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Double vitrage ?
c’est la sécurité acoustique et phonique assurée, à l’abri de tout : des bruits extérieurs, des rencontres, de la vie qui se déroule devant cette veuve de 78 ans, bien à l’abri des nuisances sonores. Elle a ses rituels : café, écouter la radio, lire le journal…
Est-ce vraiment ce qu’elle souhaite l’isolement ?
D’ailleurs quand elle se fait agresser dans la rue, elle a un petit sentiment de peur et de satisfaction.
Ce roman c’est le regard d’une femme sur son passé et son futur qui se réduit de jour en jour, le fait de vieillir et de l’accepter. Elle participe à un club et certains s’en vont. Elle a enterré son mari Guòjón et d’autres amis.
« Ils parlent d’un passé qu’ils sont désormais les seuls à détenir. Ils connaissent des gens qui ne sont plus conservés que dans leur mémoire. »
La vieillesse exprimée est juste, les expressions et les sentiments portent sur cette étape de la vie où d’ailleurs le sentiment amoureux renaît un peu quand elle rencontre un homme de son âge, Sverrir, mais c’est différent :
« Les amours des vieux ne sont pas les amours saines du mariage dont l’objectif est de peupler la Terre.
Elles ne répondent pas non plus aux critères esthétiques, ni à la célébration des plaisirs de la chair dans l’esprit des gens, elles sont au contraire repoussantes lorsque la vieillesse transparente est impliquée. »
Des phrases en italique ponctuent le texte et on ne sait pas trop qui exprime une pensée sur le temps, un regard extérieur :
La vieillesse. Horizon lointain, nébuleux. Crainte dans une société qui valorise la jeunesse, la santé, la vitalité.
Pourtant, les personnes âgées sont toujours en vie. Elles peuvent aimer. Même si cela dérange. L'idée de deux corps usés s'unissant, profitant des derniers instants de leurs vies avant que la mort, la sénilité ne vienne les rattraper.
Tel est le sujet de ce court roman d'une incroyable délicatesse, d'une belle sobriété pour décrire le chant du cygne d'une vie.
Le début est froid, clinique, nous offrant comme une vue de la vie de cette vieille femme. Puis, l'amour arrive, réchauffant les sens qu'elle pensait endormis. Mais la vie est une tragédie dont la fin est toujours la même.
Voilà une très belle lecture émouvante, qui nous confronte à cette perpective inéluctable.
Ce roman, servi dans un magnifique écrin, donne envie de découvrir les autres titres de cette toute jeune maison d'édition.
Parfois les réseaux sociaux ont du bon. Sans les posts de deux relations qui ont plutôt bon goût et n'hésitent pas à sortir des autoroutes "main stream", je n'aurais sans doute pas entendu parler de ce livre. La preuve, je ne connaissais pas cette maison d'édition créée en 2015 et qui mérite que l'on se penche sur son cas, j'y reviendrai. Double vitrage est un court roman comme je les aime, avec un ton, un regard, de l'audace dans le choix de son sujet. Une héroïne de 78 ans, l'exploration de la vieillesse... hum, on a déjà connu plus vendeur. Même en y ajoutant une histoire d'amour, les lecteurs ne vont pas se précipiter. Eh bien, ils auraient tort.
Elle observe le monde depuis sa fenêtre, à l'abri du double vitrage. Elle ne sort plus beaucoup, quelques courses, une réunion avec la bande d'amis qui se réduit au fil des années, et un petit verre au pub du coin de la rue le samedi soir. Son mari, l'homme qui avait brisé sa solitude, rempli les murs de son humour joyeux pendant de longues années est mort désormais. Elle ne sait plus trop ce qu'elle fait là, s'est toujours sentie en décalage avec le monde extérieur dont les échos lui parviennent parfois avec fracas, elle se demande pourquoi ce vieil homme la regarde jusqu'à ce qu'il trouve le courage de l'aborder. Une histoire d'amour ? Maintenant ? Quelle drôle d'idée...
"Toujours la même histoire, un garçon rencontre une fille. Est-ce là tout ce que nous savons faire ? Le dénommé troisième âge ne propose-t-il pas une autre forme de participation ? Une autre forme d'amour ? On n'attend tout de même pas de nous qu'on façonne un petit nid douillet si près de la fin. Tomber amoureux maintenant c'est un soin palliatif de misère."
A travers cette histoire, l'auteure explore un environnement qui se singularise par le rapport au temps de ceux qui ont déjà beaucoup vécu et voient également approcher à grands pas l'échéance fatale. La trop grande expérience peut être un frein à se lancer dans une nouvelle aventure, lâcher prise, consentir au risque, pas si simple. Mais le regard de cette femme, sans illusion mais pas sans espoir est teinté d'un humour caustique qui emporte le morceau. Loin d'être autocentré, il englobe un monde qui court à sa perte, sur fond de crise financière en Islande, de cacophonie médiatique et de dérèglement climatique. Et jette une lumière crue mais tendre sur la réalité des êtres au crépuscule de leur vie, leur quête d'une façon d'être harmonieusement au monde, entre envie de faire encore et renoncement assumé. C'est poignant de lucidité.
"Nombreuses sont les jouissances, pour ainsi dire à portée de mains, qu'elle laissera probablement passer. Elles lui échapperont toujours, probablement comme elles échapperont à ceux qui parcourent le monde à leur recherche. Le divertissement. Quel triste mot. Faire diversion."
Ayez la curiosité d'ouvrir ce Double vitrage, il ne cherche pas à faire diversion et ne laisse pas indifférent.
(chronique publiée sur mon blog : motspourmots.fr)
Derrière les fenêtres de son appartement du centre de Reykjavik, une femme âgée contemple le monde dont les échos lui parviennent comme assourdis. Si son cocon la protège de toute la violence dont elle entend parler, il la soustrait aussi à cette vie du dehors qu'elle contemple comme on regarderait un film ou un tableau. Un chat qui passe, la vie des gens dans les immeubles autour, un homme qui court, des enfants qui jouent. Elle ne fait plus vraiment partie de ce monde et pourtant, elle sort encore un peu pour voir les quelques amis qui lui restent, ceux qui ne sont pas encore morts, se rend au club pour discuter avec Magga, Stefan, va certains soirs au pub boire un verre de gin… Et puis, son frère, ses enfants sont là, ils lui rendent visite, elle n'est pas seule.
Et pourtant...
Dans le fond, se dit-elle, elle a toujours vécu « à la lisière », « au seuil ». Elle est bien chez elle, dans cet appartement où tout lui est cher. Elle écoute les informations, serait prête à descendre dans la rue manifester s'il le fallait… Dans le silence qui est le sien, elle écoute le flux de ses pensées, se laisse porter là où sa conscience l'entraîne, souvent dans le passé…
Mais qui est-il celui qui la regarde et qui semble vouloir se rapprocher d'elle ?
« - Quel âge avez-vous ? demande-t-elle.
- Soixante-quinze ans. Si vous voulez le bilan complet : mon audition n'est pas mauvaise, sauf lorsqu'il y a beaucoup de monde, mes yeux me sont encore utiles et mes genoux sont en piteux état, je marche avec une canne, comme vous avez pu le constater.
- Et l'odorat ?
- Acceptable, merci. Et vous, qu'est-ce qu'il vous reste ?
- L'odorat est devenu plus subjectif avec l'âge, il m'envoie constamment des parfums de ma jeunesse. J'ai probablement cessé de sentir le présent. Je ne suis pas apte à juger le toucher et le goût, je n'en ai pas suffisamment fait l'expérience. »
Elle rencontre Sverrir. Un amour est-il encore possible ? À 78 ans ?
« La seule chose qui ne se soucie guère de l'âge est l'amour, il colore l'existence tout entière, même si les couleurs changent au fil du temps. »
Et si cette relation allait transformer la narratrice ? Si, de celle qui voit, elle devenait celle qui est, par ce monde et dans ce monde qu'elle a tant contemplé sans jamais oser en être vraiment ?
Un texte poétique, intime et délicat qui ne cherche pas à idéaliser la vieillesse ni à masquer les souffrances du corps et les errances de l'âme. Avec beaucoup de pudeur, les mots nous permettent de suivre les pensées d'une femme sensible et perméable au monde. Ces mots nous disent aussi que tout est possible, à tout âge, aussi bien la vie que l'amour. Et c'est tellement beau...
LIRE AU LIT le blog
C’est une vieille dame comme il en existe des milliers. Son mari est mort, ses enfants sont loin. Alors, elle regarde les passants passer à travers le d’oublie vitrage de sa fenêtre qui la sépare du monde, à défaut de regarder la fin qui approche. Le chat qui lève la queue vers le ciel en avançant élégamment, les enfants qui jouent, la neige qui tombe. Et un jour, elle rencontre quelqu’un. Un homme à voir en dehors des clubs de vieux, qui est spécial pour elle comme est spéciale pour lui. Un homme avec qui continuer à vieillir, en espérant que son défunt mari ne lui en veuille pas trop. Mais être en couple a un âge où les projets se font à court-terme, c’est quoi ? Les gens sourient, en se demandant s’ils connaissent les plaisir de la chair. Ça les fait sourire aussi, comme si l’idée de couple se définissait dans un lit. Ils trompent la solitude par choix, pour partager la douceur d’un matin enneigé à deux, avec la sérénité gagnée au fil des années.
C’est un livre de plus qui confirme mon appétence pour les plumes islandaises. Il n’y a pas un mot de trop. Si la relation de deux personnes peut se comprendre en la description d’un geste, alors soit, il n’y aura rien de plus. Poésie et concision sont au rendez-vous pour aborder ce thème touchant, au combien particulier et universel. Une belle lecture à savourer ou à offrir à ceux qui apprécient le style islandais.
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