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L'" affaire Blunt " éclate officiellement en novembre 1979, quand la presse britannique révèle que Sir Anthony Blunt (1907-1983), l'un des plus grands historiens d'art de son temps, " redécouvreur " de Poussin et inspecteur des tableaux de la collection royale, a servi les intérêts de l'Union soviétique. Les Français connaissaient les célèbres espions Burgess, Maclean et Philby, mais il manquait à ce trio un chaînon sans lequel la trahison au profit de l'Est de ces trois gentlemen issus de Cambridge aurait gardé son mystère. En racontant la vie d'Anthony Blunt, Miranda Carter nous fait comprendre comment l'URSS a pu fasciner l'élite britannique dans la première moitié du XXe siècle. Elle brosse notamment une fresque remarquable de la vie quotidienne dans les collèges anglais durant l'entre-deux-guerres.
Avec un père aumônier de l'ambassade de Grande-Bretagne à Paris, c'est en France que Blunt s'initie à la peinture. Au Trinity College de Cambridge, le jeune homme poursuit de brillantes études et fréquente le Club des Apôtres, dont semblent bien avoir été membres tous ceux qui en Angleterre, de John Maynard Keynes à Bertrand Russell, se forgeront un nom en économie, philosophie, politique voire espionnage. Leur grand principe est contenu dans ces mots de E. M. Forster : " Si j'avais à choisir entre trahir mon pays et trahir mes amis, j'espère que j'aurais le courage de trahir le premier. " De cette maxime Anthony Blunt fera son credo. Comme plusieurs de ses anciens condisciples, il devient marxiste à sa façon dans les années 1930, devant la montée des fascismes et peut-être surtout dans l'idée selon laquelle seule une société de type marxiste pourra promouvoir une morale affranchie des tabous sexuels. Or ces futurs espions sont pour la plupart homosexuels dans une société britannique encore très victorienne.
En 1939, Blunt est déjà une autorité en matière de peinture. Promis au plus bel avenir au sein de l'élite britannique, il va cependant devenir espion au profit de l'URSS durant les années de guerre, tandis qu'il travaillera pour le MI5 (Military Intelligence), le contre-espionnage britannique. Outre livrer des informations aux Soviétiques, il s'emploiera à couvrir d'autres agents sur lesquels pèse le soupçon. Après la victoire des Alliés, il est chargé par Georges VI de récupérer en Allemagne un dossier compromettant sur le " philonazisme " du duc de Windsor, ex-Édouard VIII, et devient inspecteur des tableaux de la collection royale puis directeur de l'illustre Institut Courtauld. La carrière prestigieuse de ce membre à part entière de l'establishment ne sera pas brisée lorsque, en 1964, il acceptera de passer aux aveux sur ses activités d'espion et celles de ses " complices " en échange d'une immunité totale.
Ce sera le secret le mieux gardé d'Angleterre jusqu'en 1979, quand le journaliste Andrew Boyle révélera tout dans son livre Un climat de trahison (Lattès, 1980). La Chambre des Communes décidera pourtant de ne pas ouvrir d'enquête publique : " La Grande-Bretagne est un pays qui met ses traîtres ordinaires en prison mais laisse les traîtres gentlemen au palais de Buckingham ", s'exclamera le député Hamilton. Car tel est bien le fil directeur de toute la biographie d'Anthony Blunt, depuis les années de collège jusqu'aux sphères de l'intelligentsia, en passant par l'espionnage : une succession d'histoires entre gentlemen.
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