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Casanova, un générateur de hasard

Couverture du livre « Casanova, un générateur de hasard » de Alain Boureau aux éditions Belles Lettres
Résumé:

Giacomo Casanova (1725-1798), immense écrivain et penseur, s'est lentement constitué comme sujet au fil de la rédaction de l'Histoire de ma vie, en doutant toujours de parvenir à vaincre ses deux adversaires majeurs, le hasard et la nécessité. Le présent essai, sans suivre une chronologie... Voir plus

Giacomo Casanova (1725-1798), immense écrivain et penseur, s'est lentement constitué comme sujet au fil de la rédaction de l'Histoire de ma vie, en doutant toujours de parvenir à vaincre ses deux adversaires majeurs, le hasard et la nécessité. Le présent essai, sans suivre une chronologie externe, égrène les moments décisifs de ce parcours, et leur préparation : à ce fils d'actrice, pratiquement abandonné à ce qu'il ne voulait pas être son sort, il importait de faire le choix d'une activité et d'un gagne-pain. Ses projets, souvent suivis de pratique, dans l'ordre des mathématiques et de la finance, de l'industrie et de l'agriculture, du journalisme et théâtre, abondèrent, comme le montrent aussi ses écrits autres que l'Histoire de ma vie. Mais la voie majeure fut celle de l'entregent, cet art de saisir les rapports et relations des autres, pour s'y insérer avec profit : sa carrière d'occultiste autoproclamé, racontée avec beaucoup d'humour, reposait sur cette savante perception, mais il préféra le rôle de metteur en scène où il s'incluait parmi les acteurs et dont il donne de savoureux exemples dans l'Histoire de ma vie, projet des projets, qui passa aussi par l'élection d'une langue qui ne fût pas maternelle.
Bien entendu, on ne saurait oublier la longue cohorte des aventures érotiques qui font cependant de Casanova l'opposé de la figure d'opéra Dom Juan : dans la suite mobile des aventures de Giacomo, un rêve qui, poursuivi et recommencé, visait l'unicité toujours fuyante du sujet : il eut l'ambition de maîtriser le titillement du hasard et la passivité de la sensation. Avec quelques femmes-philosophes, il cherchait une autre voie, un chemin vers l'unicité du sujet et de l'objet qui réduirait l'écart entre ses deux langues, entre l'esprit et la chair, entre la fidélité et l'inconstance. La suite amoureuse ne procédait pas alors d'une accumulation par addition, mais dérivait de la soustraction qui aboutissait, par un calcul différentiel, à la part infinitésimale de l'unicité.

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