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Différence, différend : Deleuze et Lyotard

Couverture du livre « Différence, différend : Deleuze et Lyotard » de Frederic Fruteau et Corinne Enaudeau aux éditions Encre Marine
Résumé:

Gilles Deleuze et de Jean-François Lyotard sont connus dans le monde entier, le premier pour son invention des « machines désirantes » avec Félix Guattari, le second pour sa promotion du concept de « postmoderne ». On sait généralement qu'ils ont été collègues à l'université expérimentale de... Voir plus

Gilles Deleuze et de Jean-François Lyotard sont connus dans le monde entier, le premier pour son invention des « machines désirantes » avec Félix Guattari, le second pour sa promotion du concept de « postmoderne ». On sait généralement qu'ils ont été collègues à l'université expérimentale de Vincennes (1969-1980), où ils ont animé le département de philosophie pendant de nombreuses années avec leur ami François Châtelet. Avant cela, ils ont pris part aux événements de Mai 68, s'engageant concrètement auprès des étudiants et s'efforçant de dégager les leçons théoriques du mouvement.
Deux éléments sont cependant à ne pas négliger, qui sont au coeur de l'ouvrage Différence, différend : Deleuze et Lyotard. Il faut d'abord souligner que, si le mode d'intervention philosophique de Deleuze et Lyotard a été politique, il ne se résume pas à cela. La question politique s'arrime à une lecture philosophique du monde, de ce qui est, et s'ancre ainsi dans des dispositifs notionnels qui visent à la systématicité. Ainsi, de leur commune traversée du structuralisme, ils ont l'un et l'autre retenu la nécessité d'affronter la question du langage et de la discursivité. Mais ils ont tous deux dépassé le structuralisme, Deleuze en célébrant, avec Guattari, des noces inédites entre marxisme et psychanalyse, Lyotard en construisant le recours du « figural », puis d'une « économie libidinale » qui faisait écho à l'entreprise de Deleuze et Guattari. De cette époque date l'image de deux penseurs unis par un attachement profond à l'« anarchie du désir » et soucieux de se tenir à distance de l'humanisme classique. Avec eux, une toute nouvelle théorie de la sensibilité se fait jour, dont témoigne leur dialogue ininterrompu avec les arts de leur temps, de la littérature au cinéma, de la peinture au théâtre.
On aurait toutefois tort de croire que Deleuze et Lyotard se sont accordés en tout - et c'est le second point qui motive le présent volume. Bien vite ont surgi des différends. Certes leurs débuts diffèrent : tandis que Lyotard articule phénoménologie et marxisme, Deleuze s'invente une généalogie singulière puisée dans les auteurs mal aimés de la tradition philosophique, Hume, Bergson, Nietzsche ou Spinoza. Proches ensuite, lorsqu'il s'est agi de pointer, le surgissement de différences divisant tant la pensée que l'action, ils se sont éloignés l'un de l'autre à la fin des années 1970.
Toutes les contributions de ce volume visent à approfondir le sol commun de la conceptualité déployée par Deleuze et Lyotard comme les failles où il se divise ; et ce, en déployant le large éventail des disciplines dont ces philosophes se sont nourris et qu'ils ont discutées. Les auteurs sollicités s'intéressent aussi bien à la période de la plus grande proximité théorique - celle de la construction conjointe d'une « philosophie de la différence» - qu'à la naissance de différends au moment de l'avènement, chez Lyotard, de la notion même de différend.

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