"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Dans ce roman historique, Sylvie Yvert met en scène deux personnages, Charles et Antoine, bonapartistes dévoués, que leurs convictions politiques vont mener très haut avant la chute, leurs trajectoires épousant celle de Napoléon Ier de son ascension à Sainte-Hélène.
Le récit se découpe en cinq actes, comme autant de pas vers la tragédie qui va frapper les deux hommes. Sylvie Yvert met en miroir leurs deux destins dans des chapitres où alterne la vie de l’un puis de l’autre. On les suit ainsi dans la gloire, les fastes et les honneurs jusqu’à la première défaite de Napoléon, son retrait sur l’Ile d’Elbe et l’arrivée au pouvoir de Louis XVIII puis durant le retour épique de l'Empereur en mars 1815 avant la chute définitive.
Fidèles parmi les fidèles, Charles et Antoine soutiendront le retour de l’Empereur dans ce dernier baroud qui deviendra “les 100 jours”, ce moment qui culmine avec le retour à Paris de Napoléon et qui s’effondre quelques mois plus tard avec la tragédie de Waterloo, redonnant sa place au monarque Louis.
Charles (de Labédoyère) est un jeune homme fougueux, militaire engagé, prêt à défendre son pays et son empereur jusqu’à la mort. Même son mariage et son amour pour sa femme et son fils ne pourront empêcher le sacrifice ultime.
De son côté Antoine (de Lavalette) est un homme plus mûr, plus réfléchi mais tout aussi engagé. Directeur général des Postes, c’est grâce à une audacieuse évasion qu’il parviendra à sauver sa vie.
Malgré leur différence d’âge et de caractère, l’un comme l’autre ne sont pas de ces hommes qui retournent leur veste, complotent ou se laissent influencer. Bonapartistes ils sont, bonapartistes ils restent, fidèles à des convictions et à des devoirs, quitte à en payer le prix fort.
Dans ce livre, Sylvie Yvert dresse aussi les portraits de deux femmes qui se révèleront fortes dans l’adversité : Georgine, la femme de Charles et Emilie, l’épouse d’Antoine et par ailleurs nièce de Joséphine de Beauharnais. Elles remueront ciel et terre pour faire gracier leurs maris, Emilie allant jusqu’à user d’un stratagème incroyable pour faire évader Antoine.
Ces deux personnages dont Sylvie Yvert ne nous dévoilent les noms de famille qu’en toute fin d’ouvrage ont réellement existé ainsi que l’ensemble des protagonistes de cet épisode incroyable de l’histoire de France qui figurent dans ce roman passionnant qui tient en haleine de bout en bout. L’auteure sait insuffler juste ce qu’il faut d’ironie pour décrire les revirements des uns et des autres, les petits arrangements avec sa conscience, les compromis, les alliances et les trahisons (ces portraits de Talleyrand, Fouché et Louis XVIII !). Tout cela sonne juste, moderne. C’est instructif sans être ennuyeux, il nous semble être au cœur de l’action, sur les champs de bataille ou dans les salons mondains. Décidément, Sylvie Yvert est une fabuleuse conteuse d’Histoire !
Alphonse de Lamartine était un homme aux multiples facettes, à la fois poète, romancier, historien mais aussi tour à tour maire, diplomate, député, conseiller général. Nous le connaissons surtout pour ses qualités de poète mais beaucoup moins pour ses qualités et activités politique. Sylvie Yvert en se mettant dans la peau de son épouse, Elisa, va nous raconter de l’intérieur, la vie, les tragédies et souffrances, les espérances et désillusions, les succès et échecs qui ont jalonnés sa vie et celle du couple.
Alphonse de Lamartine, comme le montre ses poèmes, est habité par le romantisme. Il sera à la fois adulé par ses écrits et décrié par ses actions, sera à la fois riche célèbre et ruiné oublié. Il sera contraint de publier pour honorer de nombreuses dettes.
Nous traversons sa vie, ses amours abritées au bord du lac du Bourget à la fois sauvage et romantique, grande source d’inspiration.
Après de multiples amours, Alphonse de Lamartine va épouser Elisa qui sera plus que sa femme, elle sera aussi celle qui va l’accompagner jusqu’au bout, le soutenir contre tous de façon indéfectible, lira, écrira, corrigera ses textes, ira jusqu’à recevoir les citoyens à la place de son mari lorsqu’il sera au ministère. Elle sera une femme discrète mais indispensable à la vie de son époux. Nous apprendrons que le buste d’Elisa a été le premier buste de la république, Elisa a été la première Marianne.
Mais c’est surtout l’homme politique qui est à l’honneur dans ce roman. Dans ses activités il aura le soutien de Georges Sand, Victor Hugo. Ses idées jugées trop en avance pour l’époque ne seront pas de tous les goûts : «Citoyens, la royauté, sous quelque forme que ce soit est abolie… La république est proclamée… Le peuple exercera ses droits politiques par le suffrage universel ; les détenus politiques sont libérés ; les édifices seront vendus au domaine public ; le droit d’association est reconnu ; l’existence de l’ouvrier par le travail sera garantie ; des ateliers nationaux de travail sont ouverts pour les ouvriers sans salaire ; la peine de mort en matière politique est abolie… » . « Fut ensuite annoncée la suppression de l’esclavage… »
L’esclavage a bien été aboli en 1948, quand à la peine de mort, il faudra attendre 1981.
Dans ses paradoxes, Alphonse de Lamartine habité de grandes valeurs républicaines œuvrera et protègera la fuite de la famille royale.
Au grand désespoir de Lamartine l’élection présidentielle de 1848 pour la deuxième république verra la réussite écrasante d’un certain Louis Napoléon Bonaparte.
Sylvie Yvert, avec la particularité de se fondre dans la peau d’Elisa telle une biographie, fait revivre un homme méconnu, nous offre le portrait d’un homme et de son époque par une foison de détails, de citations, de références historiques. Chaque chapitre est source d’apprentissage, nous rappelle la richesse des œuvres d’Alphonse de Lamartine et l’évolution de ses idées au gré de ses nombreux voyages.
Cette époque prolifique en évènements nous donne une galerie de personnages, acteurs ou non de la seconde république, aux noms célèbres gravés dans nos livres d’histoire et jusque dans les couloirs du métro parisien tels : Raspail, Barbès, Ledru Rollin, Victor Hugo, Louis Blanc, Alexandre Dumas, …
Je ne sais pas comment classer ce roman, est-ce une biographie, un roman, un roman historique ? Il est un peu tout à la fois.
Il n’est absolument pas nécessaire d’être féru d’histoire ou passionné de l’époque napoléonienne pour apprécier ce roman tant il est d’une richesse à chaque page.
Napoléon Bonaparte, après la défaite de Waterloo, est emprisonné sur l’ile d’Elbe en Italie. Il s’en évade, son but : reconquérir le trône de France occupé par le roi Louis XVIII. Pour cela, une longue marche en direction de Paris va débuter. Nous sommes en 1815. Au gré de son avancée et de son parcours, Napoléon, grâce à son charisme, va réussir à rallier les soldats, les volontaires (ou non), les jeunes (ou non) à sa cause. C’est après un voyage de 20 jours que Napoléon va entrer dans Paris fort d’une nouvelle armée d’un millier d’homme. Le trajet emprunté par Napoléon est aujourd’hui connu pour être « la route Napoléon ».
A son arrivée à Paris, rien ne se passe facilement, dans le visage de la royauté, les partisans de Napoléon Bonaparte, non seulement ne sont pas les bienvenus mais, sont chassés. Parmi ses hommes, deux restent particulièrement fidèles à l’empereur et sont de tous les combats. Ils sont nommés Antoine et Charles mais leur identité complète n’est dévoilée qu’à la toute fin du roman. Ces deux hommes vont être les personnages principaux, les héros et le fil conducteur de cette histoire. Antoine et Charles, qui n’ont absolument rien en commun, vont entrainer leurs épouses dans leur foi à l’empereur, et ces deux couples vont s’attacher à l’histoire de France, pour le meilleur et pour le pire.
C’est un roman, un document, un hommage, une fresque historique, c’est tout à la fois. Sylvie Yvert nous offre une lecture rythmée, vivante, une lecture absolument passionnante et richement documentée. De la première à la dernière page on vit, à travers cette époque des 100 jours, la fin du règne de Napoléon Bonaparte sans s’ennuyer une seule seconde.
C’est aussi le roman de la fidélité, de la loyauté, envers un homme, envers des idées ou des convictions, fidélité extrême jusqu’à la mort.
Il s’agit ici du deuxième roman de Sylvie Yvert, le premier étant réservé à Marie Thérèse de France, fille de Louis XVI et Marie Antoinette. Quant à la troisième publication elle est consacrée à Samuel Paty, « Mon prof, ce héros » écrit collectif.
Marie-Thérèse Charlotte de France, que sa mère appelait affectueusement Mousseline la Sérieuse, a grandi dans une royale opulence avant que la Révolution française ne mette un terme à son enfance insouciante. Après la prise de la Bastille, l’invasion du château de Versailles, la fuite à Varennes et l’emprisonnement au Temple, la fille de Louis XVI et Marie-Antoinette va connaître la faim, la solitude, la violence, les humiliations et l’infinie tristesse de perdre son père, sa mère et son petit frère. Au gré des aléas du pouvoir, l’Orpheline du Temple sera haïe ou adulée par le peuple français. Entre exils et retours triomphants, Mousseline gardera toujours au fond de son cœur l’amour intact de la France, sa patrie malgré les souffrances endurées.
Fille de France, duchesse d’Angoulême, Dauphine de France, comtesse de Marnes, Madame Royale, Thérèse Capet, Mousseline la Sérieuse, la princesse Marie-Thérèse a collectionné titres, noms et surnoms et Sylvie Yvert a choisi de donner la parole à Mousseline pour nous la rendre proche et lui laisser donner sa version des évènements qui ont secoué la France et conduit à l’exécution de ses parents. Dans une autobiographie fictive mais basée sur des documents d’époque, l’autrice s’engage dans un plaidoyer forcément partial pour les Capet. Le couple royal y est décrit comme aimant, bienveillant, digne et toujours soucieux de son peuple. A contrario, les révolutionnaires sont sanguinaires, avides de pouvoir et peu scrupuleux.
A moins d’être un royaliste convaincu, il est difficile de prendre parti pour la princesse qui n’a de cesse de vanter les qualités, l’abnégation, la dignité et la bonté de ses parents sans jamais évoquer la faim et la misère du peuple. Mais bien sûr, on ne peut qu’être touché par le destin tragique de cette femme qui a su pardonner les offenses et est restée fidèle à son amour pour la France jusqu’au bout.
Un bon rappel de cette période historique agitée, de la Révolution à la Monarchie de Juillet, en passant par le Premier Empire mais vu par le prisme hautement subjectif de celle qui a vécu les évènements de l’intérieur.
Intéressant car c’est une autre vision de la Révolution, écrit dans un style impeccable mais faire de Marie-Antoinette et Louis XVI des saints est un tantinet exagéré.
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