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Le train, véhicule mécanique qui participe activement aux transformations de l'espace, de la temporalité et de la perception induites par l'expérience de la modernité, apparaît comme un motif omniprésent au cinéma. Et ce, dès les premiers temps du cinéma, emblématiquement à travers la vue célébrée des frères Lumière L'arrivée d'un train en gare de la Ciotat (1895), mais aussi à travers de nombreux films mettant en jeu un mouvement dans le cadre ou encore le mouvement de la caméra, celle-ci étant fixée sur une locomotive. Dans ce dossier, l'accent porte sur le cinéma muet, tout en prenant en considération certaines réactualisations récentes du train en tant que motif ou en tant que dispositif dans des pratiques aussi bien expérimentales que grand public.
Le dossier thématique s'ouvre sur une analyse théorique de Mireille Berton qui associe le train aux discours et aux expérimentations scientifiques qui portent sur l'hystérie et l'hypnose, mettant ainsi au jour une conjonction relativement méconnue entre les dispositifs ferroviaires, cinématographiques et médicaux au tournant du siècle. François Albera examine les phénomènes de novellisation dans les années 1920, en rapportant un film central dans la topique ferroviaire, à savoir La Roue d'Abel Gance, à sa source romanesque (Le rail de Pierre Hamp) et à sa reprise feuilletonesque par Ricciotto Canudo. François Bovier met en relation les variations perceptives que l'artiste Richard Serra et le cinéaste Ken Jacobs ont opérées depuis les années 1970 à partir de la découpe de l'espace opérée par le train. Charles-Antoine Courcoux déconstruit la représentation de la masculinité dans les block-busters américains en analysant des scènes spectaculaires qui mettent en prise l'homme à la locomotive. Philippe Ney retrace la constitution du motif du train lunaire, en comparant les féeries filmiques d'un Georges Méliès aux fantaisies littéraires de Jules Verne et aux comics américains. Enfin, nous reproduisons deux passages de l'ouvrage de Livio Belloï, aujourd'hui épuisé, consacré au cinéma des premiers temps, qui traitent plus précisément de la structure du train en tant que projectile et de la vue attentatoire qui lui est associée.
La rubrique suisse prolonge pour une part le dossier thématique consacré au train : Pierre-Emmanuel Jaques examine les films publicitaires produits par les CFF, tandis que Roland Cosandey analyse, à partir d'une production de 1903, l'articulation qui relie inextricablement le paysage suisse au chemin de fer et à l'exploit sportif. Pour l'autre part, la rubrique suisse est consacrée à différents films d'art et essai contemporains : Marthe Porret et Laura Legast retracent le parcours des cinéastes Nicolas Humbert et Werner Penzel à travers un entretien, tandis que François Bovier et André Chaperon proposent une lecture du premier film que Antoine Cattin et Pavel Kostomarov ont réalisé en Tchétchénie.
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