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Les prisonniers de Tazmamart sont oubliés du monde : après l'attentat manqué de Skhirate en 1971, le roi Hassan II a condamné ses assaillants à la réclusion la plus sophistiquée. Dans un cachot privé de toute lumière, où se tenir debout n'est pas possible, ils doivent lutter contre les scorpions, le froid et la folie. Loin du jour, du temps et des hommes, ils résistent dix-huit années durant.
Écrivain d'origine marocaine mondialement connu, Tahar Ben Jelloun est né à Fez en 1944. Il a écrit des romans, des essais et des recueils de poésie. Il a obtenu le prix Goncourt pour La Nuit sacrée en 1987.
En juillet 1971, Hassan II échappe à un attentat perpétré par les élèves sous-officiers de l’Académie Marocaine. Salim est l’un d’eux, il avait obéi aux ordres du Colonel. Avec 58 autres, il est emprisonné deux années à la prison « normale » de Kenitra puis déplacé avec 22 prisonniers au camp militaire de Tazmamart en plein désert.
Commence alors pour ces jeunes hommes, une vie inimaginable faite de sévices, tortures, privations, tous ces actes qui à petit feu, détruisent un être. Soumis à la proximité permanente dans les cellules étroites, sans aucune lumière, de faible hauteur de façon à vivre courbé, des cafards infiltrés par les gardiens comme insectes de compagnie, une nourriture unique de féculents, seule la mort peut les délivrer.
En quelques pages seulement le lecteur comprend la signification exacte de l’oxymore titre du roman.
Pendant dix-huit ans, Salim, le narrateur, a combattu « cette aveuglante absence de lumière » par la foi et la dignité dans l’espoir qu’une énergie solaire perce un jour. Une véritable ressource en lui qu’il a toujours essayé de faire partager à ses compagnons. De mémoire, il raconte des textes de Balzac, de Victor Hugo ou d’Albert Camus et récite le Coran. Il utilise le remarquable pouvoir de la pensée profonde qui détourne l’attention et apaise les souffrances.
Entre témoignage historique et roman, ces 230 pages m’ont parfois paru longues en ce qui concerne les descriptions des faits mais la sensibilité de l’écriture et la poésie provoquent un fort sentiment d’empathie.
La lecture de ce roman en pleine période de confinement n’est pas forcément le meilleur remède à la mélancolie, encore qu’il peut être, entre autres et sans aucune comparaison possible entre les situations, un vecteur de réflexion sur notre capacité de résilience
Terrrible mais quelle belle écriture qui nous parle de force morale de spiritualité et de dignité
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