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Éparpillements

Couverture du livre « Éparpillements » de Loivier Camille aux éditions Isabelle Sauvage
Résumé:

Que savons-nous des choses ? Que savent de nous les choses ? Dans une obsédante danse macabre des morts, des vivants et des choses, où l'usage musical des blancs venus absorber la ponctuation donne le rythme, les Éparpillements de Camille Loivier esquissent une réponse. Les objets s'adressent à... Voir plus

Que savons-nous des choses ? Que savent de nous les choses ? Dans une obsédante danse macabre des morts, des vivants et des choses, où l'usage musical des blancs venus absorber la ponctuation donne le rythme, les Éparpillements de Camille Loivier esquissent une réponse. Les objets s'adressent à nous (ou est-ce l'auteure qui nous parle au travers des objets ?) : « je suis l'horloge je sonne je répète l'heure » ; « je suis la table de tes premiers écrits », puis, plus loin, non sans humour : « tu me tapes sur les nerfs moi la table de tes premiers écrits » ; « je suis le matelas », qui a porté pendant des années « les deux corps de ta mère et de ton père »... Ils nous racontent, ils nous bousculent, ils disent leur vie persistante longtemps après la disparition de leur propriétaire : « je suis la vieille éponge ratatinée tombée à terre dans la salle de bains ».
Et rien n'est oublié, rien ne s'oublie, ni les maisons qui « passent de main en main », provoquant « les ecchymoses des lieux que je ne connais pas », ni leurs occupants, meubles, hommes ou bestioles. Vanité des vanités, l'omniprésence des insectes - papillons de nuit, « moines réincarnés » s'immolant aux lampes, « danse folle » des mouches ou araignées, « hôtes véritables » de la maison - inscrit le texte dans la longue tradition artistique du memento mori.
Tout au long des trois cahiers « qui se tiennent par la main » et qui constituent Éparpillements, les trois concepts du temps, aiôn (durée de la vie, destinée), chronos (le tout du temps, relatif au présent) et kairos (l'instant opportun), ainsi que nombre de figures mythologiques, nous rappellent en effet que « la mort nous guette mais la vie nous démange », nous entraînant dans son tourbillon, dans le mouvement et l'emballement des choses. Alors surviennent, comme des épiphanies, des irruptions d'instants qui ajoutent de la valeur au monde, le rêve du désert ou le rêve d'« avoir une maison vide au fond de soi ». Et, peu à peu, les choses « nous laissent partir », « les maisons retournent à la mer » « car la nuit tombe tôt ».

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