Francine Del Pierre et Fance Franck : Née à Paris en 1917, Francine Del Pierre est une céramiste mythique dont la carrière, interrompue par sa mort en 1968, dura à peine vingt ans.
Après des débuts de journaliste, elle découvre le travail de la terre à l'âge de trente et un ans. Comme beaucoup de potiers de sa génération, elle part vivre en 1949 à Vallauris où elle crée l'atelier du Triptyque avec Albert Diato et Gilbert Portanier, mais revient trois ans plus tard à Paris, lasse de la superficialité de ce village un peu trop à la mode. En 1954, sa rencontre à Londres avec Bernard Leach, auteur du Livre du potier - bible d'une génération de céramistes -, est déterminante.
D'El Pierre poursuivra une oeuvre d'une rigueur et d'une simplicité absolues, travaillant uniquement par modelage, montant ses pièces avec des dessins préparatoires de plus en plus précis pour chaque stade de la construction et fabriquant elle-même des émaux dont les couleurs à peine nuancées créent un effet de flottement du motif, un tremblement de la perception. Fance Franck, née en 1931 dans l'Alabama, a suivi des études de poésie contemporaine française et anglaise à Harvard.
En 1950, après avoir fait l'expérience de la sculpture en terre lors de son premier séjour à Paris, elle étudie à l'école du musée des Beaux-Arts de Boston. C'est en 1957 qu'elle entre en contact avec Francine Del Pierre, avec qui elle fonde trois ans plus tard l'atelier de la rue Bonaparte qui deviendra un lieu de travail et de rencontres, connu d'un cercle d'amateurs, de collectionneurs, comme Fina Gomez, et où se retrouveront les directeurs de musées internationaux et de grands maîtres potiers comme Bernard Leach, Shoji Hamada, Michael Cardew.
Poursuivant elle aussi un travail fondé sur le modelage, sur la déclinaison de formes fondamentales et sur leur mouvement dans l'espace, Fance Franck a collaboré avec la Manufacture de Sèvres aussi bien qu'avec les grandes manufactures japonaises de Bizen et d'Arita. Ces deux créatrices, qui ont su assimiler l'inspiration et les techniques extrême-orientales, tout en gardant leur spécificité artistique, ont ainsi construit, chacune, une oeuvre proche et cohérente, basée sur le silence et la réflexion, en marge des courants et de l'agitation des années 50 et 60.
Abandonnant très tôt les circuits commerciaux classiques et les Salons d'art, elles ont su former autour d'elles un cercle d'amateurs prestigieux et figurent aujourd'hui dans les plus grandes collections.
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