"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
La polémique concernant l'identité de la traductrice néerlandaise (puis du traducteur catalan) des textes d'Amanda Gorman marqua les esprits par sa virulence. Mais au cÅ«ur de cette affaire se trouve finalement un questionnement assez simple : faut-il ressembler à l'auteure pour pouvoir la traduire ? Cette polémique ne fait qu'interpeler de nouveau, en somme, la légitimité du traducteur. Mais il est vrai qu'en s'ancrant sur le terrain de l'identité, elle questionne le manque de diversité (réel ou supposé) de la profession. Elle vient aussi s'ajouter à d'autres problématiques : certains soulignent par exemple l'asymétrie excluante du marché littéraire, qui invisibilise de nombreux professionnels de la traduction. Dans ce moment particulier, alors que se combinent plusieurs interrogations, il apparaît tout spécialement utile de donner la parole aux traductrices et traducteurs.
Si l'on élimine les docteures qui aiment s'entendre gloser et étaler leur science de la "traductologie", de "l'acte traduisant" et autre verbiage encore épaissi d'une strate d'opacité pseudo égalitaire (iels - toustes, du ou de la locuteur.rice, etc.), il reste quelques articles intéressants qui font réellement avancer le débat.
Il est toutefois interpellant de constater que cet ouvrage consacré à la polémique qui a secoué la traduction du poème d'Amanda Gorman lors de l'investiture de Joe Biden se résume plus à un débat sur la diversité du monde de l'édition que sur la traduction... Réflexions philosophiques, interrogations nombrilistes et autres considérations pécunières ne sauraient masquer le seul vrai débat : celui de la compétence ! Il ne suffit pas de connaître réellement ou prétendument plusieurs langues pour être traducteur ! Il ne suffit pas d'avoir une âme d'auteur ou de l'être pour être traducteur ! La traduction, qu'elle soit littéraire ou "pragmatique" (sic!) requiert de nombreuses compétences et capacités. Et non, une jeune femme noire, même persécutée en raison de sa couleur, mais sans aucune compétence en traduction ne traduira pas mieux qu'une autre personne ayant une autre identité mais des compétences dans ce qui est réellement un métier.
"Il ne faut pas avoir tué son père et couché avec sa mère pour traduire Oedipe roi" (Frank Heiber)
Que faut-il penser de ce nouveau terme "traduction pragmatique", inventé par les très prestigieux traducteurs littéraires pour désigner les tâcherons qui s'attachent (s'abaissent ?) à d'autres types de traductions ? Pour ma part j'en pense surtout, à la lecture de cet ouvrage, que contrairement aux traducteurs littéraires, pour certains gonflés d'orgueil, la plupart des "traducteurs pragmatiques" vivent (bien) de leur métier...
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