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La musique «élevée» prend son essor en Chine dès avant notre ère, se répand dans tout l'Extrême-Orient et se développe pendant plusieurs siècles. Étroitement liée au confucianisme et à son entreprise de régulation politique et sociale, l'élaboration de cette musique est rendue possible par le progrès de la pensée scientifique chinoise aux Ve-IIIe siècles avant notre ère. Dans les siècles qui suivent la Chine s'ouvre largement aux musiques venues des « Contrées occidentales » (Asie centrale, Inde, monde gréco-romain). En même temps son influence s'étend vers le nord-est du continent asiatique, et jusqu'au Japon. La musique gagaku qui se développe dans ce pays à partir des VIe-VIIe siècles est une musique empruntée. Grâce au modèle chinois, le Japon échappe à la longue période d'élaboration de la théorie musicale qu'a connue la Chine, et à travers ce modèle il absorbe de nombreux éléments venus des « Contrées occidentales ». L'analyse des structures musicales du gagaku aide à identifier ces diverses strates. Cette étude comparative nous invite donc à réfléchir sur la nature de transferts «culturels» générés par des impératifs politiques ainsi que sur les modalités de ces transferts entre pays au développement inégal, en même temps qu'elle éclaire l'évolution de l'art musical : une évolution procédant par étapes et ruptures, étroitement liée au progrès de la connaissance scientifique et de l'appréhension rationnelle du monde.
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