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" Recevant sous cette Coupole le père Lacordaire, l'historien et homme d'État qu'était François Guizot l'appela Monsieur. Mais lorsque Jean Guitton, sous la même Coupole, reçut le père Ambroise Marie Carré, un beau jour de février 1976, ne pouvant se résoudre à l'usage, il s'en délesta, et l'appela tout simplement "Mon père". En lui annonçant par ailleurs que la tâche qu'il aurait parmi nous serait difficile, qu'il serait "un religieux honoré, un pauvre accablé d'honneur, un apôtre voué à la grammaire". Je pensais suivre l'exemple de mon prédécesseur et mettre en avant la vocation mystérieuse commune à ceux que nous désignons du nom de père. Mais lisant et relisant votre "Méditation sur l'Église catholique en France", découvrant les travaux et les épreuves propres au ministère d'un évêque, j'ai pris le parti d'hésiter pour m'adresser à vous, entre vos responsabilités en l'Église, Monseigneur, et votre premier ministère, qui est de "réunir les enfants de Dieu dispersés". Père, ce mot magnifique sert nos deux familles, l'humaine et l'ecclésiale. Il relie les enfants que nous avons été à des pères très aimés, le vôtre, le mien, et les hommes qui le veulent bien à un Père invisible, dont vous êtes le messager. Terme que rien ne termine. Je songe aussi à tous ces Pères de l'Église qui vous ont guidé sur la route et que j'évoquerai tout à l'heure. Depuis que les hommes parlent, père est un mot qui n'a subi aucune altération, aucun vieillissement. Les mots travail, famille, patrie furent abîmés un temps au siècle dernier, sous le maréchal Pétain. Les mots liberté, égalité, fraternité ont souffert sous nos diverses républiques et souffrent encore, frappés d'irréalité bien avant de disparaître de nos pièces de monnaie. Les mots peuvent devenir aussi virtuels que les milliards dissipés. Le mot père, lui, reste un trésor... " [Florence Delay]
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