"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
"Y a rien de plus bordélique que d'écrire un livre : on bosse toute la journée, on est mal payé, incompris, on doit gérer le quotidien tout en réfléchissant à s'en perforer le cerveau du matin au soir. C'est le drame pour la vie sociale. Laissez-moi vous raconter...".
Ainsi commence cette chronique d'un trentenaire, jeune père de famille, qui n'arrive plus à exercer son métier (d'auteur de bande dessinée) après le décès d'un être proche. Les pages oscillent d'une chronique familiale humoristique à des thèmes plus noirs. L'auteur aborde des sujets aussi divers que les avantages et inconvénients de la drague sur les réseaux sociaux comparés à ceux de la vraie vie, la facilité (totalement injuste et injustifiée) avec laquelle les grands-parents arrivent à faire faire à peu près n'importe quoi à leurs petits-enfants (là où, évidemment, les parents rament pour obtenir le tiers du quart...) ou la difficulté de rassurer un enfant de 7 ans quand on doit l'amener à l'école juste après des attentats.
Entre chronique douce-amère d'un père de famille en perte de repères et journal de bord d'un auteur qui chercher à retrouver le goût d'écrire, une tranche de vie drôle et touchante qui dessine le portrait d'une famille du XXIe siècle.
"Family life" a probablement été, pour moi, l’une des surprises les plus inattendues de la sélection littéraire du Prix Orange BD.
Le titre, les dessins et la couverture laissaient présager un ouvrage avant tout humoristique, axé sur la vie familiale, le quotidien, les tracas de couple et l’agitation des enfants.
Autrement dit, je m’attendais à lire une série de sketchs sans originalité, sur un thème déjà souvent abordé, d'autant que le graphisme me faisait beaucoup penser à celui de Zep.
Pourtant, "Family life" est, en réalité, beaucoup plus que cela.
Certes, les gags et les moments familiaux demeurent au cœur de ce récit, et m'ont souvent fait sourire. Mais, sous cet aspect humoristique se cachent en réalité des thèmes bien moins légers qu’il n’y paraît de prime abord.
Le père est un écrivain atteint du syndrome de la page blanche, et peine à retrouver l’inspiration nécessaire pour publier un nouveau livre.
Les questions existentielles se succèdent : comment préserver sa vie sentimentale alors que l’on est parents de deux enfants en bas âge ? Comment élever ses enfants et les préparer à faire face à la vie ? Comment faire face au deuil ?
Toutes ces problématiques ont déjà souvent été visitées et revisitées, mais Jacques Louis les aborde sous le prisme d’une autofiction pleine de pudeur qui dépasse la simple drôlerie, ce qui les rend d’autant plus humaines et sincères.
"Family life" est une découverte plaisante, pleine de tendresse et d’humour. C’est dans son imperfection et ses difficultés à faire face aux aléas de la vie que cette famille se révèle, finalement, extrêmement touchante.
Sans être un chef-d’œuvre littéraire et sans avoir la prétention de révolutionner le genre, cet ouvrage permettra à tous les (jeunes) parents de relativiser toutes les premières fois à vivre en famille, tout en offrant à tous un joli moment de lecture et un bel hommage à la vie.
L'intimité d'un auteur en milieu familial
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Il était une fois un jeune trentenaire, auteur de bande dessinée de SF, qui , après quelques tentatives infructueuses dans le métier si difficile de l'édition, a décidé d'arrêter la SF et s'est lancé plutot dans des dessins humoristiques (sur un blog en premier lieu). Raconter sa vie pro, sa femme, sa routine, ses soucis....; de fil en aiguille, cet auteur se fait remarquer par une maison d'édition et c'est parti mon kiki, voici cette BD qui voit le jour.
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Comme vous avez pû le constater, Family Life est en partie autobiographique. Hormis quelques détails (l'auteur qui perd un proche et a du mal à émerger), tout est relaté.
Des tranches de vie qui parlent de tout et de rien composant la routine d'une famille traditionnelle (mariés, 2 enfants) à l'aube de ce 21eme siècle.
Banal me direz-vous? Oui, en effet. Mais.....
C'est frais, c'est tendre, c'est choquant parfois, c'est touchant.
Les situations m'ont fait sourire (jaune parfois, surtout avec les soucis parentaux :), je m'y suis retrouvée plusieurs fois. C'est tellement "du vécu" !
Plusieurs fois, j'ai pensé à la BD des ados (que mes filles adorent), les Sisters, dont le sujet est assez similaire (un père débordé par ses deux filles).
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Le dessin est avare en couleurs (monochrome) mais il se suffit à lui-même.
Le trait est simple (ressemblant à celui de Titeuf dans le crayonné des personnages).
L'humour pince-sans-rire est toujours en filigrane. Beaucoup d'émotions (notamment en fin d'ouvrage), la détresse du père est tangible, on sent monter les larmes....
J'ai vraiment apprécié ce recueil de chroniques de famille.
Je n'ai pas vraiment accroché au côté humoristique du livre car n'ayant pas d'enfants, je ne me suis pas identifiée aux diverses situations ici racontées. De plus, j'ai eu l'impression de lire les mêmes blagues sur la parentalité que dans d'autres BD, mais peut-être est ce parce que je ne suis pas concernée par le sujet. J'ai donc globalement trouvé l'humour un peu lourd mis à part quelques gags m'ayant fait sourire.
Cependant, j'ai apprécié le fait que cet ouvrage soit composé à la fois de notes humoristiques et d'aspects plus sérieux, comme le deuil, le syndrome de la page blanche, les problèmes de couples, etc. Cela en fait un livre plus mature que nombre de BD sur la famille.
Graphiquement, j'ai apprécié la fluidité et le dynamisme du trait, bien que le style me rappelle (parfois un peu trop) celui de Zep.
Dans « le chômeur et sa belle » série en deux tomes parus en 2012, l’auteur nous présentait sa vie depuis sa rencontre avec sa compagne jusqu’à l’arrivée de son premier enfant. Il repart ici dans l’autofiction pour ce qu’on pourrait considérer la suite de ces premiers volumes. Comme dans une chanson de Bénabar, la famille s’agrandit, déménage, les parents ont du mal à rester un couple et à entretenir la flamme, parasités qu’ils sont par leurs deux tornades de filles…
Ce quotidien est celui de bien des lecteurs et nombre de situations rappelleront des souvenirs à certains. Là où l’autofiction se fait plus personnelle c’est quand Jacques Louis aborde également la vie de l’auteur de bd et ses moments de doute, ses blocages et ses chagrins. Il parle de la difficulté à rassurer une petite fille de 7ans après des attentats, de sa lutte contre la page blanche après un événement tragique et son livre devient thérapie. Le livre est finalement composé de ce drame comme fil rouge évoqué en trois ou quatre récits clés (dont la magnifique nouvelle graphique finale en 10 pages) et entre ceux-ci viennent se glisser tout un tas de saynètes qui visent à montrer la richesse du quotidien, tous ces moments de vie qui font « la vie de famille » (ou « Family life », titre de l’album).
On a donc un vrai travail de composition et de recomposition. La réalité est traduite dans l’esprit bd : ainsi les fillettes sont comparées à des velociraptors et les animaux de compagnie diabolisés et doués de parole (mention spéciale au Lapin papa Jack l’éventreur !) . Le rythme des petites saynètes est soutenu ; Il y a un gag par page. Le dessin est faussement simple et très expressif. Il n’est pas sans rappeler celui de Zep dans « Happy Sex » ou «Happy Parents» .
Mais c’est aussi une chronique douce-amère. A l’humour se mêle beaucoup de pudeur. Le dessin donne la part belle aux détails et c’est grâce aux détails qu’on peut effectuer une relecture. Jacques Louis distille progressivement une dimension complémentaire au comique ; une petite musique qui joue en contrepoint. Et qui montre la faille dans ce bonheur familial. On comprend alors l’importance de cette photo qu’on sort d’une caisse de déménagement et qu’on pose sur un meuble alors que la pièce est encore vide, d’une lettre de bonne année qu’on écrit presque par habitude, de ces marches bleues qu’on trouve dans le prologue et à la fin de l’album et qui constituent une superbe métaphore de la vie et de ses aléas … Le format à l’italienne choisi et l’absence de délimitations des cases permettent bien de mettre en valeur tous ces petits détails tout comme les bichromies dans les tons pastels. Le dessin respire. On peut s’y attarder, revenir dessus, effectuer une relecture d’un geste qui nous avait paru anodin et qui ne l’est pas tant que cela …
Plus qu’un énième « guide des jeunes parents en BD », « Family life » est un recueil de tranches de vie mais aussi un témoignage poignant de la difficulté à être pour ceux qui restent… C’est un récit sensible à la fois drôle, pudique et délicat qui nous fait passer du rire aux larmes ou au sourire … comme la vraie vie.
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