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Les surréalistes, qui hantaient les cafés et déambulaient dans la ville, étaient très sensibles aux fameux faits divers, qui ont fait le succès de la presse populaire. Le 6 janvier 1919, un certain Jacques V... et un certain Paul B... sont retrouvés morts, étendus nus, côte à côte, dans le lit d'une chambre d'un hôtel de Nantes. Le lendemain, Le Télégramme des Provinces de l'Ouest titrait : « L'OPIUM ! Des jeunes gens s'étaient essayés à fumer le terrible suc. » La revue Littérature ne manquera pas de publier, en même temps que les Lettres de guerre de Jacques Vaché, cette coupure de journal relatant la mort inattendue et brutale de l'ami d'André Breton. De même, lorsque La Révolution surréaliste lance l'enquête : « Le suicide est-il une solution ? », la revue ne se prive pas de reproduire dans ses colonnes une vingtaine de suicides tirés des journaux. Quand Germaine Berton révolvérise le royaliste Marius Plateau, quand Violette Nozières empoisonne père et mère, quand les soeurs Papin se ruent à coups de couteau sur la maîtresse de maison et sa fille, chez qui elles sont employées, les surréalistes prennent fait et cause, par des articles ou des poèmes, pour les femmes criminelles. La poésie est dans la vie, comme dans les faits divers insolites ou passionnels.
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