des Misérables, en 1862, Marianne de Lamartine, la discrète épouse du poète, qui a parfois tenu la plume pour lui, décide de prendre la parole pour défendre l'action de son mari résolu à se taire à tout jamais. Car, pour avoir récusé les Rouges comme les Royalistes, le candidat malheureux a pu mesurer combien nul n'est prophète en son pays.
À la manière d'une feuilletoniste, Marianne de Lamartine nous raconte la vie du plus méconnu de nos hommes illustres, poète éclatant des Méditations de 1820 mais aussi historien et homme d'État. On croise les écrivains engagés de l'époque, au premier rang desquels Victor Hugo. Tous ou presque vont d'abord s'enthousiasmer pour cette révolution pacifique où semble enfin poindre la lumière, lumière qui dura ce que dure le printemps des peuples...
Alphonse de Lamartine était un homme aux multiples facettes, à la fois poète, romancier, historien mais aussi tour à tour maire, diplomate, député, conseiller général. Nous le connaissons surtout pour ses qualités de poète mais beaucoup moins pour ses qualités et activités politique. Sylvie Yvert en se mettant dans la peau de son épouse, Elisa, va nous raconter de l’intérieur, la vie, les tragédies et souffrances, les espérances et désillusions, les succès et échecs qui ont jalonnés sa vie et celle du couple.
Alphonse de Lamartine, comme le montre ses poèmes, est habité par le romantisme. Il sera à la fois adulé par ses écrits et décrié par ses actions, sera à la fois riche célèbre et ruiné oublié. Il sera contraint de publier pour honorer de nombreuses dettes.
Nous traversons sa vie, ses amours abritées au bord du lac du Bourget à la fois sauvage et romantique, grande source d’inspiration.
Après de multiples amours, Alphonse de Lamartine va épouser Elisa qui sera plus que sa femme, elle sera aussi celle qui va l’accompagner jusqu’au bout, le soutenir contre tous de façon indéfectible, lira, écrira, corrigera ses textes, ira jusqu’à recevoir les citoyens à la place de son mari lorsqu’il sera au ministère. Elle sera une femme discrète mais indispensable à la vie de son époux. Nous apprendrons que le buste d’Elisa a été le premier buste de la république, Elisa a été la première Marianne.
Mais c’est surtout l’homme politique qui est à l’honneur dans ce roman. Dans ses activités il aura le soutien de Georges Sand, Victor Hugo. Ses idées jugées trop en avance pour l’époque ne seront pas de tous les goûts : «Citoyens, la royauté, sous quelque forme que ce soit est abolie… La république est proclamée… Le peuple exercera ses droits politiques par le suffrage universel ; les détenus politiques sont libérés ; les édifices seront vendus au domaine public ; le droit d’association est reconnu ; l’existence de l’ouvrier par le travail sera garantie ; des ateliers nationaux de travail sont ouverts pour les ouvriers sans salaire ; la peine de mort en matière politique est abolie… » . « Fut ensuite annoncée la suppression de l’esclavage… »
L’esclavage a bien été aboli en 1948, quand à la peine de mort, il faudra attendre 1981.
Dans ses paradoxes, Alphonse de Lamartine habité de grandes valeurs républicaines œuvrera et protègera la fuite de la famille royale.
Au grand désespoir de Lamartine l’élection présidentielle de 1848 pour la deuxième république verra la réussite écrasante d’un certain Louis Napoléon Bonaparte.
Sylvie Yvert, avec la particularité de se fondre dans la peau d’Elisa telle une biographie, fait revivre un homme méconnu, nous offre le portrait d’un homme et de son époque par une foison de détails, de citations, de références historiques. Chaque chapitre est source d’apprentissage, nous rappelle la richesse des œuvres d’Alphonse de Lamartine et l’évolution de ses idées au gré de ses nombreux voyages.
Cette époque prolifique en évènements nous donne une galerie de personnages, acteurs ou non de la seconde république, aux noms célèbres gravés dans nos livres d’histoire et jusque dans les couloirs du métro parisien tels : Raspail, Barbès, Ledru Rollin, Victor Hugo, Louis Blanc, Alexandre Dumas, …
Je ne sais pas comment classer ce roman, est-ce une biographie, un roman, un roman historique ? Il est un peu tout à la fois.
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