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De la cause de Dieu à la cause de la nation ; le jansénisme au XVIIIe siècle

Couverture du livre « De la cause de Dieu à la cause de la nation ; le jansénisme au XVIIIe siècle » de Catherine Maire aux éditions Gallimard
  • Date de parution :
  • Editeur : Gallimard
  • EAN : 9782070745104
  • Série : (-)
  • Support : Papier
Résumé:

Connaissez-vous l'abbé d'Etemare ? Connaissez-vous l'avocat Le Paige ? Probablement pas. Pourtant, ces deux inconnus de l'histoire ont sûrement été parmi les plus importants acteurs du XVIII? siècle français. Ils ont été, l'expression mérite pour une fois d'être employée, les «chefs d'orchestre... Voir plus

Connaissez-vous l'abbé d'Etemare ? Connaissez-vous l'avocat Le Paige ? Probablement pas. Pourtant, ces deux inconnus de l'histoire ont sûrement été parmi les plus importants acteurs du XVIII? siècle français. Ils ont été, l'expression mérite pour une fois d'être employée, les «chefs d'orchestre clandestins» de l'agitation janséniste qui, de la résistance contre la bulle Unigenitus en 1713 à l'expulsion des Jésuites en 1764, en passant par les convulsions de Saint-Médard, n'a cessé d'occuper le devant de la scène
publique. Ce livre s'emploie à tirer leurs oeuvres et leurs entreprises de l'ombre. Il fallait, pour percer à jour l'énigme de ce mouvement qui a déconcerté des générations d'historiens et pour saisir la cohérence de ses différents visages, commencer par dégager son originalité en regard de ses illustres ancêtres du Grand Siècle. Elle repose sur deux piliers : une théologie de l'histoire, le «figurisme», à base de correspondances entre l'Écriture sainte et la suite des temps, et une doctrine de la résistance dans l'Église, le «Témoignage de la vérité», à base d'appel au jugement des fidèles. On comprend, à partir de là, la dynamique du phénomène dans ses trois grands moments. On comprend comment la protestation d'un petit groupe de clercs contre la condamnation pontificale d'un livre suspect, à l'instigation de Louis XIV, a pu déboucher sur l'organisation d'une formidable machine de propagande clandestine, la première du genre, sans doute, et la première, en France, à faire intervenir l'«opinion publique». On comprend la teneur de l'étrange flambée convulsionnaire, nourrie d'un enseignement figuriste qui échappe à ses promoteurs. On comprend enfin la curieuse stratégie des parlements dans leur opposition à Louis XV, transposition dans l'État de la démarche de résistance préalablement élaborée et testée dans l'Église. C'est tout un pan du siècle des Lumières qui s'éclaire de la sorte, grâce à l'exhumation des réseaux et des menées de ces théologiens-hommes d'action,
acharnés à se cacher. Mais plus largement, ce sont les voies par lesquelles a cheminé l'ébranlement pré-révolutionnaire du trône et les rapports entre religion et politique dans le cadre de l'absolutisme, qui en acquièrent une nouvelle intelligibilité.

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