Tueurs ou victimes, attentats ou éléments déchainés, les évènements tragiques interpellent les auteurs de cette rentrée littéraire
Los Angeles, 8 août 1969 : Charles Manson, dit Charlie, fanatise une bande de hippies, improbable « famille » que soudent drogue, sexe, rock'n roll et vénération fanatique envers le gourou. Téléguidés par Manson, trois filles et un garçon sont chargés d'une attaque, la première du grand chambardement qui sauvera le monde. La nuit même, sur les hauteurs de Los Angeles, les zombies défoncés tuent cinq fois. La sublime Sharon Tate, épouse de Roman Polanski enceinte de huit mois, est laissée pour morte après seize coups de baïonnette. Une des filles, Susan, dite Sadie, inscrit avec le sang de la star le mot PIG sur le mur de la villa avant de rejoindre le ranch qui abrite la Famille.
Au petit matin, le pays pétrifié découvre la scène sanglante sur ses écrans de télévision. Associées en un flash ultra violent, l'utopie hippie et l'opulence hollywoodienne s'anéantissent en un morbide reflet de l'Amérique. Crime crapuleux, vengeance d'un rocker raté, satanisme, combinaisons politiques, Black Panthers... Le crime garde ses mystères.
En 36 heures et trois actes d'un hyper réalisme halluciné, western psychédélique à la présence saisissante, Simon Liberati accompagne au plus près les California girls et peint un des faits divers les plus fantasmés des cinquante dernières années. 36 heures qui signent la perte de l'innocence de l'Amérique.
« En 1969, j'avais neuf ans. La famille Manson est entrée avec fracas dans mon imaginaire. J'ai grandi avec l'image de trois filles de 20 ans défiant les tribunaux américains, une croix sanglante gravée sur le front. Des droguées... voilà ce qu'on disait d'elles, des droguées qui avaient commis des crimes monstrueux sous l'emprise d'un gourou qu'elles prenaient pour Jésus-Christ. Plus tard, j'ai écrit cette histoire le plus simplement possible pour exorciser mes terreurs enfantines et j'ai revécu seconde par seconde le martyr de Sharon Tate. »
Tueurs ou victimes, attentats ou éléments déchainés, les évènements tragiques interpellent les auteurs de cette rentrée littéraire
Ce livre résonne en moi, car tout comme ceux qui sont nés dans les années soixante, j’ai entendu parler de la « Famille Manson » et du meurtre atroce de Sharon Tate, enceinte de 8 mois, femme de Roman Polanski, par ce groupe de hippies. Meurtre qui secoua la planète Hollywood et le monde entier par sa violence et son acharnement. Etant enfant à l’époque, mes parents ont, comme tout le monde, suivi l’affaire et furent atterrés en découvrant, la jeunesse des filles et leur détachement lors du procès.
Simon Liberati retrace ici les trente-six heures de la vie de la « Famille Manson » au moment où elle passe à l’acte. Nous sommes en 1969 et cet horrible fait divers va marquer la fin du mouvement hippie. Lorsque ce mouvement est né en 1967, la société le voyait comme l’utopie de jeunes gens qui voulaient vivre d’amour, de fleurs et d’eau fraiche. Avec l’affaire Manson, ce mouvement est brutalement considéré comme dangereux, sombre, menaçant, associé à la drogue et à ses dérives.
Depuis 1967, avec la brutale libération prônée par le mouvement hippie, la transgression devient honorifique, c’est ainsi que des jeunes filles de bonnes familles, instruites, vivant chez leurs parents se révoltent , fuguent et se retrouvent autour de Charles Manson, sous son emprise psychologique et sexuelle mais aussi sous l’emprise de multiples drogues. Elles iront tout naturellement jusqu’au meurtre pour le satisfaire.
Quant à Manson, ce petit homme d’un peu plus d’un mètre cinquante est psychologiquement perturbé par une enfance très compliquée . Sa mère, avec laquelle il développe un rapport passionnel très violent, est une postituée. C’est un escroc, un proxénète, un repris de justice, pour qui tout a été possible à cette époque où il était « interdit d’interdire ».
L’auteur décrit ici longuement, sans complaisance aucune, les conditions de vie au « Spahn Ranch » dans un canyon perdu à quelques kilomètres du nord d’Hollywood : la saleté ambiante, le manque d’hygiène corporel, les orgies sexuelles où tout le monde appartient à tout le monde, et souligne l’emprise du gourou sur chaque membre de sa « secte » qui mènera à l’innommable.
Il décrit également le déchainement de violence « des filles » de Manson lors du meurtre de Sharon Tate.
Un livre qui ne laisse aucune zone d’ombre à cet évènement qui a marqué a jamais les esprits.
Tout d'abord, un grand merci aux éditions Grasset pour cet envoi, cela me fait toujours autant chaud au cœur et ce sentiment restera impérissable, sans aucun doute. J'ai été très honorée de recevoir ce service de presse, le jour même de mon anniversaire qui plus est. C'est la seconde année de suite,-en voilà un beau cadeau ! Si cela devient une habitude, je ne m'en lasserais pas, héhé. Ce livre, paru tout récemment en poche aux éditions Le Livre de Poche pour les intéressés, est entré dans ma ligne de mire des lectures à faire grâce à la géniale Pinupapple & Books (oui, encore...). Malgré son avis mi-figue mi-raisin sur ce roman qu'elle jugeait beaucoup plus documentaire que psychologique (ce qu'elle espérait de ce type de fiction sur des criminels adolescents/jeunes adultes), je me devais de parcourir cet ouvrage par moi-même, de me forger une opinion d'après ce que l'auteur allait me délivrer. J'ai été d'autant plus piquée de curiosité en découvrant la quatrième de couverture, où Simon Liberati explique avoir voulu relater ces tragiques événements ayant entaché son enfance noir sur blanc, de manière très directe et frontale, afin de se purger de ce traumatisme baigné de sang et d'horreur inhumaine depuis près de cinquante ans. Le voyage en enfer commence maintenant.
L'auteur a bien suivi sa trajectoire en nous proposant un récit qui relate de la manière la plus simple possible le Helter Skelter de Charlie et de sa Famille, de son élaboration au sein du Spahn Ranch où, après un an et de demi de pérégrinations en bus de grands chemins hippie, la Famille avait trouvé son nid bien puant, crade et délavé, à l'image de leur vie de débauche et de dévouement au plan de l'Apocalypse et à leur Jésus. Ce qui m'a épaté avec ce livre, et justement la raison pour laquelle je m'y suis intéressée, c'est que je connaissais "bien" les événements désastreux et sanguinolents qu'il dépeint. Il y a cinq ans de cela maintenant, je me suis trouvée fascinée face à la sublime Sharon Tate dans le film Le bal des vampires (excellent film par ailleurs, mais cela est une autre histoire, qui sera contée une autre fois). De fil en aiguille, je suis rapidement tombée sur la vérité effarante et sur des images profondément choquantes, d'un voyeurisme écœurant. J'ai visionné quelques documentaires, notamment un témoignage de Linda Kasabian, la seule membre de la secte qui a éprouvé de la pitié pour les victimes et qui a contribué à l'emprisonnement de son ancienne Famille. Je ne m'attendais donc pas à ce que ce roman me révèle des informations inédites.
Et là où ce livre est fort, très fort, et sonne juste, c'est qu'il a réussi à me couper le souffle et à me glacer le cœur et les sangs comme si j'étais retournée en arrière dans le temps. Cela a eu le temps de me laisser sonnée et les yeux écarquillés et incrédules, en y ajoutant cette fois le sentiment que je m'y trouvais réellement. Ce pourquoi j'ai trouvé que ce roman n'avait pas la prétention ou la fonction d'être un documentaire, un contenu purement informatif. Bien sûr, pour ceux qui ne connaissent pas cette histoire tragique du Crime du siècle, je trouve que cet ouvrage constitue une excellente entrée en matière, une mise en bouche sous une perspective inédite. J'avais connaissance de fictions qui s'inspiraient clairement du mode de vie de la Famille et de leurs actions infernales, tout en les plaçant à des époques différentes, avec des personnages forgés à leur image mais avec leur identité propre aussi. Or, ce livre nous présente les véritables membres de cette bande de prétendus hippies, qui ont déchaîné une immondice sans nom sur Los Angeles,-en tant de personnages romanesques, à la fois faits de chair et de sang (et ils en répandent beaucoup aussi, de manière quasi bestiale. Et encore, c'est méchant pour les bêtes...) et d'encre et de papier.
Le pari était audacieux... et risqué aussi. Qui pourrait s'identifier à des créatures pareilles, des énergumènes aussi vides de sentiments que de bon sens et d'humanité, complètement détachés de ce qui rend le monde beau ? Et non, une orgie où on se fait l'amour dix fois par jour tous ensemble, c'est pas beau... Et pourtant, pari réussi ! Malgré le fait que les personnages soient absolument immondes, tant au niveau de leur vie sexuelle où Tout le monde appartient à tout le monde, dans la crasse, la poussière, les tâches de nourriture sur leurs vêtements élimés, et d'autres de ne me forcez pas à dire de quoi, où les jeunes filles se vouent avec adoration et amour convaincu et débordant s'évaporant de leurs corps jeunes et déjà souillés à leur mari commun, un petit homme malingre, au visage mauvais et disgracieux qui ne peut inspirer que de la répulsion, je me suis sentie aussi déconnectée qu'eux.
Au cœur de cette odyssée du meurtre rocambolesque et désastreux dont ils ont été les acteurs, j'ai été complètement immergée, de l'odeur suintante de vous savez quoi (on entre pas dans les détails hein) à la texture poisseuse du sang en passant par les cris déchirants des victimes, Sharon et les occupants de la Love House en ligne de mire. Cela peut paraître perturbant que je ressente cette sensation de proximité envers eux, la clique de jeunes tueurs drogués, abrutis, bruyants et inexpérimenté, à l'aube de leur vie déjà piétinée, salie, disgraciée et foutue en pâture aux chiens telle une vulgaire charogne. Alors que je n'avais qu'une envie, cracher à la figure de Sadie Mae Glutz, l'affreuse sorcière qui a une place de choix au sein de ce récit, pour lui démontrer mon mépris profond de sa personne insupportable et imbécile, donner des claques aux garçons, Tex, qui semble évoluer en dehors de toute réalité, et Clem, qui avait peut-être un actuel potentiel dans la musique. On ne saura jamais tout ce qu'auraient pu devenir les Katie, Gypsy, Squeakie, Leslie et j'en passe... De par leurs crimes, leur aberrante froideur digne du Pôle Nord (et encore, c'est méchant pour le Pôle Nord), ils resteront à jamais au statut de paria, coincés en prison (dûment mérité).
Ou bien leur image sera à jamais teintée du sang versé de Gary Hinman, de Sharon Tate, de son bébé, Paul, et de ses amis, de Leno et Rosemary LaBianca. Leur seul méfait fut d'avoir réussi leur vie et d'être bien intégré, ou alors de s'être trouvé au mauvais endroit au mauvais moment, telle une abominable ironie du sort. En tout cas, je vous encourage à lire ce roman qui m'aura ébranlé bien plus que je ne l'aurais pensé. Il aura réussi à m'emmener sur un chemin que jamais encore mon imagination ne m'avait fait prendre : celui qui mène en haut de la colline du 1020 Cielo Drive, cette nuit marquée par le diable ayant envoyé ses diablotins faire le sale boulot, et ce qui en résulte est une scène absolument atroce où la tension est tellement pesante que le rire nerveux est sorti, honteux mais bien là, de la barrière de mes lèvres. Pourtant, mes yeux semblaient s'être "adaptés" à ces images.
L'auteur m'a donné l'impression que je ne les avais jamais véritablement vues, cette violence et cette horreur inouïes, tant que je n'avais pas accompagné notre bande hésitante mais immergée dans la folie jusqu'au cou à leur point de non-retour, me tenant aux côtés de Linda, le témoin muet et meurtri, aux premières loges.
Et cela a recommencé. Une autre nuit comme celle-là, plus expéditive et assurée, au silence plus assourdissant. Ce qui n'était pas pour me rassurer. Et l'angoisse a duré et a pris de l'ampleur. Je n'avais qu'une envie : me sortir de cette spirale infernale, loin de toute cette folie ambiante,-résolument malsaine et à vomir, loin de toute cette ignominie qui m'a brisée le cœur... Une motocyclette (alors que je déteste ça, grands dieux...) aura peut-être été la solution à tous mes maux, dans le brouillard du matin alors qu'un nouveau jour se lève, tandis que les Beach Boys chantaient au loin :
I been all around this great big world
And I seen all kinds of girls
Yeah, but I couldn't wait to get back in the states
Back to the cutest girls in the world
(bah en tout cas mes aïeux, on parle pas des filles de Manson là).
J’étais curieuse de lire au sujet de la folie meurtrière de la « Famille » Manson en 1969 puisque je n’avais pas une grande connaissance de ce tragique évènement. Je dois dire que ce roman de Simon Liberati nous informe assez bien sur ce qu’a pu être la vie et les mentalités des « filles » de Charles Manson, gourou adulé. Même si je n’ai pas été absolument emportée, j’ai tout de même apprécié cette lecture.
L’auteur nous décrit les faits avec beaucoup de distance, d’une façon presque clinique. Peut-être est-ce cela qui m’a empêchée de plonger davantage dans le récit et au cœur de cette époque hippie dont le meurtre de Sharon Tate, alors enceinte de huit mois de Roman Polanski, a marqué un bien malheureux tournant. On sait à peu près ce qu’il va se passer (s’il on n’a pas déjà planché sur le sujet comme c’était le cas pour moi) mais on espère pourtant jusqu’au bout que ces jeunes drogués, ensorcelés d’une certaine façon, épargnent au moins cette jeune femme bientôt maman. Les faits sont terribles. On se demande comment de si jeunes personnes aient pu commettre de tels actes. Le roman tourne surtout autour des jeunes filles, parfois âgées de seulement 16 ans, ayant déjà eu un enfant pour certaines, étant les maîtresses de « Charlie », droguées à longueur de temps, dont l’hygiène déplorable leur offrait multiples maladies. De temps à autre, leur innocence et leur naïveté ressortent du récit, mais leurs actes implacables les ramènent brutalement et rapidement à leur rôle de meurtrières. Tels des robots manipulés par leur Maître, elles lacèrent leurs proies, les insultent, les saignent comme des cochons. Une grande froideur envahit le texte et sa lecture est ahurissante.
Nous suivons ces jeunes gens sur quelques jours. Il n’y a pas vraiment de fil conducteur, on passe d’un acte à l’autre, d’un lieu à un autre. J’aurai préféré que le récit soit concentré sur le meurtre de Sharon Tate et de ses amis, avec un vrai développement de la psychologie des personnages. Cela aurait été très intéressant d’entrer profondément dans la tête de ces jeunes meurtriers. Malgré tout, l’auteur a réussi à romancer ces faits très naturellement, ce qui nous offre une lecture fluide.
Grâce à ce roman, nous mettons un pied dans la secte de Manson et ce que l’on découvre n’est vraiment pas beau à lire. La distance imposée par l’auteur a rendu ma lecture moins édifiante, mais j’ai tout de même apprécié en savoir plus à ce sujet. Un roman à découvrir donc !
Sur mon blog : https://ducalmelucette.wordpress.com/2018/04/08/lecture-california-girls-de-simon-liberati/
Un roman qui part d’un fait divers et le romance. L’auteur nous embarque au plus prés de ces meurtres perpétués par des jeunes filles manipulées, droguées par un gourou, Charlie Manson. Je suis trop jeune pour avoir connu ce fait divers qui a bouleversé l’Amérique. Des meurtres sanglants, des sortes de zombies ces jeunes gens qui partent en mission pour tuer des « pigs » avant l’apocalypse et le moment où ils vont partir se réfugier dans le désert de la Mort pour se protéger. Simon Liberati nous parle de l’époque 1969 et de cette période hippie. Il décrit la société américaine avec tous ses excès : apparaissent des bikers, sur leurs motos et leurs croix gammées, des hippies pieds nus, drogués et qui font des orgies sexuelles sur les plages, des personnalités du cinéma et de la musique qui sont des hippies snobs, retour à la nature, »peace and love » dans de belles villas sur les collines de Los Angeles. Un récit romancé très réaliste et on se retrouve dans les pièces lors des meurtres sanglants que ces jeunes drogués exécutent sous drogue et d’ailleurs pendant la lecture on est dans une sorte d’hallucination, on ne sait plus l’auteur décrit des scènes de crime, des scènes de rêves délirants, des scènes de films d’horreur. Un sacré coup de poing au ventre pendant cette lecture hallucinante et hallucinogène. L’auteur nous entraîne dans un monde de drogues, d’hallucination, de musiques.
Pour cette rentrée littéraire, deux livres sont consacrés à la « famille Manson ». Dans « The Girls », que j’ai particulièrement aimé, Emma Cline se cantonne à nous dépeindre l’ambiance et l’état d’esprit de l’époque, en reléguant les meurtres au second plan. Bien que le thème semble identique en apparence, l’ambition de Simon Liberati dans « California Girls » est toute autre. Il veut nous raconter le drame et uniquement le drame.
On entre d’ailleurs très rapidement dans le vif de cette version non romancée et non censurée des crimes réalisés par la famille. Tous les protagonistes sont désignés avec leurs vrais noms, tous les lieux sont réels. Tout est fait pour se rapprocher au maximum de la véracité des faits. L’auteur a dû étudier le sujet en profondeur pour retranscrire avec précision le déroulement des crimes. Chaque élément, chaque geste, est décrit avec un grand nombre de détails. Et ces détails sont vraiment déstabilisants. Toutes ces scènes sont violentes, gores et relatées avec une froideur extrême. On assiste démuni au carnage et on découvre alors l’absence d’humanité dont a fait preuve cette bande de hippies drogués à Charles Manson. Je préviens donc que toute la monstruosité est décrite sans concession et que ça peut être particulièrement choquant, alors si vous vous considérez comme une âme sensible, un bon conseil…fuyez !
Pour ma part, je crois qu’avec tout ça j’ai fait le tour de ce fait divers. Ce roman m’a apporté un complément plus chirurgical et plus pragmatique de l’affaire. Du reste, je conseille aux personnes qui veulent connaître la vérité, de lire ce texte après celui d’Emma Cline afin de bien replacer la tragédie dans son contexte. N’hésitez pas aussi à vous informer sur les évènements avant de vous lancer dans cette aventure, car l’auteur rentre directement dans le lard et ne donne aucune explication préalable. L’écriture de Simon Liberati est de bonne facture et son approche est intéressante mais je pense que ce roman ne se suffit pas à lui-même et que si je l’avais lu indépendamment, j’aurais été gêné par sa factualité sans âme! Pour résumer, je considère ce livre comme une pièce à conviction de plus à ajouter au dossier plutôt glaçant de la « Famille Manson ».
Ce livre aurait pu s’appeler Charlie et ses drôles de dames, tant le diminutif de Charles Manson, Charlie est répété à l’envi, le rendant presque sympathique.
L’auteur décrit bien les filles paumées, dont les prénoms m’ont complètement échappé, comme si elles étaient interchangeables : toutes s’habillent avec les frusques de tout le monde ; ne se lavent pas ; marchent pieds nus et se nourrissent avec des restes trouvés dans les poubelles.
Ajoutez la musique des Beatles de l’album blanc en toile de fond ; un ventriloque qui ne pense qu’à forniquer pour s’attacher ses filles, et vous aurez une belle brochette de cinglés.
Même lors du fameux meurtre qui a défrayé la chronique, ces pauvres bougres sont perdus : l’une ne parvient pas à serrer des liens ; tous sont obligés de s’y reprendre à plusieurs fois pour mettre à mort leurs victimes. Même la victime la plus médiatique est déshumanisée qui réagit « comme une poupée » avec une voix « IBM » (sic).
En quelques phrases, l’auteur nous présente les coupables, retraçant leur passé et pourquoi ils ont finalement atterri dans les griffes de Manson.
Une lecture éclairante sur une certaine dérive des jeunes filles dans les années 70.
L’image que je retiendrai :
Celle des pieds coupées des filles, à force de marcher pieds nus. Coupures qui ne se referment jamais.
http://alexmotamots.fr/?p=2291
Après la lecture de The Girls, voici California Girls de Simon Liberati, la secte Manson fait donc couler de l'encre (et du sang) pour cette rentrée littéraire, est-ce que ce livre réussit à se démarquer ? La réponse est clairement OUI.
36 heures, c'est la durée, le laps de temps que couvre ce roman. Celle où la secte va se décider à commettre le crime qui l'a rendra célèbre, un acte de barbarie, de folie, de fanatisme viscéral. Torture et meurtre pour Sharon Tate, une affaire qui fera écho dans le monde entier et qui ne laissera personne indifférent notamment Simon Liberati qui décide de mélanger la fiction à la réalité en décrivant heure par heure les derniers instants d'une icône.
De prime abord on ressent immédiatement tout le travail de documentation fourni par l'écrivain, il n'est pas question de simplement décrire l'horreur pour attirer le lecteur. Il est question d'une véritable investigation, de chercher une forme d'explication, de compréhension, d'enquêter et de retracer ce qui s'est déroulé cette soirée là. On sait que la frustration mène à la colère, à la haine... Regardez Hitler qui ne peut devenir artiste et maintenant imaginez Charles Manson qui ne peut réussir dans la musique...
Tous les membres qui ont participé à cet acte sont étudiés, approfondis. Il n'y pas simplement que des actes mais aussi beaucoup de psychologie dans ce livre. Car en effet il faut avoir une grande faculté de persuasion ou alors des personnes vraiment vulnérables ou violentes pour amener un tel résultat. C'est une description pointilleuse d'une communauté, de son fonctionnement et aboutissement.
Les âmes sensibles ne tiendront pas la moitié du livre, c'est un roman très fort, très dur, très sombre à l'image de celui qui fût le symbole d'une communauté : un gourou, un manipulateur, un monstre. Alors qu'Emma Cline ne cite pas les noms, changent certains faits, Simon Liberati lui décrit et cite tout. Personne ne sera épargné. Il faut être prêt et se lancer dans cette lecture !
En définitive, une lecture très intéressante et très bien documentée !
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
Les meilleurs albums, romans, documentaires, BD à offrir aux petits et aux plus grands
Il n'est pas trop tard pour les découvrir... ou les offrir !
Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
L’écrivain franco-vénézuélien Miguel Bonnefoy poursuit l’exploration fantasmagorique de sa mémoire familiale...