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Au cours de l'année 1987, l'évêché d'Antwerpen (Anvers) en Belgique, célébrait le 25ème anniversaire de sa création. Une journée solennelle clôturait l'année, le dimanche 29 novembre. L'évêque d'Anvers, Mgr Paul Van den Berghe, et son Conseil pastoral, voulurent que cet ultime rendez-vous soit placé sous le signe de l'avenir.
« Kijken naar morgen », scruter l'avenir, était le slogan de cette journée. Parmi les questions posées à l'Église de demain figurait en bonne place celle de la grande pauvreté. Sous le titre « Église et Quart Monde », le programme de la journée indiquait :
« L'option préférentielle de l'Église pour les pauvres puise, à l'évidence, ses racines dans l'Évangile. A l'avenir, conduite par l'Esprit, l'Église sera indubitablement présente au coeur de la misère. La seule voie pour évangéliser notre monde est celle-ci : épouser la disposition d'esprit et le comportement du Christ qui s'est toujours identifié aux plus petits. De l'Église et du Quart Monde, c'est le père Joseph Wresinski, fondateur du Mouvement ATD Quart Monde, qui nous parlera ».
Le texte du Père Wresinski, précédé d'un avant-propos de M. André JACQUES, que la même foi en Jésus-Christ a conduit à un combat incessant contre toutes les violations des droits de l'Homme, notamment dans le cadre de son engagement au sein du Conseil Oecuménique des Églises à Genève, reproduit celui prononcé le dimanche 29 novembre 1987, dans les locaux de l'Université d'Anvers, en présence de 200 à 300 personnes. Le père Joseph Wresinski y développe, jusqu'à ces fondements intimes, sa vision des droits de l'Homme dans leur lien intime avec ce qu'il appelle les droits de Dieu. Ce texte complète d'une certaine façon, ou plutôt, accomplit la réflexion qu'il conduisit sa vie durant, et tout particulièrement en cette année 1987, sur les liens entre la grande pauvreté et les droits de l'Homme. Rappelons ici que c'est en février de cette année qu'il présenta son rapport « Grande pauvreté et précarité économique et sociale » au Conseil économique et social français. Que c'est au cours du même mois qu'il interpella la Commission des droits de l'Homme des Nations unies à Genève sur la question du lien entre misère et droits de l'Homme. Que c'est le 17 octobre de la même année qu'il inaugura la Dalle du Trocadéro qui proclame que « Là où des hommes sont condamnés à vivre dans la misère, les droits de l'Homme sont violés. S'unir pour les faire respecter est un devoir sacré ». Enfin, c'est encore en 1987, qu'en sa qualité de membre de la Commission nationale consultative des droits de l'Homme, il prépara une contribution à la réflexion fondamentale engagée par cette institution, publiée après son décès, dans le rapport « 1989, les droits de l'Homme en question ». Ce texte publié en 1989, et réédité en 1998, et celui que nous publions aujourd'hui, s'éclairent mutuellement. Ils gagnent donc à être lus l'un à la lumière de l'autre.
Le lecteur s'étonnera peut-être des très nombreuses références de l'auteur à la figure et à l'oeuvre de l'abbé Joseph Cardijn, fondateur, en Belgique, de la Jeunesse Ouvrière Chrétienne, la JOC. Elles ne sont pas fortuites. D'une part, le père Joseph Wresinski a lui-même grandi dans la JOC et c'est lorsqu'il était jociste qu'il a découvert sa vocation sacerdotale. D'autre part, la JOC, - la KAJ en Flandre -, a joué un rôle considérable dans l'émancipation de la classe ouvrière très paupérisée. Nombre des laïcs, des religieux, des prêtres présents le 29 novembre étaient, comme le père Joseph, des anciens «jocistes», des « kajotters » comme on les appelle en Flandre.
Enfin, s'adressant à une assemblée réunie autour de son évêque, le père Joseph, prêtre, l'appelle à devenir toujours plus une Église servante et pauvre, cette Église qu'il aime et dont il dira dans le cours du débat :
« J'ai tout reçu d'elle, je lui dois tout et elle m'a toujours laissé une liberté extraordinaire ».
Jean TONGLET
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