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Longtemps on n'a guère accordé à l'histoire de Clérieux (autrefois Claria, Clariacum, Cleriacum et même Cloregium, puis Clérieu), toute l'attention que méritait cette commune qui fut d'abord une seigneurie, puis une baronnie. On trouve généralement chez les historiens qui ont précédé Anatole de Gallier quelques informations succinctes qui ne conviennent pas à une terre illustrée par des généalogies de renom et dont la baronnie comptait, au temps de sa splendeur dix-sept communes du département de la Drôme : Clérieu et Saint-Bardoux, Veaunes et Marsas, Chanos et Curson, Beaumont-Monteux et la Roche-de-Glun, Claveyson et Saint-Jean-de-Mureils, Montchenu et Baternay, Miribel-en-Valclérieu, Margès et Mercurol, Larnage et Croze. Passionné et méthodique, notre auteur, lui, ne néglige aucun détail et après avoir présenté le site de Clérieu - « le village, autrefois entouré de remparts, dont on aperçoit çà et là quelques vestiges, s'étale au pied de sa vieille église sous le vocable de Notre-Dame » - il en évoque les origines (lointaines : galloromaines), puis l'irruption dans l'histoire, avec Silvion, le premier seigneur de Clérieu, en 994, dont la dynastie va régner sur les lieux jusqu'au début du XIVe siècle. C'est le temps des guerres seigneuriales, de l'acquisition, par la force, de biens d'Église et de fiefs qui vont devenir héréditaires.
Roger II voudra même imposer à saint Louis, en partance pour la croisade, le péage du château de La Roche (1248) et on reprochera à son successeur Silvion d'avoir donné asile, dans ses châteaux de Clérieu et de Pisançon, aux assassins de Raynaud Galbert, l'homme-lige du Dauphin et à Guosilet de Vatilieu, impliqué dans le meurtre du seigneur de Vinay. Malgré l'action bénéfique et régulatrice de l'Église, les temps sont toujours aussi rudes et si Guillaume Graton, seigneur de Clérieu, négocie auprès de Philippe le Bel, la paix entre le Dauphiné et la Savoie, avec quelques autres personnages d'importance (1308), on déplore (en 1332) l'enlèvement de Bertrand de la Chapelle, archevêque de Vienne, par Guillaume de Poitiers, un crime dont il devra se repentir publiquement après avoir relâché le prélat. La violence ne cesse pas pour autant et sous les Poitiers, cupides et guerriers, la baronnie de Clérieu, déchirée par les affrontements et les démembrements, perd peu à peu son autonomie. À partir de 1594, sous les La Croix-Chevrières et sous l'influence grandissante de l'autorité des souverains (extension d'attributions de la justice royale, présence d'armées permanentes), la féodalité locale perd du terrain et ce processus s'accentue jusqu'à la Révolution : le château de Clérieux a été démantelé au XVIe siècle, après la condamnation de Jean de Poitiers et le vandalisme révolutionnaire aura raison de la nouvelle résidence seigneuriale. Par ailleurs, la commune souffrira, en 1814, de l'occupation autrichienne. L'époque contemporaine commence, à Clérieux, sous ces sinistres auspices.
© Micberth
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