"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Une jeune femme se fait exploser dans un endroit public. Rien ne permet d'expliquer le geste. Sa tête nous observe. Elle repose sur la main gauche d'un médecin légiste.
« L'argument est simple et l'on se prend à se demander ce qui le complique ainsi. On se prend à vouloir précipiter la catastrophe pour que le repos devienne possible. Car le temps que nous fait vivre le texte de Royds Fuentes-Imbert est mouvement perpétuel. Il nous implique dans ce paradoxe étrange d'une structure-chaos où selon la formule de Schelling « toutes les possibilités se réalisent ». Alors que nous voudrions, comme le médecin légiste, d'une vie douce dans un « jardin informel » nous offrant une garantie contre la tragédie, il nous faut évoluer au centre de l'événement « où à présent s'enjambent les signes. » Allégorie fantomatique, Chant de la tête arrachée déploie des signes s'aveuglant les uns les autres, où chaque signification, parce qu'elle fragmente les significations qui lui coexistent, fait apparaître la malhonnêteté de tout symbole que le lecteur pourrait trouver pour rassasier son désir d'unité. Il y a quelque chose d'inexprimé dans la narration de l'événement que nous font les personnages et c'est cet inachèvement même qui dialectise étrangement l'événement et la tragédie. » Dominique Corneillier
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