"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
" D'un côté, tu as une vieille femme, imbécile, méchante, mesquine, malade, un être qui n'est utile à personne [...], d'autre part, tu as des forces fraîches, jeunes, qui se perdent, faute de soutien [...].
Si on la tuait et qu'on prenne son enfant avec l'intention de le mettre au service de l'humanité, crois-tu que le crime, ce tout petit crime insignifiant, ne serait pas compensé par des milliers de bonnes actions [...]. Une mort contre cent vies. Mais c'est de l'arithmétique ! " Cette réflexion de Raskolnikov donne un aperçu de l'impossible logique à laquelle s'affronte Dostoïevski dans ses grands romans, de Crime et Châtiment aux Frères Karamazov - une logique qui rendrait l'homme capable de prendre le mal et la souffrance à bras-le-corps pour se retrouver debout, amoureux de sa propre vie et de celle des autres.
Dans un dialogue critique avec les grands interprètes de l'univers religieux de Dostoïevski - de Soloviev à Berdiaev, de Bachtine à Guardini -, l'essai de Simonetta Salvestroni remonte aux sources bibliques et patristiques de l'oeuvre de Dostoïevski. Sa réflexion, s'enracinant dans une solide connaissance de la tradition de l'Église d'Orient (d'Isaac le Syrien aux startsy d'Optina) - selon les thèmes de " la descente par l'esprit dans le cour " ou de l'expérience du " royaume à l'intérieur de soi-même " -, montre que l'écrivain russe cherchait à traiter des conflits intérieurs, à la lumière de la parole biblique relue dans la tradition spirituelle orthodoxe.
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