Il n'est pas trop tard pour les découvrir... ou les offrir !
Roman fantaisiste aux allures de conte, Chouette utilise la métaphore de l'enfant sauvage, mi-humain, mi-rapace, pour parler de l'arrivée dans un couple d'un enfant différent, neuro-atypique.
Comment devient-on mère et, plus largement, comment élèvet- on un enfant « indomptable » dans la société normative qui est la nôtre ? Les parents de la petite Chouette auront deux réactions opposées : alors que Tiny, la mère, encouragera sa fille-oiseau à vivre librement son animalité, le père, lui, poursuivra sa conviction : il faut que Chouette devienne « normale ».
Raconté par une mère en quête de liberté, Chouette est un roman sur l'obéissance à la norme et sur la part sauvage en chacun de nous, qui égratigne notre sens des convenances.
C’est très difficile de parler de ce roman, c’est un mélange de poésie et de fantastique si particulier !
Toutefois, j’ai aimé le thème principal de la maternité et le questionnement suscité par la mise au monde d’un enfant neuroatypique. D’un côté la mère Tiny qui pressent immédiatement que son enfant sera un « enfant chouette », un enfant différent. Comment doivent-ils élever cet enfant ? Dans la « normalité » pour essayer d’en faire un enfant comme les autres et rentrer dans un moule de convenances ou, au contraire et selon la vision de Tiny, encourager son enfant-chouette à vivre librement ? Le questionnement est très intéressant. Dans le roman, les parents n’ont eux mêmes pas la même vision des choses.
A noter également des passages très noirs auquel j’ajoute l’aspect fantastique, le tout a rendu ma lecture compliquée.
Un très beau texte, sombre, étrange et teintée d'ambiguïté, mais dont je ressors perdu.
Une plume délicate et onirique nous conte le quotidien de Tiny, jeune maman d'une enfant souffrant de handicap et qui se persuade que sa fille est un enfant-chouette.
Le roman est puissant lorsqu'il évoque le regard que notre société porte à la différence, la dévotion d'une mère, ou bien encore les dissensions susceptibles de naître au sein d'un couple confronté à l'arrivée d'un enfant handicapé.
Mais, le choix de construction m'a perturbé. Il donne l'impression que l'auteure a volontairement introduit des cassures dans son fil conducteur. Car, si parfois je me suis pris au jeu de cette parabole, à d'autres moments, j'avais l'impression d'être brutalement ramené sur terre et que le récit narré par Tiny n'était que sa vision des choses, soit l'illusion créée par une mère psychologiquement instable. Et donc, au final, frustration de ne pas être certain d'avoir vraiment compris le message que l'auteure cherchait à faire passer.
Roman de cette rentrée littéraire, le récit y est relaté de façon très originale puisqu’il pourrait s’apparenter à la forme du conte. L’autrice, Claire Oshetsky, traite de sujets très familiaux avec notamment les enfants neuro-atypiques, les relations enfants-parents, la confrontation mère-père et ce, enchâssés de musique classique.
Chouette est une petite fille neuro-atypique. Alors que sa mère, Tiny, l’accepte telle qu’elle est, sans se soucier du paraître, son père se désespère à en faire un enfant comme les autres. Violoncelliste de profession, sa mère mettra sa vie entre parenthèses pour la protéger du monde formaté dans lequel on vit et devra se confronter à son mari, à sa belle-famille qui ne comprennent pas sa façon d’aimer sa fille.
Même si le livre ne se veut pas d’être une autobiographie en tant que telle, Claire Oshetsky a puisé dans son vécu personnel puisqu’elle est elle-même maman d’un enfant neuro-atypique. Parfois très sombre, ce livre consacré à la maternité dans son ensemble, délivre un message tendre et lyrique
Abordant le sujet des enfants différents, l’autrice l’a imaginée sous la forme d’un enfant-chouette. Déstabilisant à bien des égards, cette manière d’évoquer le sujet pourrait en surprendre plus d’un. Pour ma part, j’ai aimé le livre dans sa globalité, notamment par la prise de risques que l’autrice a fait.
Par contre, au niveau de l’histoire en elle-même, j’ai parfois été un peu égarée par le symbolisme du roman. Le côté fantastique de l’histoire ne m’a pas permis d’en apprécier toutes ses subtilités. Étant parfois très terre-à-terre, je pense que c’est pour cela que je ne me suis pas laissée transportée comme d’autres lecteurs pourraient l’être. De plus, j’ai trouvé que quelques passages présentaient un côté perturbant, voire dérangeant que je ne pourrais expliquer. Cela est, bien entendu, un ressenti purement personnel.
Les amateurs de musicalité apprécieront les nombreuses références ainsi que l’atmosphère entourant certains moments de l’histoire.
On dit souvent qu’un lien unit une mère et son enfant, et ce bien avant la naissance. Comment ne pas y croire lorsque celle-ci perçoit et ressent des choses. Impossible à expliquer tant que l’on ne l’a pas vécu.
Pour Tiny, il est certain que son enfant à venir est différent mais peu importe elle l’aime déjà de tout son être. Chouette, tel est son prénom, singulier, pour ce bébé rapace naissant.
« C’est donc ça, la maternité. Je réfléchis. Je réfléchis aux devoirs solitaires, cruels et incessants de la maternité. Je réfléchis aux prodiges tendres, doux et asservissants de la maternité. Je réfléchis au mystère de ton être, petite inconnue, et à la personne que tu vas devenir. » « Je suis ta mère. »
Chouette n’est pas très jolie, elle effraie, ainsi rejetée de tous. N’entrant dans aucune case de la société, elle n’y a donc pas sa place. Tiny se bat contre les siens, tentant de faire accepter sa progéniture, quitte à se perdre elle-même en cours de route.
« - Je parle de notre petite fille. J’essaie de te dire qu’elle est déjà parfaite. C’est un être parfait. Il n’est pas nécessaire qu’elle change pour que tu l’aimes. Il faut simplement que tu restes immobile assez longtemps pour la voir. J’aimerais que tu la voies comme moi. »
Le roman ne rentre, tout comme son sujet, dans aucun genre. Un mélange d’autobiographie, de conte et de fantaisie pouvant être déstabilisant par moment. L’écriture métaphorique de Claire Oshetsky touche aux fondamentaux de la maternité et du handicap. Chouette est sombre et tendre à la fois, donnant de la matière à réfléchir sur les normes que nous enseignons à nos enfants. Une jolie découverte.
http://www.mesecritsdunjour.com/archives/2022/08/31/39613992.html
Tiny (prénom signifiant minuscule en anglais) vit avec son mari à Sacramento. Elle est violoncelliste au sein d’un quatuor à cordes.
Quand elle tombe enceinte, c’est tout naturellement à Berlin qu’elle se rend car c’est dans cette ville qu’elle a percé. Il n’est donc pas surprenant qu’elle s’y réfugie pour réfléchir à son avenir, « qu’elle soit destinée à être une violoncelliste célèbre ou l’obscure génitrice d’un enfant-chouette ». Enfant-chouette, c’est ainsi qu’elle nomme ce bébé, ayant pressenti dès sa conception que son enfant sera différent.
Si cet enfant risque de nuire à sa carrière musicale, elle pense également à sa réputation à jamais décrédibilisée au sein de la famille de son mari, cette famille très spéciale et très ennuyeuse.
Néanmoins, elle accepte de garder l’enfant. Quand Chouette, ce bébé rapace, cette fille-hibou naît, toute la vie du couple est renversée et notamment celle de Tiny.
Comment élever et aimer cet être indomptable et déjà l’accepter ?
Les deux parents vont être en confrontation totale. La mère qui voue un amour inconditionnel à sa fille, n’aura de cesse de l’encourager à vivre sa part sauvage, son animalité alors que le père, obsédé par cette enfant qui n’est pas ce qu’il espérait, ne pense qu’à « réparer », n’hésitant pas à tenter différentes méthodes auprès de plusieurs spécialistes. Ce qu’il souhaite avant tout c’est la transformer en quelqu’un d’acceptable et de présentable, la modeler à sa convenance.
C’est sous la forme d’un roman fantaisiste aux allures de conte que Claire Oshetsky explore d’une manière tout à fait originale et surprenante la relation entre parent et enfant.
Comme le dit très justement l’écrivaine américaine Jean Hegland, Chouette est « un roman qui touche aux vérités fondamentales de la maternité », ajoutant : « ce que Tiny vit avec Chouette nous rappelle à quel point avoir un enfant , et peut-être encore plus un enfant « différent » peut remettre en question l’identité et l’être d’une femme ».
Si Chouette n’est pas un roman autobiographique, il est néanmoins une parabole sur la maternité telle que son auteure l’a vécue, Claire Oshetsky étant elle-même la maman d’une fille neuroatypique, c’est à dire présentant un fonctionnement cérébral particulier.
Ce roman à la fois sombre, drôle, tendre, aborde la maternité sous tous ses angles, même les plus improbables. Roman lucide également par cette réflexion « Un jour viendra où tu n’auras plus besoin de moi, Chouette. C’est la nature ».
J’ai trouvé plaisant la création du terme enfantère en parallèle de celui d’adultère, pour décrire une mère qui délaisse son enfant pour passer du temps avec une amie, tout comme cette expression d’avortée-secrète pour décrire cette belle-sœur qui deviendra ensuite l’amante-secrète.
L’humour est là à bon escient lorsque le père veut soumettre leur enfant aux éminents spécialistes dont les méthodes font parfois penser aux apprentis-sorciers, leurs noms permettant de dédramatiser ce terrible enjeu : Dr poivrot, Dr Lupron, Dr Cannabis thérapeutique, Dr Stimulation Magnétique Transcrânienne…
À noter la forte musicalité dont est imprégné tout le roman et cette très belle photo de couverture.
Je dois avouer que j’ai été gênée cependant, par le fantastique, beaucoup trop présent à mon goût et qui m’a empêchée d’apprécier pleinement cet ouvrage.
Merci à Babelio et aux éditions Phébus pour la découverte de Chouette, de Claire Oshetsky, premier livre traduit en France par Karine Lalechère.
Chronique illustrée à retrouver sur : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
Tout à fait surprenante, voire dérangeante, la lecture de ce récit qui se situe entre le fantastique et la poésie.
La narratrice est enceinte d’un enfant longtemps attendu et dont elle perçoit la petite voix lui dictant des choses insensées. Car Tiny mère sait depuis le début qu’elle attend un enfant chouette.
Ce roman est l’histoire de la maternité, celle d’avant la naissance et puis tout ce temps à découvrir son bébé, à l’aimer malgré son handicap. C’est aussi le combat d’une mère pour élever et choyer son enfant comme elle veut, loin des dogmes et des contraintes érigés par les hommes, la famille et le corps médical.
« C’est donc ça, la maternité. Je réfléchis. Je réfléchis aux devoirs solitaires, cruels et incessants de la maternité Je réfléchis aux prodiges tendre, doux et asservissants de la maternité. Je réfléchis au mystère de ton être, petite inconnue, et à la personne que tu vas devenir ».
Charlotte, est cette enfant différente que sa mère Tiny protège contre l’incompréhension, le rejet des hommes-chiens, car Charlotte est Chouette, une enfant sauvage née d’une union entre la femme et la nature, une enfant violente qui ne suit que son instinct. Tiny va devoir arrêter sa carrière de violoncelliste pour se consacrer tout entière à l’éducation de Chouette qu’elle aime d’un amour immense et qu’elle veut laisser libre de vivre sa vie sauvage. Son mari, lui, n’est pas de cet avis et il traîne contre son gré Chouette chez d’éminents spécialistes afin qu’ils la transforment en petite fille convenable. Ainsi pourra-t-il enfin l’amener dans sa famille, aux fêtes de Thanksgiving où il se rend seul depuis la naissance de cette enfant qui dérange la famille-chien. L’enfant chouette effraie les autres et même sa mère qui, parfois, est dépassée par les crises de violence de sa fille.
Toute l’identité de Tiny est remise en cause avec cette enfant qui l’accapare tout entière. Elle ne joue plus de son instrument, n’a plus d’amies. Même le père a fui à l’autre bout de la maison. Oui, la maternité peut être une source d’inquiétudes et une grande solitude, est l’auteure nous dit tout cela avec des métaphores poétiques.
Ce roman qui flirte sans cesse entre réalité et fantastique, est le fruit de l’expérience vécue de Claire Oshetsky à la naissance de sa fille. Son comportement était étrange et c’est seulement à ses neuf ans qu’on a enfin compris qu’elle souffrait d’une dysphasie de réception, elle ne savait pas s’exprimer et avait de grandes difficultés à comprendre ce qu’on lui disait.
Plutôt qu’une autobiographie, l’auteure a préféré se nourrir de son histoire avec sa fille pour écrire un roman singulier, parfois dérangeant et violent. Avec une écriture empathique aux accents poétiques, elle nous entraine dans les affres de la maternité et nous fait partager la compréhension et l’amour d’une mère pour son enfant différent.
Je remercie les éditions Phébus et Babelio pour la lecture de ce roman.
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