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Cet ouvrage vise à dégager les différences entre le concept esthétique éminemment politique de l'illumination profane de Walter Benjamin et les épiphanies délibérément apolitiques de Peter Handke, de cinquante ans le cadet de Benjamin. L'étude de thèmes communs à Benjamin et Handke tels que «le flâneur», «l'aura», «la durée», «l'enfance» permet de comparer les approches littéraires et les théories esthétiques des deux auteurs. En regardant de près leur rapport à l'histoire et à la mémoire, on peut nettement distinguer le théoricien de la modernité Walter Benjamin de Peter Handke qu'on range souvent dans la littérature de la post-modernité. Tandis que Benjamin cherche à disséquer, à «mortifier» les idéalisations de la littérature dans une analyse historique et critique, Handke est à la recherche d'une nouvelle aura littéraire et d'une durée transcendante et réconciliatrice en dehors du temps et de l'histoire. Mais, malgré toutes les tentatives d'exclure la réalité historique et «mauvaise», l'histoire refoulée finit souvent par faire irruption dans les textes de Handke. C'est dans ces moments où la fuite dans la belle apparence débouche sur un échec que les textes de Handke prêtent le flanc et s'ouvrent à la critique. Ce n'est qu'en les lisant à rebrousse-poil et en évitant de succomber à leurs idéalisations que les textes handkéens peuvent être, au sens benjaminien du terme, «sauvés» par le lecteur.
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