"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« Il avait tenu ce rôle de catalyseur. Il m'avait permis de passer à autre chose. » Quelques années ont passé depuis La Confusion du Juge.
Andrew, le meilleur ami de Blake, s'est lancé dans des études de journalisme. Il aime ce métier. Pourtant il ne s'épanouit pas au sein du journal qu'il a réussi à intégrer.
Chase, le garçon qu'il fréquente depuis peu, ne lui correspond que partiellement.
Puis une occasion en or, la chance qu'il attendait, un risque de se planter tout autant, lui est proposée. Un article qu'il ne peut pas se permettre de survoler.
Andrew se retrouve alors lancé dans une affaire où ses repères vont être bouleversés. Lui, comme les personnes qu'il va rencontrer, ont ce point en commun : être enfermés dans une vie qui les contraint. Une vie de laquelle chacun souhaite se délivrer.
Y parviendra-y-il seulement ? La volonté ne suffit parfois pas. Il faut lutter, s'ouvrir au champ des possibles et s'affranchir de sa propre histoire.
Voici le premier livre de Rudy Gestin que je lis. Ce ne sera pas le dernier !
De quoi s’agit-il ?
Nous sommes aux Etats-Unis. Andrew, jeune stagiaire dans le journalisme, espère qu’on lui confiera un bon sujet... Tandis qu’il passe des vacances sans grand relief avec un compagnon qu’il sait devoir être éphémère, le patron de son journal le fait revenir d’urgence pour une occasion qui ne se refuse pas : écrire un article sur le meurtre d’un homme politique controversé, commis par Shayne, le fils de la victime.
De nouveau chez lui, Andrew se met à l’ouvrage et fait deux rencontres qui vont le bouleverser : celle de l’homme qui va « compléter » sa vie, l’épanouir, la magnifier, et celle de Shayne, jeune homme qui l’émeut et qui l’attire. Mais voilà : un cœur peut-il se « partager », être « partagé » ?
Les investigations entreprises par le jeune journaliste le mèneront vers un personnage fort et intrigant, la mère de Shayne... Mais pour autant aboutira-t-il à faire éclater la vérité sur le meurtre de cette haute personnalité de la politique qui était aussi un père détestable, un mari odieux ?
On entre facilement et avec une certaine légèreté dans le récit de Rudy Gestin, suite de « La confusion du juge » et qui nous fait retrouver Andrew – ou le trouver car le roman peut se lire indépendamment. Mais le ton, léger aussi et humoristique parfois qui nous accueille dans les premières pages va radicalement changer – et j’aime beaucoup ces glissements dans les livres – lorsque l’auteur nous amène devant le mur de la prison où est incarcéré Shayne. Il nous fait entrer littéralement dans l’histoire, nous ressentons ce que ressent le narrateur, nous l’accompagnons lorsque l’auteur en appelle à notre émotion, la convoque, par ce « vous » qui nous implique. Nous sommes à la fois Andrew et Shayne, et plus généralement ceux qui végètent entre ces murs sordides.
C’est là que s’ouvre cette portée générale qui traverse souvent le texte, mêlant subtilement les ressentis du narrateur à ceux qui pourraient être nôtres. Ainsi, Andrew nous dit-il, lorsqu’il est accueilli par les parents de celui qui partage désormais sa vie et lui donne cet amour auquel il aspirait tant : « Cela me fit l’effet d’une vague qui submerge mais qui ne vous noie pas. D’une vague qui vous enveloppe, comme une protection qui vous préserve d’un extérieur étranger , sans pour autant être hostile ».
Car si ce livre déroule pour nous une véritable enquête journalistique, il nous plonge aussi parallèlement dans une belle histoire d’amour où nous nous laissons émerveiller par l’expression juste et émouvante des sentiments, des ressentis, et des désirs comme cette page 93 qui est certainement l’une des plus belles que j’aie lues sur le désir, « ce sentiment intense qui ne se contrôle pas »...
Puis-je vous offrir un petit extrait? Peut-être bien... alors le voici!
Nous avions remarqué notre différence à peu près au même âge. Mais comment y mettre des mots alors que l’ignorance prédominait ?
Il avait tout comme moi ressenti l’émergence d’un certain émoi pour une fille de sa classe, plus par mimétisme que par réelle envie. Nous évoluions dans cet univers de la famille à construire, d’une femme et des enfants, de l’homme qui rapporte majoritairement l’argent au foyer. Nous nous étions ainsi convaincus que telle était notre destinée.
Puis étaient venus les doutes, les regards qui se posaient sur un camarade de classe. L’attrait pour un corps masculin. Le désintéressement progressif du charme féminin. Le trouble naissant nous avait propulsés dans cette continuité, longue et impossible, des questionnements, des déchirures, des inquiétudes et surtout de cette conviction profonde que nous étions des déviants, des êtres interdits et que ces secrets devaient rester enfouis.
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