"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Ce commentaire a été écrit pour ceux qui veulent boire à la source, là où l'eau reste toujours fraîche et pure. Pour s'y désaltérer, il faut y venir avec la soif du don de Dieu. Il en est de la parole du Seigneur comme de sa chair. Réduite à sa réalité toute matérielle, « elle ne sert à rien; c'est l'Esprit qui vivifie ». Elle sauve ou perd, selon qu'on se livre ou non à sa vertu divine.
Pourquoi envier le sort des contemporains de JésusChrist ? Beaucoup de ceux qui l'ont vu et entendu n'ont pas cru en lui, plusieurs l'ont persécuté, d'autres l'ont mis à mort. Pour être maintenant dans le ciel, assis à la droite de son Père, le Christ ne cesse pas d'enseigner: au milieu de nous. Son Évangile redit sans cesse au monde la « bonne nouvelle », dont il fut le messager.
Entre nous et le Maître il y a sans doute le témoignage du disciple; mais l'évangéliste est un témoin de la première heure. Le publicain Lévi, devenu l'apôtre de Jésus, peut bien dire, lui aussi, comme Jean son « condisciple » : Nous l'avons vu et nous lui rendons témoignage. A cette fin, l'Esprit du Sei- gneur lui inspira de nous laisser par écrit un précis des actions et des discours du Fils de Dieu.
Telle est la croyance de l'Église. Elle repose sur une tradition unanime et constante. Il est historiquement certain que l'apôtre saint Matthieu est l'auteur du premier de nos évangiles. Nous avons à ce sujet une série ininterrompue de témoignages catégoriques remontant jusqu'aux origines. Eusèbe de Césarée (265-340), qu'on appelle à bon droit le « père de l'Histoire ecclésiastique », les a cités en les appréciant. Les témoins du Ille siècle: saint Pantène, Clément d'Alexandrie, Tertullien, Origène, faisaient écho à de plus anciens: aux apologistes du ne siècle, notamment à saint Irénée de Lyon, à Papias de Hiérapolis, en Phrygie, qui, par l'intermédiaire des « presbytres », se rattachaient eux-mêmes à Polycarpe de Smyrne, et surtout à Jean d'Éphèse, le disciple bien-aimé, l'un des Douze, le dernier de ceux qui avaient vu le Seigneur. En attribuant le premier évangile à saint Matthieu, tous ces témoins s'expriment comme on parle d'un fait connu et incontesté .
Il est plus difficile de préciser la date. Cependant, on peut tenir pour certain que la composition de l'évangile selon saint Matthieu a précédé la ruine de Jérusalem, arrivée en l'an 70 de notre ère. C'est ce qui résulte du témoignage de saint Irénée. Eusèbe ne craint pas d'assigner une date plus primitive encore. D'après lui, « Matthieu, après avoir évangélisé les Hébreux, leur laissa par écrit son évangile avant de partir pour prêcher aux nations païennes. » (HE. III, XXIV) Dès lors, notre évangile daterait du milieu du 1er siècle, vingt ou vingt-cinq ans environ après les événements dont il a fait le récit.
Toute l'antiquité certifie que le texte original de saint Matthieu était écrit en hébreu. Entendons par là le dialecte sémitique, parlé par le peuple en Palestine, du temps de Jésus-Christ; la langue dans laquelle saint Paul harangua la foule à Jérusalem, le jour de son arrestation (Act., XXI, 40). Cette langue était l'araméen, qui depuis la captivité de Babylone avait graduellement supplanté l'hébreu. Celui-ci n'était plus employé que comme langue liturgique pour la lecture de la Bible, qu'on commentait au peuple en araméen.
Le sort de ce texte, précisément à cause de sa langue, fut lié aux destinées de l'Église palestinienne. On sait qu'elle disparut dans la catastrophe qui bouleversa de fond en comble le monde juif, en l'an 70. Pendant cette crise suprême, les chrétiens de Palestine, qui préféraient l'unité catholique au particularisme judaïsant, se réfugièrent dans la région de Pella, au delà du Jourdain, où ils ne tardèrent pas à se fondre dans les communautés de langue grecque. Les autres, devenus hérétiques sous les noms d'Ébionites ou de Nazaréens, végétèrent obscurément en attendant de s'éteindre. Il est difficile de dire dans quelle mesure l' oeuvre du premier évangéliste subsistait encore dans « l'Évangile selon les Hébreux », trouvé par saint Jérôme à Césarée de Palestine et à Bérée de Syrie (Alep), vers la fin du IVe siècle, et traduit par lui en grec et en latin. [.] Un commentaire n'a d'autre but que de mettre le texte à la portée du lecteur. Saint Jérôme avertissait les interprètes de l'Écriture, d'insister sur les textes obscurs et de passer rapidement quand le sens s'offre de lui-même. Il se plaint qu'un grand nombre aient conduit leurs commentaires d'après la méthode inverse : abundant in planis, deficiunt in salebrosis. A la suite de ce prince des interprètes, nous avons donné toute notre attention aux sentences doctrinales dont la profondeur tient, tout à la fois, au fond et à la forme. Elles nous révèlent le mystère du Royaume ,des cieux en style parabolique, avec une formule paradoxale, dans un milieu géographique, historique et moral, bien différent de celui où nous vivons, nous Occidentaux du xxe siècle. On a visé à la brièveté, mais il n'a pas été au pouvoir de l'auteur de faire plus court. Le moyen de dire en quatre lignes le sens d'une béatitude, d'une demande de Notre Père, du précepte fait par le Maître «de céder à la violence du méchant ! » [.] A deux ou trois exceptions près, les notes renvoient exclusivement au texte même des Écritures. Le lecteur s'apercevra sans peine que ces références ne sont pas du remplissage, elles signalent des textes parallèles ou complémentaires, donnant au texte de saint Matthieu précision et ampleur. Cette concordance, non plus seulement verbale, mais « réelle », comme on dit, est utile; voire même nécessaire, étant donné le caractère unilatéral de la sentence évangélique. Dans le genre gnomique, on envisage un objet comme s'il était seul au monde, comme s'il n'avait qu'un aspect. En réalité, l'enseignement de l'Évangile tient compte de tous les points de vue ; mais il laisse au lecteur de faire la synthèse, en groupant et en comparant les passages, qui concernent un même sujet (voir p. 60). L'Évangile parle en divers endroits des conditions que doit réaliser la prière, pour qu'elle soit infailliblement exaucée; et, chaque fois, il le fait comme s'il n'y avait pas d'autres conditions que celle dont il traite présentement.
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