Une excellente porte d’entrée dans le Grand Siècle pour les collégiens et lycéens
Versailles, mercredi 1er janvier 1710, tôt le matin.
Philippe d'Orléans, le neveu de Louis XIV, attend la visite de son ami Saint-Simon.
Connu pour ses moeurs débauchées, le duc d'Orléans vit depuis dix ans un amour passionné avec sa maîtresse Mme d'Argenton, la seule femme qu'il ait jamais aimée.
Il ignore qu'une terrible menace, qui pourrait lui valoir un exil immédiat, enfle dans son dos. Mme de Maintenon, en particulier, le hait pour une plaisanterie de mauvais goût qu'il a proférée à son encontre.
Saint-Simon se doit de l'avertir. Plus encore, de lui éviter le châtiment qui le guette.
À ses yeux, une seule chose peut sauver son ami : quitter Mme d'Argenton pour retrouver les bonnes grâces du roi.
Mais Philippe d'Orléans concèdera-t-il un sacrifi ce si déchirant ?
Inspiré des Mémoires de Saint-Simon, un tête-à-tête tendu et palpitant qui nous introduit dans les arcanes de la cour du Roi-Soleil où prospéraient rumeurs et calomnies... Phénomène qui résonne de nos jours avec une force saisissante.
Une excellente porte d’entrée dans le Grand Siècle pour les collégiens et lycéens
L’auteur reconstitue d’après les mémoires de St Simon, un dialogue entre ce dernier et Philippe d’Orléans, neveu de Louis xiv, connu pour ses débauches et son caractère volatile.
Saint Simon, son ami fidèle et lucide, veut le prévenir d’une menace d’exil et surtout le convaincre de changer d’attitude et de maîtresse.
Il s’agit donc d’un huit clos, d’un dialogue entre les deux hommes, à l’image d’une pièce de théâtre.
Sauf que….
Être auteur de théâtre ne s’improvise pas, et les dialogues sont particulièrement plats…
Quand Delacomptée reprend le cours du récit, il est nettement plus convaincant. Comme ce tableau du caractère de Ph d’Orléans, fait par sa mère :
« Sa mère, la princesse Palatine, bien qu’elle l’aime profondément, admirative de ses capacités, ne se méprend pas sur ses failles. Elle le définit joliment comme un conte : toutes les fées ayant été conviées à se pencher sur son berceau, elles l’ont doté de mille talents. Mais on a malheureusement oublié d’inviter une vieille fée qu’on ne voyait plus depuis longtemps. Vexée, la vieille fée s’est vengée : elle l’a doté du talent de rendre inutiles tous ceux qu’il a reçus.
St Simon évoque couramment ce conte quand il déplore le détachement de son ami envers les exceptionnelles facilités dont Dieu l’a pourvu.
De là, l’ennui lancinant que traine le prince. Et une forme d’indifférence, satellite de l’apathie qui le plombe, le sentiment qu’il donne que rien ne lui importe, ni ses excès de débauche, ni les occupations moins condamnables auxquelles il se livre, son intérêt pour les sciences par exemple, pour la chimie en particulier. De là également, son caractère changeant, les velléités qui le saisissent, les projets qu’il abandonne sas explications, ses volte-face. »
J’apprécie beaucoup l’auteur et garde un souvenir inoubliable de « Écrire pour quelqu’un » et « Ambroise Paré, la main savante ».
Dans un contexte historique toujours bien documenté, il nous fait revivre des personnages historiques avec beaucoup de crédibilité et de consistance.
La forme est ratée pour celui-ci. Mais le prochain sera une réussite !
Non content, depuis maintenant dix ans, de bafouer ouvertement son épouse, propre fille du roi, avec sa maîtresse Mme d’Argenton, Philippe d’Orléans, neveu de Louis XIV, s’est fait une ennemie mortelle de Mme de Maintenon au travers d’une mauvaise plaisanterie. Inconscient de la disgrâce et de l’exil qui le guettent, il reçoit la visite de son ami Saint-Simon, venu le mettre en garde. Acceptera-t-il de quitter sa maîtresse pour regagner les faveurs royales et conserver sa place à la Cour ?
Mi-roman historique, mi-pièce de théâtre, ce bref récit s’inspire des Mémoires de Saint-Simon, pour imaginer une conversation entre deux éminents personnages de la cour de Louis XIV. L’un est prince, l’autre duc et pair de France, mais tous deux se retrouvent écartés du pouvoir par un monarque qui préfère cantonner les grands du royaume au rôle de courtisans et gouverner avec des secrétaires d’État roturiers. Une grande amitié lie les deux hommes que pourtant tout oppose : autant Philippe d’Orléans ne pense qu’à ses plaisirs au point d’y avoir gagné une réputation de débauché, autant le vertueux Saint-Simon est ambitieux et se fait un observateur attentif de la vie et de la société de Cour. Leur dialogue tourne ici à l’exercice de rhétorique, tandis que Saint-Simon s’évertue à protéger son ami de ses faux pas de préséance.
En nous exposant la cabale prête à se déchaîner pour un mot de travers, ce conciliabule entre Saint-Simon et Philippe d’Orléans nous révèle toute la sauvagerie du microcosme de la Cour versaillaise, que Louis XIV tient dans sa main en jouant des rivalités et des conflits d’intérêts. Dans ce Versailles, aucune position n’est acquise, seule la faveur royale fait et défait les existences entre les feux de la Cour et l’obscurité de l’exil, et les complots se multiplient sur la seule base de la rumeur et de la calomnie. L’arme la plus commune est la manipulation, dont cette histoire est un morceau de choix : d’une parole malheureuse au sacrifice d’une femme aimée, il aura suffi de quelques mots glissés dans une ou deux oreilles opportunes pour que la crainte amène le contrevenant à se châtier de lui-même.
Réussissant le tour de force de nous faire appréhender en quelque cent cinquante pages le nid de vipères que Louis XIV avait fait de la Cour de Versailles pour la tenir à sa main, ce huis clos imaginé avec une grande exactitude historique prend une singulière acuité lorsque l’on pense aujourd’hui à l’explosion de la désinformation, du complotisme et des lynchages médiatiques grâce à internet et aux réseaux sociaux.
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