"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Le 6 juillet 1937, le Tout-Paris se presse dans les jardins de la Cité universitaire pour le premier gala de la Cinémathèque française. On y projette des films d'Étienne-Jules Marey, Thomas Edison et Georges Méliès. Ce succès est une consécration pour l'association créée un an plus tôt par Henri Langlois et Georges Franju. Entièrement inédites, les archives de la Cinémathèque retracent ici 70 ans d'une passion collective : l'immense personnalité de Langlois qui lui aura tout sacrifié, la dévotion de Mary Meerson, la ferveur de Marie Epstein, la quête inlassable de Lotte Eisner... On revit les joutes et les trahisons, les victoires et les drames de cette institution qui a sauvé une part majeure du patrimoine (films, appareils, archives, objets, costumes), engendré la Nouvelle Vague, donné un style muséographique au 7? art, initié les recherches de ses historiens (Jean Mitry, Georges Sadoul), projeté le cinéma de demain avec les films du passé. «On était entassés, l'air manquait presque autant que la place, écrivait Claude Mauriac, mais l'écran était un soupirail ouvert sur le monde.» C'est une autre histoire du cinéma que celle de ce musée vivant. 70 ans d'une résistance fragile et invincible, pour l'amour du grand art de la lumière et de l'ombre.
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