"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Le 23 juin 1837, les autorités de Genève ordonnent d'abattre Miss Djeck, éléphant de spectacle. Quelques minutes plus tard, le Dr Mayor, chirurgien, dissèque l'animal au nom de la science. Quant aux Genevois, ils se régalent de pâté d'éléphant pendant les jours suivants.
Mais en Europe, l'opinion s'enflamme et tourne un regard courroucé vers la Cité de Calvin. Un journal français traite les Genevois de «cannibales. À Londres, on pleure la star assassinée. Pourquoi tant de larmes et de colère? Parce que Miss Djeck, actrice et savante, a enchanté les têtes couronnées et le peuple pendant près de vingt ans, en Europe comme aux États-Unis.
Sous ses aspects anecdotiques, cette histoire incroyable révèle une époque, celle de la folie des élites européennes pour les animaux exotiques, de la mode des ménageries ambulantes et des pièces de théâtres «animalières», mais aussi celle des débuts de la zoologie et de sa discipline reine, l'anatomie comparée, qui découpe pour comprendre et qui lègue tous les morceaux aux muséums naissants.
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