"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
" J'ai décidé de vous redonner le choix de notre avenir parlementaire par le vote. Je dissous donc l'Assemblée. " Silence retentissant dans un pays sonné. Pourtant, l'écrasante victoire de l'extrême droite aux élections européennes n'est pas une surprise. Le glissement s'opère depuis longtemps dans notre langage. À quand cela remonte-t-il ? Au second tour de 2002 ? à la crise des Gilets jaunes ? à celle du COVID-19 ? Olivier Mannoni, qui a traduit Mein Kampf et qui connaît les pièges du discours et de la sémantique, sait, lui, qu'il faut creuser plus loin, jusque dans les entrailles de notre Histoire européenne.
Avec une pensée claire et des mots incisifs, il analyse les prises de parole de nos politiciens et passe au crible les médias vecteurs de fausses informations. D'une lucidité redoutable, ce livre uppercut met à nu les menaces linguistiques qui pèsent sur nos démocraties.
« A quel moment a-t-on perdu le contrôle ? »
Dans cet essai sur les dérives du langage de notre siècle, Olivier Mannoni constate, à partir de l’évolution de la parole politique qu’il s’est installé dans le discours commun « une langue totalement distordue perdant tout lien avec le réel ».
De la confusion semée par les mots de moins en moins clairs des politiques, il analyse la récupération d’une indignation généralisée par les Gilets jaunes et dénonce, avec le mouvement Anti-vax, la stratégie populiste qui consiste « à attraper au vol n’importe quel motif d’insatisfaction et à le gonfler artificiellement au moyen d’un vocabulaire de la tragédie et du scandale ».
Il parle également de l’appauvrissement de la culture qui rend les « cerveaux disponibles » et les prépare à adhérer à tous les propos conspirationnistes.
Il révèle, avec de nombreux exemples, les stratégies du chaos des médias aux mains d’hommes d’affaires proches de l’extrême droite qui s’engouffrent dans une confusion généralisée créant le chaos d’où renaîtra l’ordre.
Avec cet essai, l’auteur nous met en garde contre cette coulée brune qui est une coulée de haine « utilisant les mots du complotisme pour ouvrir les portes du révisionnisme et du négationnisme ».
Il faut absolument lire ce texte d’une grand richesse et d’une terrible évidence pour tenter, chacun à son petit niveau, d’enrayer cette apologie de l’ineptie et amorcer, en toute intelligence, un retour vers les Lumières.
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