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Bobby, 14 ans, s'amuse à lancer des cailloux sur des voitures. L'un d'eux touche une conductrice qui perd le contrôle de son véhicule et meurt dans l'accident. Elle avait 18 ans et était la fille de Jack, un redresseur de torts mandaté par les gens modestes de son quartier pour intimider les escrocs et autres sales types. Quelques années plus tard, Jack s'inscrit à un atelier d'écriture dans l'espoir d'exorciser sa douleur et noue avec la jeune femme qui l'anime, Lily, une relation quasi filiale. Mais il se trouve que le hasard des familles recomposées fait d'elle l'ex-belle-soeur d'un Bobby qui n'a rien perdu de sa capacité à s'attirer des ennuis.
Les personnages de Boyle, tous liés entre eux par un destin aveugle, dessinent à la manière d'un Balzac américain le portrait de Brooklyn.
Je vais reprendre ma critique de "La cité des marges" mais je vais changer la fin car, cette fois-ci, tous les ingrédients ont fait de cette comédie noire un roman passionnant.
Des personnages attachants et haut en couleurs, des dialogues acérés, la chaleur de Brooklyn, des deuils insurmontables, des âmes perdus et beaucoup de fantômes.
Les acteurs de l'intrigue vivent à proximité, se connaissent parfois de loin et dont les histoires vont se percuter et même drôlement se percuter.
C'est bien écrit, c'est sombre, c'est triste et c'est émouvant.
J'ai adoré.
William Boyle nous entraîne à nouveau au cœur de Brooklyn et nous offre un superbe roman noir empli d’humanité. Dans ce quartier en perpétuel mouvement, des mafieux sévissent, les jeunes rêvent d’ailleurs sans pouvoir s’échapper et des tragédies sociales se jouent en silence. C’est là que prend naissance l’intrigue de ce roman à la fin des années 90. Deux adolescents désœuvrés jettent des cailloux du haut d’un pont et atteignent de manière fatale une jeune automobiliste. Un geste irréfléchi lourd de conséquences.
Dans ce récit, il y a plusieurs histoires, ce qui permet à l’auteur de mêler très habilement les codes du roman noir à une étude de caractères subtile. Il se focalise sur la vie de ses personnages avec beaucoup de sensibilité, tisse des liens entre eux jusqu’à ce que leurs destins se rapprochent irrémédiablement pour finir par se croiser quelques années après le drame.
Si les activités douteuses des escrocs, les règlements de comptes, les crimes perpétrés par les gangsters entretiennent la noirceur de l’intrigue, c’est surtout la manière dont William Boyle explore l’âme, les fêlures et les zones d’ombre de ses personnages qui retient l’attention, la manière dont il se concentre sur leur vie. Une vie qui donne et reprend sans état d’âme, qui façonne les destins. Celui de la jeune Amélia qui se rêvait écrivain et meurt dans cet accident tragique, celui de Bobby, le coupable, rongé par le remords et toujours englué dans les ennuis, du père, Jack, inconsolable, dévasté par le chagrin et la colère. Cet homme, qui porte le récit sur ses épaules, redresseur de torts à ses heures, anéanti par les deuils successifs, devient encore plus émouvant lorsqu’il trouve dans un atelier d’écriture animé par la jeune Lily une manière d’exorciser sa douleur, lorsqu’une étincelle paternelle se rallume en lui et lui redonne goût à la vie.
William Boyle excelle à écrire la complexité de l’humain. Son empathie pour ses personnages est palpable, comme s’il y avait une petite part de lui dans chacun d’eux, un peu de la vie de Jack, un peu des passions de Lily pour la littérature ou de Francesca pour le cinéma. Il pose un regard d’une grande bienveillance sur ceux que la vie n’a pas épargnés, se penche aussi sur ceux qui ne sont pas toujours fréquentables.
Au fil du roman, il décline les thèmes qu’il affectionne, les trajectoires de vie qui s’entrechoquent, le hasard qui donne des tournures inattendues à la vie, l’amour, le sens de la famille, celle qu’on se choisit, qu’on recompose et le chemin si difficile qui mène au pardon, à la résilience. La littérature, le la musique et le cinéma sont omniprésents, donnent du sens au monde, à la vie. Quel autre remède que l’art pour adoucir les chagrins ?
En poursuivant son exploration quasiment cinématographique de Brooklyn, du quartier où il a grandi, il donne au récit une atmosphère particulière, enveloppante et mélancolique et on lui emboîte le pas sans hésiter.
William Boyle écrit à hauteur d’homme. En fabuleux conteur d’histoires, il fait surgir de la lumière et de l’amour au beau milieu de la noirceur. Éteindre la lune est un roman profondément humain, à la fois émouvant et tendre, sombre et lumineux. Une très belle réussite !
-Shoot the moonlight out - William Boyle - Traduit par Simon Baril - Éditions Gallmeister
Bobby, 14 ans, et son pote Zeke s'ennuient ferme en cet été 1996. Pour s'occuper, ils s'installent sur le pont Verrazano du haut duquel ils balancent du ketchup, des ballons remplis d'eau ou encore des balles de tennis sur les voitures qui roulent en contrebas.
Leurs exploits n'ayant pas d'impact sur la circulation, ils décident de passer à la vitesse supérieure en lançant des pierres. L'une d'entre elles frappe à la tempe une jeune conductrice prénommée Amelia, la tuant sur le coup.
Ce qui devait être une bonne blague vire au drame.
Quelques années après la perte de son épouse, Jack, le père de la morte, une aspirante-écrivaine, est de nouveau endeuillé. Professionnellement, Jack est un redresseur de torts et un défenseur de toutes les victimes : d'inceste, de viol, d'escroquerie... Et pour rendre justice à ses « clients », il considère que tous les moyens sont bons, y compris les plus radicaux.
Cinq ans plus tard, toujours seul et accablé par la douleur, il se rend dans un atelier d'écriture animé par Lily, une jeune femme qui lui rappelle Amelia.
L'amitié et l'amour des mots vont lui redonner le goût de vivre.
Trop beau pour être vrai se dit le lecteur face au récit qui balance entre la mièvrerie et la violence qui règne à Brooklyn, personnage à part entière du roman, avec sa misère, ses mafieux et ses dealers.
D'autant plus que William Boyle, originaire de cet arrondissement de New York, convoque d'autres personnages tout aussi fracassés que Jack et Amelia.
Un peu trop feelgood pour moi !
http://papivore.net/litterature-anglophone/critique-eteindre-la-lune-william-boyle-gallmeister/
Avec William Boyle, Brooklyn ressemble toujours à un village. Tôt ou tard, on se croise, tôt ou tard, on se retrouve. Ses personnages ont grandi et travaillé dans ce quartier dont les enfants tentent de s’échapper sans savoir comment s’y prendre. Les noms italo-américains comme Santovasco, Cornacchia et Brancaccio y sont monnaie courante.
Avec William Boyle, on croit lire un roman policier mais les crimes ne sont pas le moteur de l'histoire, ce sont les personnages. Les crimes ne sont que des catalyseurs qui affectent les destins.
« Éteindre la lune » se passe à la fin des années 90 et au début des années 2000. Des gamins s’amusent à lancer des pierres sur des voitures. Un jeu innocent qui vire au drame et qui va briser plusieurs vies.
On entre dans une mosaïque complexe de personnages interconnectés, chacun coincé dans ses ornières. Les chapitres passent d'un personnage à l'autre et, si au début, vous vous demandez pourquoi vous en apprenez autant sur un tel ou tel, vous comprenez vite les liens qui vont les réunir. Vous attentez la confrontation finale où les secrets seront révélés, les crimes passés mis en lumière et la rédemption enfin trouvée.
Magnifique portrait de vies qui s'entrechoquent au tournant du siècle, ce roman est à la fois tragique et tendre.
Je suis admirative de l'habileté de l'auteur à jongler entre tous les protagonistes sans en laisser un de côté, à la sensibilité qu’il met dans son histoire, à la justesse de ses dialogues.
Bref, le dernier Boyle est bon, très très bon.
Traduit par Simon Baril
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