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Le combat fut âpre. Mais, ensemble, le narrateur, un garçon de douze ans, son frère aîné et leur père ont gagné la guerre - c'est ainsi que le père désigne la procédure de divorce et la lutte féroce pour la garde de ses fils. Ensemble, ils prennent la route, quittant le Kansas pour Albuquerque, et un nouveau départ. Unis, libres, conquérants, filant vers le Nouveau-Mexique, terre promise, ils dessinent les contours de leur vie à trois.
Les garçons vont à l'école, jouent dans l'équipe de basket, se font des amis, tandis que leur père vaque à ses affaires dans leur appartement de la banlieue d'Albuquerque. Et fume, de plus en plus - des cigares bon marché, pour couvrir d'autres odeurs. Bientôt, ce sont les nuits sans sommeil, les apparitions spectrales d'un père brumeux, les visites nocturnes de types louches. Les garçons observent la métamorphose de leur père, au comportement chaque jour plus erratique et violent. Livrés à eux-mêmes, ils n'ont d'autre choix que d'endosser de lourdes responsabilités pour contrer la défection de leurs parents, et de faire front face à ce père autrefois adulé désormais méconnaissable, et terriblement dangereux.
Daniel Magariel livre un récit déchirant, éblouissant de justesse et de délicatesse sur deux frères unis dans la pire des adversités, brutalement arrachés à l'âge tendre. Deux frères qui doivent apprendre à survivre et à se construire auprès d'un père extraordinairement toxique, au milieu des décombres d'une famille brisée.
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Nicolas Richard
Intriguée par ce livre, j’ai fait confiance à mon instinct et je n’en sors aucunement déçue. » Comme un seul homme « est le premier roman implacable de l’américain Daniel Magariel, paru en 2018 aux éditions Fayard.
Ils viennent de remporter la guerre, comme un seul homme. Le narrateur, un jeune garçon de douze ans, son frère aîné et leur père ont vaincu l’ennemie absolue. Alcoolique, irresponsable et fainéante, elle vient de perdre la garde de ses enfants. Désireux de repartir à zéro, ils quittent tous les trois le Kansas.
p. 11 : » – Est-ce qu’elle t’a frappé ?
-Je crois pas qu’elle l’a fait exprès.
Il m’a attiré à lui, a passé son bras autour de mes épaules, m’a tapoté le dos au rythme des essuie-glaces. C’était une drôle d’étreinte. Le genre d’accolade qu’on donne à un inconnu qui a du chagrin. «
Sur la route en direction d’Albuquerque au Nouveau-Mexique, le jeune garçon se remémore le plan qu’ils ont manigancés pour obtenir gain de cause. Un plan démoniaque fomenté par un père manipulateur, n’hésitant pas à impliquer ses propres fils… Les services de la protection de l’enfance ont ainsi décidé du sort des garçons, certains d’avoir extirpés ces enfants de la négligence et de la maltraitance de leur mère, en les confiant exclusivement à leur père.
Mais loin de leur mère, les deux jeunes garçons vont vite s’apercevoir que celui-ci n’est finalement pas le sauveur qu’ils pensaient. Toxicomane et pervers narcissique, il éprouve de plus en plus de difficultés à assumer son rôle de conseiller financier. Il met alors à contribution ses enfants pour relancer ses clients. Très vite, l’argent commence à manquer et l’aîné doit travailler à la supérette du coin pour subvenir aux besoins de la famille.
p. 106 : » – On a besoin qu’il revienne, a-t-il dit. Dis-lui qu’on peut pas y arriver tout seuls. «
Violent dans ses phases de manque, le père s’enferme des jours durant dans sa chambre, laissant ses enfants livrés à eux-mêmes. Et lorsqu’il refait surface, c’est pour mieux jouer la carte de l’affectif. Ce grand-huit émotionnel détruit petit à petit l’innocence des deux garçons. Très soudés, ils font front tant bien que mal. Diviser pour mieux régner, ce père démoniaque les monte l’un contre l’autre. Usant de la violence physique tout autant que la manipulation psychologique, le lecteur est pris dans ce huit-clos étouffant et cruel.
p. 122 : » Mon père nous avait montés l’un contre l’autre – c’était sa technique pour avoir l’ascendant sur nous. «
Sous l’emprise de ce père innommable, le narrateur prend conscience que leur mère n’était peut-être pas responsable de tous les maux dont le père l’accusait. Entre une mère qui renonce et un père destructeur, l’amour et la complicité de ses deux frères fait leur force. Mais cette résistance suffira-t-elle à les sauver ?
p. 161 : » Je lui ai dit que j’avais vu notre père fumer du crack. J’ai insisté sur la paranoïa qui le rongeait. Et j’ai prévenu mon frère que mon père était en pleine vendetta contre lui. «
La situation se détériore chaque jour un peu plus, et la police tente vainement de rentrer en contact avec ce père. Mais chaque fois, il obtient le soutien de ses enfants, jusqu’au jour où…
p. 98 : » – On va pas s’en sortir, il a dit. Rien de tout ça n’est normal. Tu sais que j’ai raison. Reconnais-le. «
Sacré meilleur livre de l’année par les critiques littéraires du New York Times, le premier roman de Daniel Magariel est poignant. D’une écriture nerveuse, la narration est sèche et presque détachée. En ne nommant pas ses personnages, l’auteur tente de mettre une distance. Malgré cela, le lecteur s’attache et vit les événements, dans une terrible impuissance ! La tension va monter crescendo, jusqu’à l’irrespirable.
p. 34 : » Jusqu’à maintenant, il n’avait jamais traité aucun de nous deux avec une telle violence. Jusqu’alors, sa brutalité avait été réservée à notre mère. «
Tout d'abord un grand merci aux éditions Fayard et à Léa du très chouette groupe Picabo River Book Club pour ce premier partenariat.
Une lecture dure, parfois éprouvante, mais aussi une lecture prenante et poignante..
Le narrateur est un jeune garçon qui vit avec son père et son frère aîné, il raconte la séparation des parents, le nouveau quotidien.... Ce qui est frappant c'est qu'il n'y a pas de noms, il désigne toujours les autres par leur nature : mon père, mon frère, ma mère comme si les liens familiaux étaient plus importants que les individus propres
Le divorce est dur, violent même et le père vient d'obtenir la garde de ses deux garçons et c'est heureux tous les trois qu' ils partent vers le nouveau Mexique, vers une nouvelle vie...
Mais peu à peu l'atmosphère se charge de tension, le comportement du père commence à changer. De plus en plus souvent les fils doivent faire front pour gérer un quotidien de plus en plus difficile, avec un père absent, incohérent parfois, violent même....
J'ai été frappée par le regard du jeune garçon sur son père, il y a cet amour fou avec un besoin de reconnaissance terrible, il est prêt à tout pour l'obtenir ... mais peu à peu on le voit prendre conscience des failles de cet homme qu'il portait aux nues.
Le huis clos est étouffant, il y a très peu d'interaction avec les autres, l'extérieur, et à chaque fois c'est dur et tendu, le père sabote chaque relation, chaque possible. Et le trio se referme une fois de plus sur lui dans une vraie solitude.
Peu à peu la manipulation du père transparaît , tellement bien rendue. Cet homme finalement très faible tient toute sa famille sous sa coupe et règne en véritable tyran, tout est ambivalent chez lui, il prône le droit à l'intimité en frappant à la porte de leur chambre avant d'entrer mais il leur refuse toute pensée ou décision propre. Il joue sur l'attachement de ses enfants, tente de les monter l'un contre l'autre, les deux contre la mère, leur retourne la tête dans des discours qui touchent à chaque fois une corde sensible. C'est extrêmement touchant de voir ses adolescents se rendre compte que leur père n'est pas le héros qu'ils croyaient mais continuer à s'accrocher malgré tout à cet homme qu'ils n'arrivent pas à "désaimer" dans un premier temps. La violence est toujours sous-tendue et lorsque le quotidien se dégrade fortement elle domine jusqu'à LA scène insupportable....
Dans toute cette noirceur, il y a la belle connivence entre les deux frères particulièrement attachants, cet amour qui se construit plus fort encore dans l'adversité malgré les manipulations odieuses du père... Entre eux, il y a cette entraide, cette confiance que rien ne pourra détruire, et puis l'espoir qu'à deux ils pourront s'en sortir.
Quelques contacts subsistent avec la mère démissionnaire. Il y a des pages terribles sur leur passé commun, on mesure jusqu'où l'impact de la peur et le besoin de reconnaissance ont amené les enfants. J'ai été particulièrement touchée par le fait que le narrateur n'ose plus la contacter parce qu'il sait que ce qu'il a fait est impardonnable. Comment se construire avec de tels sentiments ?
J'ai beaucoup aimé la toute fin, ce petit épilogue en flash-back sur un instantané, un moment de grâce où tous les possibles s'ouvraient... très émouvant quand on a lu tout le récit et que l'on sait comment les rêves se sont fracassés sur une dure réalité.
Une écriture très directe, des phrases courtes percutantes, un regard sans concession qui déroule un drame que l'on pressent de plus en plus arriver.
Une très belle lecture, forte, violente mais d'une grande justesse sur les ressorts d'une relation père-fils où les enfants n'ont que le droit d'être les ombres du père, relation toxique et dominatrice particulièrement bien illustrée par la très belle couverture.
Je suis ressortie bouleversée de cette histoire, par la justesse du propos, par la violence faite aux enfants... et j'ai apprécié le dénouement ouvert qui laisse chacun s'emparer de l'histoire.
https://chezbookinette.blogspot.com/2018/09/comme-un-seul-homme.html
Nouvelle découverte grâce au Picabo River Book Club et aux éditions Fayard cette fois, le roman de Daniel Magariel : Comme un seul homme. Une lecture coup de poing, qui remue, choque et interpelle par son réalisme.
L’histoire est simple en apparence : un divorce, un des parents (le père en l’occurrence) qui obtient la garde de ses enfants, qui gagne « la guerre », comme il dit.
Un déménagement, pour une nouvelle vie, loin de la mère « qui n’a jamais rien fait », loin du passé.
Ça aurait pu être le début d’une belle aventure entre un père et ses deux fils, on aurait pu être témoin d’une renaissance. Ce sera en fait une descente aux enfers de deux garçons face à un père tyrannique, violent et manipulateur.
Tout au long de ma lecture, je n’ai pas pu m’empêcher de faire le parallèle entre ce livre et celui de Gabriel Tallent, My absolute darling. On est face au même schéma : des enfants qui se débattent face à un père abusif.
Dans Comme un seul homme, Daniel Magariel dépeint la relation de deux frères face à la folie d’un père qu’ils idolâtrent depuis l’enfance. Pas de prénoms, juste une histoire vue à travers les yeux du plus jeune. On les suit depuis le départ vers leur nouvelle maison, changement initié par le père pour échapper à la mère, pour être enfin libres et heureux tous les trois.
unnamed (3)Au début on doute encore. On ne sait pas comment se positionner face à cette histoire qui se dessine petit à petit au fil de la lecture. Une chose est sûre : le père fuit avec ses enfants, et ces deux derniers le suivraient au bout du monde. Alors on lui laisse une chance. Après tout, on a tous le droit à une chance. On observe, on décrypte. On voit deux frères mettre tout en oeuvre pour obtenir la fierté de leur père, avoir un petit moment privilégié, voir une complicité naître. Malgré des liens très forts, on perçoit la jalousie, l’envie, la compétition, pour avoir « un peu plus que l’autre ». Une relation normale finalement, comme dans toute fratrie. Sauf que le père se faufile dans chaque faille, dans chaque doute, pour instaurer une méfiance et une défiance entre ses fils.
Ce « père », parlons-en. Pourri jusqu’à la moelle, on comprend très vite qu’il exerce son ascendant pervers et dévastateur sur sa famille depuis bien longtemps. C’est un homme dont le charisme a toujours ébloui ses enfants, jusqu’à les aveugler totalement. Après les avoir montés contre leur mère, il tentera de les monter l’un contre l’autre, ventant les qualités de l’un tout en dénonçant les travers de l’autre.
Malgré toute la noirceur et la dureté du récit, le malaise (comprendre = l’envie de vomir) qu’on ressent à chaque fois que le père entre en scène, la lumière trouve aussi sa place. Elle peine à se frayer un chemin parfois, on lui bloque le passage souvent, mais elle est là, et elle repose entièrement sur la relation entre les deux frères. A travers le regard du plus jeune, Daniel Magariel dépeint avec brio la complexité de ce duo, dont la force réside dans leur unité qui sera à plusieurs reprises mise à mal par leur géniteur.
La puissance de cet ouvrage repose justement sur la manière dont l’auteur fait évoluer ses deux héros, livrés à eux-mêmes et faisant face à des situations d’une brutalité croissante. Bien loin des préoccupations que n’importe quel ado peut avoir, et qu’ils aimeraient eux-même avoir, ils naviguent tant bien que mal dans le désordre de leur vie, de leur appartement et de leur famille qui n’est plus qu’un champ de ruines. Avec beaucoup de justesse, le texte décrit comment depuis leur enfance, les deux garçons ont été conditionnés par un père tyrannique, et nous emmène avec eux à la poursuite de leur liberté (la vraie).
J’ai vraiment été embarquée par ce roman court mais d’une efficacité effrayante et troublante, dont on ne sort pas indemne et qui se lit d’une traite. Laissez-vous donc convaincre par ce presque-huit-clos étouffant, porté par la plume aiguisée de Daniel Magariel, elle-même mise en valeur par la traduction de Nicolas Richard. Bref, une sacrément belle découverte !
Bonne lecture !
Ce petit roman (moins de 200 pages) m'a déchiré le cœur.
La guerre est finie. Le divorce est réglé et la bataille pour la garde des enfants est gagnée. Un père emmène ses deux fils loin de chez eux, le Kansas, pour commencer une nouvelle vie au Nouveau-Mexique. Dorénavant c’est eux contre le monde ! Il promet aux garçons une vie meilleure loin de leur « mauvaise » mère.
Mais ce père charismatique et manipulateur ne tarde pas à devenir erratique et toxique. Il se transforme émotionnellement et physiquement en raison de son addiction aux drogues. Ce père, qu’ils aiment plus que tout au monde, devient irresponsable, ingérable, puissamment dangereux.
Tout dans ce roman est tragique, violent.. Difficile d’écrire une chronique appropriée sans en dévoiler trop.
C'est une histoire d’une cruauté incroyable sur la maltraitance psychologique et physique racontée par le plus jeune des fils âgé de 12 ans.
Un court roman claustrophobe que l’on lit en quelques heures, consumé par la tension et le malaise grandissants.
Un premier roman et wow ... quel début!
Daniel Magariel réussit avec peu de pages à nous transmettre toute l’horreur de la situation. La description des violences (plus psychologiques que physique) et de cette manipulation perverse qui consiste à les entrainer dans un processus de soumissions totalement naturel est remarquable (ils sont prêts à tout, ou presque, à la demande du paternel, y compris les choses les plus folles ou absurdes, pour ne jamais perdre son estime ou ne pas réveiller un brusque excès de violence). Les sentiments conflictuels autant que l’emprise et la culpabilité sont palpables et rendent le récit d’autant plus intense que chaque porte de sortie a tendance à se refermer à leur nez................................................
https://libre-r-et-associes-stephanieplaisirdelire.blog4ever.com/daniel-magariel-comme-un-seul-homme
188 pages seulement pour ce livre, ce qui n’enlève rien à la force et l’intensité du message. Ce fut une lecture déchirante, le thème abordé me rend si triste et en colère à la fois et je me dis qu’il n’est pas donné à tout le monde d’être un parent suffisamment bon. Le narrateur est un jeune garçon d’une douzaine d’année, il veut tellement faire partie du clan, être avec son père et son grand frère qu’il va mettre en place une stratégie qui assurera que son père obtienne sa garde et tout commence ainsi par une parole lapidaire du père :
« Ca, ça va mettre fin à la guerre, a-t-il dit. Pas de garde des enfants. Pas de pension alimentaire. Grâce à ça, on va être libres. »
Toutes ses promesses de nouveau départ, d’une meilleure vie ne sont qu’illusions et c’est comme une descente inéluctable aux enfers : drogue, cruauté physique et psychologique vont devenir le quotidien des deux frères qui ne souhaitaient qu’être aimés et aimer leur père. Ils auront beaux faire leur maximum pour s’en sortir, ils seront sans cesse manipulés par leur père dont le leitmotiv est « la famille c’est tout ce qu’on a ». Leurs mécanismes d’adaptation et leurs comportements face à la terrible réalité rendent cette histoire dévastatrice.
L’écriture de Daniel Magariel est simple et à la fois elle vous percute comme un train, d’une efficacité redoutable les mots font venir en soi des images si dures. Tant d’enfants vivent ce genre de situation, tant de gens ferment les yeux avec ce livre entre les mains cela aide à une prise de conscience salutaire. Sa façon de dépeindre les sentiments contradictoires des garçons envers leur mère et leur père est brillante. Il n’y a rien de particulièrement complexe dans l’écriture car il faut se souvenir que c’est un enfant de douze ans qui parle et pourtant la tournure et le style donnent de l’intensité aux mots. J’étais pas mal frustrée par la fin choisie par l’auteur mais en y réfléchissant cette fin ouverte nous laisse la possibilité d’imaginer ce qui s’est réellement passé. L’épilogue a aussi toute son importance dans un texte aussi court, il nous donne des éléments en plus pour mieux analyser la fin telle que l’a voulu l’auteur. Pour un premier roman Daniel Magariel nous propose une histoire très convaincante, voir les deux frères grandir dans une insécurité grandissante et des conditions d’abus exponentielles n’était pas une mince affaire. Une histoire brutale au bilan terrible pour une famille complètement désarticulée.
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