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Magnifique chronique à l'image du livre. Bravo et merci Virginie.
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Ce "pas de côté", collection des éditions des Busclats, donne aux écrivains l'occasion de livrer un pan de leur jardin secret et de faire pénétrer le lecteur plus avant dans leur cabinet d'écriture. Avec "Chantiers" Marie-Hélène Lafon creuse le sillon de son écriture, s'y penche et examine la germination des mots sous sa main.
Dans l'intime de sa réflexion, elle montre le travail de la matière linguistique et de ce qui vient la nourrir et l'irriguer.
La force des mots qu'elle choisit, leurs agencements charnus et sensoriels nous plongent au coeur de la création littéraire, dans ce magma vivant qui fait naître les plus belles émotions et donne en partage des images intimes, mémorielles, universelles.
L'érudition n'est jamais sèche, ni cuistre, chez Marie-Hélène Lafon. La joie de s'engouffrer dans la langue, d'y découvrir des pépites, de jouer avec les sens et les figures de style est palpable, jouissive, énergique. Le texte vibre de ce malaxage, de ce pétrissage du langage qu'accomplit l'auteur, à son "établi".
Comme le paysan et l'artisan s'attachent à leur ouvrage, tête, pensée et corps tout entiers engagés dans leurs gestes, dans l'action qui, d'un matériau brut, va extraire une nouvelle venue au monde, l'auteur travaille le substrat langagier, rabote les scories, chantourne les phrases, fore la syntaxe pour en faire émerger l'image juste, celle qui correspond à son rêve.
J'ai lu "Chantiers" avec le souffle coupé, envieuse de cette familiarité avec la langue, de cette jouissance à accoucher des mots, en totale admiration devant ce si petit livre, si puissant, si riche. Une merveille.
La narratrice nous livre ses souvenirs d'enfance, ses goûts, ses réflexions sur de nombreux sujets.
Le style est travaillé, érudit, la langue m'a semblé cependant par moment trop "débordante", trop prodigue.
Le roman, assez court, se lit cependant avec plaisir.
Ma chronique complète est ici : http://viederomanthe.blogspot.fr/2016/03/chantiers-marie-helene-lafon.html
http://www.leslecturesdumouton.com/archives/2015/11/02/32864317.html
C'est avec un plaisir immense que je retrouve Marie-Hélène Lafon en cette nouvelle rentrée littéraire parce que je l'adore. J'aime cette langue puissante, belle et ce style si reconnaissable. J'aime ce qui émane d'elle également quand je la vois à la télévision. Elle se met à nu et elle se raconte, raconte son œuvre avec une telle fougue, une telle passion, qu'on ne peut que tomber amoureux. Je suis donc de manière irrémédiable amoureuse de cet auteur.
Cette fois-ci, on ne retrouve pas Marie-Hélène dans un roman ou des nouvelles – bien qu'un ensemble de nouvelles sous le titre d'Histoires a été aussi publié aux éditions Buchet/Chastel cette rentrée – mais dans un essai intitulé Chantiers. Cet essai est un ensemble de courts chapitres où l'auteur explique l'acte d'écriture, comment le livre se forge dans « l'établi » où « ça fermente », où ça « fomente ».
L'occasion est là pour nous sortir ses plus belles expressions comme « c'est pas du rôti » - dans le sens de ce qu'on ne peut se permettre – ou des néologismes comme « j'extraille » - j'extrais des entrailles. Le latin a sa place également en bonne enseignante de lettres classiques.
Accompagnant l'établi, Marie-Hélène évoque aussi sa famille, son milieu social paysan qu'elle retrouve avec joie dans des auteurs comme Pierre Bergounioux ou encore Richard Millet. On retrouve aussi Flaubert, Claude Simon, la Callas ou encore Bach, « le grand maître des musiques d'établi ».
Cet essai est un vrai petit bijou que tout amoureux des livres et de la langue devrait lire. Et comme mes propos ne seront jamais aussi beaux et convaincants que ceux de la dame, je vous laisse découvrir certains extraits :
« Et que dire de on ? On pose l'homme en sujet, c'est l'homo du socle latin, l'être humain, la bête humaine, hommes et femmes mêlés et emmêlés pour les siècles des siècles, que l'érosion étymologique a raboté, élimé aux deux bouts, rogné jusqu'à l'os, et figé au nominatif dans son emploi du sujet ; la messe fut dite et c'est pour toujours.»
« Le temps me mord. Je me dis volontiers atteinte de chronalgie, affection lente et tenace autrement nommée agendite ; le pronostic vital demeure engagé même si l'on se soigne; on en rit; on invente des listes, on barre et on efface, on a des priorités et des urgences et de lancinants reports ; on se débat, on a des rémissions et des rechutes, et des accès aigus, et des accalmies, voire des embellies, bienheureuses: on bourre le temps, on se vote des jachères, on déshabille Pierre pour habiller Paul et on n'est même plus tout à fait certain que c'était mieux avant ; avant les messageries, les sms, le smartphone sur la table de chevet et les réseaux sociaux qui fourmillent et bourdonnent autour de notre île connectée. »
Magnifique chronique à l'image du livre. Bravo et merci Virginie.
http://alombredunoyer.com/2015/12/15/chantiers-marie-helene-lafon/
"Chantiers" est l'ouvrage que publie Marie-Hélène Lafon à l'occasion de la rentrée littéraire de Septembre 2015. Sans Céline que je remercie infiniment pour sa chronique qui m'a littéralement convaincu, je serai passé à côté de ce livre. Cela aurait été dommage tellement c'est une pépite! Chantiers est un vrai bijou de lecture pour les amoureux de l'écriture, pour ceux qui préfèrent la forme au fond.
« C'est ce que je fais qui m'apprend ce que je cherche - Pierre Soulages »
Commençons ce billet par un avertissement. Ce livre n'est pas comme les autres. Le fond importe moins que la forme, l'écriture est âpre, la lecture pas simple et rarement fluide. Je pense que certains arrêteront en cours de route tant cela peut paraitre indigeste et difficile à ingurgiter. A l'instar de Réparer les vivants de Maylis de Kerangal par exemple, le style est très riche, les phrases longues, certains mots sont peu habituels, on peut rapidement friser l'overdose.
« On le devine enseveli et enfoncé, comme on le serait dans une vaste robe de chambre en poil de chameau, cossue et enveloppante, enseveli et enfoncé dans, douillettement calé au creux d'une nébuleuse amicale, ancillaire, familiale; je me démêle pas tout, je vois passer des noms, des prénoms, des noms de lieux, des façons de dire et de nommer. On donne des nouvelles, on en reçoit, on en attend, on s'inquièterait presque, on s'inquiète, on a des attentions et on est entouré d'attention. Flaubert est un homme entouré; niché en ses entours. »
Cet opus est un chef d’œuvre littéraire: écriture, mots, (souvent l'auteur nous fournit racine, origines latines ou grecques et explication du sens de ces derniers, quel délice!), phrases, grammaire, alternance des temps de conjugaison... de la belle et grande littérature comme on les aime et comme il se perd. On a l'impression d'être en cours de Lettres. Marie-Hélène Lafon joue au Professeur, celui qu'auraient aimé avoir tous les amoureux des lettres comme l'écrit si justement Céline dans sa chronique.
« La fille, cette fille, a étudié le latin et le grec. Elle a appris l'étymologie de humilié. Elle sait que humilié, étymologiquement, veut dire qui est au sol, à terre, humus le sol en latin, comme dans inhumer et exhumer, et posthume; au sol, sur la terre, dans la terre, planté dans la terre comme un arbre. Depuis toujours, depuis qu'elle a pris conscience d'être, elle se sent comme ça, plantée en terre comme un arbre, comme l'érable dans la cour de la ferme; »
L'auteur nous conte son rapport à l'écriture, son corps à corps avec elle. Les phrases sont recherchées, travaillées, argumentées, très détaillées et avec de très nombreuses incises.
« Écrire serait une affaire de corps, de corps à donner, pas donner son corps, quoique, mais donner corps à, incarner, donner chair. LE verbe s'est fait chair. C'est une vieille histoire, on a déjà entendu ça quelque part, on s'en souvient dans un coin de soi, coin ombreux et confiné des enfants et du catéchisme, on l'a vu, on se souvient des messes, ceci est mon corps ceci est mon sang, buvez et mangez-en tous. »
Elle nous explique la genèse de ses livres, leurs chantiers: leurs origines, leurs difficultés d'écriture, les contraintes qu'elle se fixe, ses maitres à penser, son rapport à la nature, le rôle de la musique, ... mais aussi son éducation catholique, la ferme de ses parents, sa sœur, son enfance... C'est un pur régal.
On retrouve ainsi Gustave Flaubert, Claude Simon, Pierre Bergounioux, Richard Millet, Bill Viola, mais aussi la Callas et Bach.
« Aujourd'hui la cantate BWV 80, Ein feste Burg ist unser Gott, Notre Dieu est une forteresse, est la plus lancinante de mes musiques d'établi. J'appelle musiques d'établi, ou de travail, celles qui, faisant barrage contre le monde, le bruit des autres et des choses, le temps, les pensées et préoccupations parasitaires, favorisent, et amorcent l'émission du texte, sa production matérielle sur le papier ou sur l'écran, l'accompagnent, ou l'ont au moins précédée, préparée. »
Ce court texte (112 page) se lit, se relit lentement. On l'accapare, on s'en imprègne, on se perd dans la beauté, on ne peut qu'aimer et passer un superbe moment. Ce fut assurément mon cas et je ne peux que vous recommander de lire Chantiers, la quête et l'attente, dans le silence des jours, de ce qui n'a pas encore été lu, de ce qui n'a pas encore été écrit comme conclu magistralement l'auteur. J'en redemande!
5/5 COUP DE COEUR!
Magnifique chronique. C'est d'ailleurs difficile d'être à la hauteur d'un tel livre mais tu as réussi à le pari! ;-)
Franchement, c'est un livre à lire absolument par tous les amoureux du livre!
Il faut aimer la belle écriture, privilégier la forme au fond pour aimer ce livre. D'ou mon petit avertissement dans la chronique car c'est clair que c'est touffu et qu'on peut vite friser l'overdose. Mais pour ma part, j'ai bcp apprécié. C'est le genre de livre que j'apprécie de temps à autre... ca revigore!
Tellement ravie que tu l'aies apprécié Benoît ! :D
Pas si évident à lire. J'ai mis 2 jours en le dégustant alors qu'il n'y a que 112 pages mais quelle pépite! Profite et savoure bien Sophie :)
Oh la la ! qu'est-ce que j'ai envie de le découvrir et de le garder précieusement pour y revenir à tout moment !! Merci Benoît : ta chronique me donne encore plus hâte !
Se plonger dans un livre de Marie-Hélène Lafon, c’est se plonger dans la LANGUE, la LANGUE FRANCAISE, le FRANCAIS, les PHRASES, les MOTS, les RACINES, la GRAMMAIRE, la PONCTUATION…
« Chantiers » comporte seulement 112 pages, mais c’est un condensé d’écriture, de littérature à l’état pur !
Marie-Hélène Lafon, c’est le Professeur qu’auraient aimé avoir tous les amoureux des Lettres…
Ma chronique complète sur http://www.arthemiss.com/chantiers-de-marie-helene-lafon/
Dans la même collection que "L'écriture et la vie" de Laurence Tardieu, je crois ? Ta chronique me donne encore plus envie de vite découvrir ce livre, Céline !
Oh voila une chronique qui me donne très envie de regarder de plus près ce livre!
Ou quand seule la première phrase me convainc d'acheter un livre :)
Merci Céline!
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Ta chronique est tout aussi merveilleuse!!