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En quelques pages, Nicolas Grégoire livre un texte âpre, difficile, presque irrespirable. Mais cette noirceur n'est pas gratuite, elle n'est pas motivée par un souci d'aggravation ou d'exagération esthétique et, avec tout, malgré tout, on y voit poindre un espoir discret. On y lit la déchéance d'un père qui n'aura fait qu'esquiver sa propre existence, refusant de s'affronter, cédant à la boisson, à la facilité, s'évacuant par ce biais, quitte à y laisser sa peau trop tôt. Et c'est cet affrontement non affronté par le père, que le fils-poète affronte. C'est ce travail impossible, manqué, qu'il prend à sa charge par l'écriture, laquelle devient tout à la fois une sorte de symptôme, de rappel lancinant de l'échec à dire, de l'échec à résorber le désastre que le fils « porte à son tour », parce que les mots ratent et ne suffisent jamais, et un moyen salutaire, parce que l'auteur s'y emploie, parce qu'il affronte, ne se détourne pas de ces traits paternels qui se superposent aux siens.
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