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Sous le commissariat de Kathryn Weir, la remarquable exposition dans laquelle s'origine cette nouvelle monographie explore de multiples transformations : de soi, des autres, des identités collectives, luttes, libérations et refuges. Un dialogue puissant et inattendu s'établit avec un certain nombre d'objets de dévotion populaires, tirés de collections archéologiques ou liturgiques italiennes, évoquant le seuil ambivalent présent dans la pratique de Tabouret, portail vers de multiples temporalités et subjectivités à travers lesquelles envisager des relations alternatives entre les êtres humains, entre l'être humain et son environnement face aux crises écologiques et sociétales, mais aussi en communication avec le surnaturel.
À travers 25 oeuvres de Tabouret - les premières datent de 2008, mais l'essentiel de la dernière décennie de pratiques multiformes de l'artiste - l'exposition articule les différentes structures et fluidités présentes au sein de la subjectivité et des identités construites à travers des peintures, sculptures, vidéos et oeuvres sur papier. Subjectivités errantes et matérialisme magique constituent les grands axes thématiques de l'exposition. Progressivement, potentiel suspendu et friction métaphysique inscrits dans les oeuvres émergent à travers des associations - intérieur/extérieur, matériel/spirituel, visible/invisible.
Le langage énigmatique du rituel et de la répétition dans les univers amniotiques de Tabouret révèle des états de conscience mystérieux et entremêle identité individuelle et forces plus vastes. L'exposition explore aussi une condition double et multiple du soi, en rapport avec la fertilité et la maternité, notamment à travers la présence de deux Matres Matutae de Capoue, admirables ex-voto sculptés dans le tuf volcanique entre 500 et 200 avant JC dont la présence magique recréé un lien matériel renouvelé avec la terre. Processus d'incarnation et de transfiguration, créatures monstrueuses et inexplicables, tout est lié par une miraculeuse possibilité de transformation. Comme l'écrivait Hélène Cixous dans Le Rire de la Méduse (1975), « Je suis Chair spacieuse chantante, sur laquelle s'ente nul sait quel(le) je plus ou moins humain mais d'abord vivant puisqu'en transformation ».
Publié à l'occasion de l'exposition éponyme au Palazzo Cavanis, Venise, d'avril à novembre 2022, dans le cadre de la 59e Biennale de Venise.
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