Au fil du temps, l'oeuvre picturale de Marie Javouhey ne cesse de s'affirmer, de s'étoffer, de prendre une importance qu'ont soulignée, au cours de ces dernières années, quelques expositions d'envergure, et la reconnaissance croissante du grand public amateur d'art : reconnaissance d'autant plus surprenante que cette oeuvre, qui ne cultive ni les joliesses, ni le pittoresque, ni les filons à la mode, ne s'inscrit pas dans le règne de la facilité, et ne cultive pas plus l'académisme que les contorsions d'avant-garde.
Si cette peinture peut, en un premier temps, nous dérouter, c'est qu'elle n'appartient ni au domaine de la figuration, ni à celui de l'abstraction pure. Les images picturales qu'elle nous propose, les effigies de couleurs qu'elle élabore, les graphismes qu'elle inscrit au coeur de la pâte colorée, tout cela semble curieusement renvoyer à quelque réalité inlassablement transposée, transcrite recomposée. Peinture non des objets jetés en pâture à notre expérience quotidienne, mais bien plutôt peinture de la vision oculaire, directement confrontée aux noces du rouge sang et du jaune, aux veloutés du mauve et du gris blanc, sans que nous soyons tenus d'y décrypter quelques somptueux coucher de soleil ou l'atmosphère d'un atelier étiolée par un jour d'hiver. (...)
En ce sens, l'art de Marie Javouhey n'est pas d'abord porteur d'idées, ou de programmes ou de messages. Non qu'on puisse le qualifier de naïf - ah certes non ! - mais les productions qu'il engendre sont d'abord des fêtes visuelles, ou comme le disait déjà Nicolas Poussin, elles doivent constituer une « délectation pour l'oeil ». Et c'est pourquoi cette peinture, dont nous disions dans un premier temps qu'elle n'était pas d'accès facile, intéresse cependant un public élargi, habituellement frileux à l'égard de ce qu'on pourrait appeler globalement la « modernité ».
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