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Betty s'efforce de vivre mais, à la nuit tombée, elle se cache et boit pour oublier la mort de son mari, Simon, et pour se souvenir de sa mère. Elle s'abrutit et s'effondre. Dans sa quête de la vérité, les images reviennent peu à peu. Des clichés tendres de l'enfance, une mère trop belle pour être vraie, des souliers rouges... et cette question lancinante : " Elle est où, maman ? " Cathy Galliègue aborde dans Et boire ma vie jusqu'à l'oubli un sujet tabou, celui de l'alcoolisme féminin, et nous offre un roman sans filtre sur la mémoire et le deuil, un diamant brut plein d'humanité et d'espoir.
Après une carrière dans l'industrie pharmaceutique en France, elle est partie vivre en Guyane, où elle a animé pendant un saison une émission quotidienne littéraire sur la chaîne Guyane1ère et où elle se consacre désormais à l'écriture. Son premier roman, La nuit, je mens (Albin Michel, 2017), a remporté un succès d'estime, il est sélectionné pour le Prix Senghor 2018. Et boire ma vie jusqu'à l'oubli est son deuxième roman.
Très chère Betty,
Je suis subjuguée. Je suis anéantie. J’ai été littéralement hypnotisée par votre histoire. Une vie jalonnée de pertes, d’abandon, de souffrances et même de négligences dès votre plus jeune âge. Une mère perdue, son absence d’amour et d’attention pour sa petite fille, celle que vous avez été, celle qui a tant désiré la surprendre, l’étonner… Comment une mère peut-elle dire à sa petite fille qu’elle n’est pas belle ? « Une mère poison. »
Et puis il y a eu Simon, que vous avez rencontré, perdu de vue puis retrouvé. Vous vous êtes tant aimés, amour duquel est né votre petit Raphaël. Un sublime petit garçon, en admiration face à son grand-père, qui sous son coup de crayon imagine et dessine des maisons… Mais le destin en a décidé autrement en emportant avec lui votre Simon, à tout jamais.
» Voilà ce qu’est devenue la vie de Betty Songe, mise à l’abri des tracas matériels par un mari qui savait trop bien que tout peut arriver, qui avait vu tant de choses, tant de dégringolades dont on ne se relève pas, qu’il avait tout prévu. Tout. Mais pas cela. »
Alors pour encaisser la dureté et l’enchaînement des évènements, l’alcool fut votre refuge, pour vous faire plonger dans l’abîme, anéantir vos souffrances, combler ces vides béants… Malgré l’état second dans lequel vous mettaient vos ivresses, vos moments de lucidité vous renvoyaient une image de vous, insupportable à vos yeux. Boire fut votre punition.
« Je me suis dirigée vers le troisième inévitable affront : le miroir de la salle de bains. »
« Détruire cette odeur, presser à chaud la chair imbibée de honte. »
Vous êtes une femme comme les autres. Avec ses forces et ses faiblesses, que nul ne peut se permettre de juger, sans avoir conscience de ce que vous avez traversé. Votre passé a été si bousculé…
« Une maman estropiée, cabossée, amnésique… »
« Ce que j’étais devenue était la conséquence de trop de silence. »
A force de secrets, de sujets tabou et cachés, comme il doit être difficile de se construire.
Mais vous savez, à travers vos souvenirs, qui remontent à la surface telles de petites bulles d’air sortant de l’eau, vous avez aussi ravivé les miens, comme celui-ci par exemple : « Parce que l’éponge à ardoise, ça ne sent pas bon, pas comme le petit pot de colle à l’amande. Même la machine avec la manivelle pour faire les polycopiés sent meilleur. On y met de l’alcool à brûler, je crois, ça bave un peu sur le papier, il faut souffler dessus et l’odeur reste collée longtemps aux mots. »
Ce livre est un bijou, d’une puissance fulgurante, d’une force similaire à celle d’une glycine, capable d’exploser les murs les plus durs. Une leçon de résilience ! Intense.
Cathy Galliègue, je vous déclare titulaire d’un deuxième coup de coeur, après celui que je vous avais déjà décerné pour votre fabuleux « La nuit, je mens ».
Si ce n’est déjà fait, découvrez vite la sublime plume de cette auteure hors du commun !
https://littelecture.wordpress.com/2018/11/23/et-boire-ma-vie-jusqua-loubli-de-cathy-galliegue/
Je referme un livre. Je referme un cri.
Intensité. Pudeur. Force.
Ce livre foisonne de chuchotements et de fureur.
Lucide. Un récit qui traite d'un sujet rare. L'alcoolisme féminin.
L'écriture est forte oui. Elle blesse au coeur. Elle parle et cogne. Elle enivre et mélancolise. Elle parle de vivre et de ces blessures infinies. Elle parle d'amour, de tous ces amours qui nous composent. Nous décomposent.
Cathy Galliègue raconte sa Betty, lucide par rapport à elle-même, frappée par un deuil insoutenable. Cette quête d'un passé à comprendre, à revoir. Cet amour fou. S'entremêlent les causes et les conséquences dans un récit beau à faire mal.
Le récit alterne présent et inclurions dans le passé pour mieux comprendre l'aujourd'hui de cette femme.
Betty est une héroïne qui ne trahit pas les Betty. Car je trouve que ce prénom est un vrai prénom d'héroïne oui. Mais j'ai trop vu 37°2 LE MATIN de Beineix … Ca laisse des traces. Betty. Mythique. Une femme. Les femmes.
J'ai découvert une auteure qui écrit fort. Qui écrit vrai. Qui écrit pour de vrai. Qui nuance la mélancolie. Qui fait du bruit. A pas feutrés.
Le fracas de l'enfance. Celui de l'absence, du deuil. Tant de bruit, tant de fureur à l'intérieur d'elle-même.
Entrecoupé de citations belles à frémir d'auteurs comme Sagan, Rimbaud ou Duras et qui offre un rythme, un souffle encore plus terrible à ce roman.
Et la seule issue. L'alcool. L'alcool qui pète la tête. Sa honte qui imprègne l'être.
Le doux murmure de la maternité. Qui sauve ? Qui retient ? Qui empêche de …
Cathy Galliègue signe un petit bijou d'humanité. Un vrai magnifique portrait de femme. Blessée mais toujours vivante. Vivante mais à jamais blessée.
Un livre que je vous hurle de lire, moi, il m'a bouleversé.
Betty a retrouvé Simon. Avec le même émoi qui la remuait quand femme avant l’heure à l’intérieur, elle s’abîmait le cœur en l’écoutant chanter Ma liberté, « devant [ses] volontés [son] âme était soumise », dernière année de colo à Saint-Malo. Betty a retrouvé Simon : il est des hasards qu’on appelle destin. Ce même destin qui le lui a arraché trop tôt, trop vite, un matin d’hiver. Il est toujours trop tôt pour ces adieux-là. Elle l’aimait, son Simon, avec la maladresse de ceux qui aiment trop, elle n’avait pas même prévu de lui survivre. Elle a repris le dialogue avec Françoise (Sagan), sa Françoise, qui fut un temps, semblait n’avoir écrit que pour elle. Qui d’autre pourrait comprendre ? Betty ravale son chagrin à coup d’alcool, puis sa honte, à coup d’alcool. Simon avait balayé les questions sans réponses, il n’y a plus que l’alcool qui réponde (à) présent. Comme pour partager son linceul, elle n’a pas changé les draps et se blottit dans ses chemises. Pour oublier, pour se souvenir. Et puis son père découvre le pot aux roses (au rouge ?), jusqu’où croyait-elle aller ? Avachie sur le trottoir de sa vie, cinq ans qu’elle ne va plus nulle part, que son fils verse seul ses céréales dans son bol le matin, et qu’elle perd consistance. Éthylosubstance.
Droite et fière, une paire de cerises sur l’oreille, la petite Betty ne cédait pas, ne mentait pas. C’est cette petite fille qui demeure en elle qu’elle va devoir laisser parler pour se relever. Il va lui falloir démêler ses jeunes années, parce que c’est bien là que tout a commencé :
« Elle est où, maman ?
— Elle est partie. »
À travers une Betty Songe toutes tripes dehors, l’auteur explore le pouvoir de la mémoire. Les absents n’ont jamais été aussi présents qu’autour de cette héroïne ravagée par la vie. Pied d’argile, sa mémoire traîtresse a repris ses droits à la mort de Simon. Où est partie cette femme trop attachée à sa sensualité pour regarder grandir sa fille ? La confiance viciée, ne demeurent de Betty que la veuve, la mère, et la gamine abandonnée, on a toujours besoin de l’amour de celui qui n’est plus là. C’est pourtant seule qu’elle va devoir panser l’oubli, (se) poser les questions, sans plus désinfecter les plaies, poser la bouteille.
Avec ce deuxième roman, qui met en lumière l’alcoolisme féminin, peu abordé dans la fiction, ces femmes qui se pensaient « plus fortes » mais qui souffrent plus qu’on en peut endurer et découvrent un jour que sans l’Autre, elles ne sont plus rien, Cathy Galliègue confirme son art de vous laisser sur le carreau, le cœur en tout petits morceaux, presque sans le faire exprès. Les références montent aux yeux, la beauté des mots fait dresser le poil. De page en page, elle donne tout avec naturel, avec ce qui bouillonne viscéralement en elle : la grâce.
Betty Songe a perdu son mari, c’est une déchirure qui ne peut pas devenir un deuil, car elle refuse l’idée même de sa mort, de sa disparition, et sombre dans un chagrin noyé d’alcool. Pourtant Betty est mère, et son fils est là, qui attend son amour, son attention, qui a besoin d’elle.
Alors pourquoi Betty sombre-t-elle ? Peut-être à cause d’une mère absente ? Il faut dire que pendant ces années d’enfance où chacun a tant besoin de ses parents, la seule réponse de son père à la question lancinante de sa fille « Elle est où, maman » sera « Elle est partie ». Sans doute est-il aussi désespéré qu’elle face à ce vide. Mais cette absence d’explication crée une blessure indélébile, profonde, qui marque l’enfant, puis la femme qu’elle devient. Celle qui cherche toujours cette présence qui lui manque, qui cherche à comprendre cette fêlure qui de discrète se fait prépondérante dans cette vie d’amours brisés, manque d’une mère, mais manque aussi de cet amour qui l’a abandonnée, qui est parti lui aussi…
Peu à peu se dessinent une vie, des relations, des silences et des béances affectives qui bouleversent la vie de Betty...
La suite de ma chronique sur le blog https://domiclire.wordpress.com/2018/10/12/et-boire-ma-vie-jusqua-loubli-cathy-galliegue/
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